Journée du 3 mars 2007, La ligne Hindenburg - 01,
Journée du 17 mars 2007, Le repli sur la ligne Hindenburg,
Journée du 27 septembre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (le Canal),
Journée du 4 octobre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (Cambrai)
LA LIGNE HINDENBURG
Merci à Gérard Ancelet, de Saint-Quentin, qui nous a transmis ces documents
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Dès novembre 1914 les lignes adverses se fixent à plus de 40 km de Cambrai et Saint-Quentin. Toute la région connaît alors toute la rigueur de l'occupation allemande. Villes et villages deviennent les cantonnements des troupes en secteurs devant Arras. Péronne, Roye, Lassigny. Cambrai est une gare des plus importantes pour les Allemands, troupes de relève, trains de ravitaillement y passent sans cesse. En juillet 1916, la canonnade des batailles de la Somme se fait de plus en plus distincte. Les armées franco-britanniques s'approchent de Bapaume et de Cambrai. En automne 1916, les Allemands évacuent les populations des régions où ils ont l'intention d'organiser leur nouvelle ligne Hindenburg pendant l'hiver 1916-1917. Les pauvres gens quittent leurs demeures, qu'ils ne reverront que complètement ruinées ; la plupart des hommes sont embrigadés pour des travaux de terrassement de la ligne Hindenburg, les femmes et les enfants sont astreints aux travaux des champs en Belgique et dans les Ardennes. |
LA MISE EN PLACE DE LA LIGNE HINDENBURG
L'année 1916 avait été funeste au prestige des armées allemandes battues à Verdun et dans la Somme.
Le choc avait été trop rude pour que les Allemands, contraints à la défensive sur le front occidental, consentissent à livrer bataille sur le terrain de leur défaite de la Somme, dans des organisations improvisées et précaires.
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Les Alliés préparaient leur offensive de 1917 ; le saillant de Noyon offrait une prise trop favorable à leurs attaques. En outre, l'offensive alliée de la Somme et la bataille de Verdun ayant provoqué une énorme usure des divisions allemandes, le Commandement allemand avait hâte de reconstituer quelques réserves, en raccourcissant son front défensif. Pendant l'hiver 1916, sous la conduite de compagnies de pionniers, l'Etat-Major allemand fait creuser, par des prisonniers russes, par des civils belges et français des régions envahies, de nouvelles positions défensives, d'Arras à Laon, S'appuyant, au nord, au vaste camp retranché de Lille, au sud, au massif boisé de Saint-Gobain, la nouvelle zone d'organisations barre, en ligne droite, les vastes plaines du Cambrésis et du Vermandois, couvrant la région Douai-Cambrai à une distance suffisante pour que les trafics importants par voie ferrée puissent se faire en sécurité. Le tracé de ces organisations n'est pas déterminé à la fin d'une bataille, au hasard des combats, mais mûrement étudié ; il utilise rationnellement tous les obstacles du terrain, lignes d'eau, canaux et rivières, lignes de hauteurs, croupes et contre-pentes, points dominants, régions boisées, villages et fermes. |
Se raccordant aux anciennes positions du secteur d'Arras, complétées notamment par la fameuse ligne de Drocourt-Quéant, la ligne se dirige sur Saint-Quentin, puis sur La Fère par le canal du Nord, l'Escaut, le canal de Saint-Quentin et l'Oise. En englobant la grande ville de Saint-Quentin dans les positions avancées et sous le feu des canons alliés, l'Etat-Major allemand pensait donner à ce secteur une certaine sécurité.
De Lens à Cambrai, la zone était baptisée Siegfriedstellung ; de Cambrai à La Fère : Wotanstellung. La partie de la zone la plus épaisse, 12 à 15 kilomètres, et la plus formidablement organisée, était devant Cambrai et entre cette ville et Saint-Quentin.
STRUCTURE - PRINCIPES D'ORGANISATION
A la fin de l'année 1916, on ne concevait la conquête d'une position fortifiée qu'après le pilonnage d'un tir prolongé d'artillerie, minutieusement réglé et contrôlé.
Instruit par les expériences de Verdun et de la Somme, l'Etat-Major général allemand donne des directives précises pour l'organisation des nouvelles lignes.
Il convient, avant tout, de soustraire le plus possible les organes vitaux de la défense à l'écrasement du bombardement.
La zone fortifiée augmente de largeur, afin que l'artillerie adverse ne puisse battre, sans se déplacer, toute la profondeur de la zone.
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Pour échapper aux vues aériennes et terrestres, les organisations sont défilées généralement à contre-pentes, les centres de résistance camouflés sont disséminés, sans alignement régulier, dans un lacis ininterrompu de tranchées, de boyaux et de fausses organisations. Les pistes de communication dévoilant à l'adversaire les batteries et les centres de résistance, des ordres rigoureux réglementent la circulation. Enfin, les Allemands font un usage général du béton armé dans leurs travaux édifiés suivant les mêmes plans. Avec ses mille embûches, la ligue Hindenburg ne se présente pas comme une barrière de murs rigides que l'assaillant, avec des moyens de plus en plus puissants, finirait par percer, mais comme un réseau élastique et profond à larges mailles où la tentative de rupture, loin de se résoudre par des chocs brutaux, devra se changer rapidement en bataille d'où l'assaillant sortira épuisé. En vue de cette réaction agressive, la tactique de la défense elle-même se modifie. Des réserves fraîches, cheminant dissimulées à travers les organes de la défense, contre-attaqueront les assaillants déjà dissociés par la résistance des premiers éléments de la défense. C'est le principe de la contre-attaque en profondeur. Lignes, blockhaus, abris, réseaux. Les lignes de surveillance, de résistance, de soutien sont formées de plusieurs tranchées réparties en profondeur et utilisant tous les obstacles naturels. Toutes ces lignes sont réunies entre elles par des boyaux, eux-mêmes organisés avec des lignes appelées bretelles, qui compartimentent la zone fortifiée, localisent ainsi les attaques et favorisent la contre-attaque de flanc. Les blockhaus, espacés en général à quelques centaines de mètres les uns des autres, forment l'armature essentielle de la défense. Les mitrailleuses qu'ils abritent se flanquent réciproquement par leurs feux. |
Minutieusement dissimulés, ces blockhaus se présentent, sans leur camouflage, tous exactement pareils, nets et blancs ; de solides volets métalliques ferment les créneaux à large champ horizontal. Souvent, de l'intérieur, on peut accéder par une trappe à une plate-forme supérieure.
Observatoires, postes de commandement, batteries de minenwerfer sont généralement installés sous casemates bétonnées.
Les troupes dont la densité, faible en première ligne, s'accroît vers les dernières lignes de la position, se tiennent dans de solides abris ; les plus nombreux et les plus spacieux sont dans la ligne de soutien, à contre-pente.
Des descentes coffrées de trente à quarante marches conduisent à un premier couloir d'où partent de nombreuses alvéoles.
De nouvelles descentes aussi profondes mènent parfois à une seconde série de chambres.
Chambres et couloirs sont étayés par d'énormes madriers solidement assemblés par des ferrures.
Dans les longs couloirs, de chaque côté, s'étagent les couchettes des hommes, certains abris comprennent même un réfectoire, une salle d'armes, ils sont ventilés, éclairés à l'électricité, pourvus d'un puits et de magasins à vivres et à munitions.
Ces vastes et profonds abris, véritables casernes, communiquent avec les lignes par des tunnels parfois de 2 à 3 kilomètres de longueur. Des wagonnets, apportant matériel et ravitaillement, y circulent.
Malgré leur perfectionnement, ces abris profonds sont peu à peu abandonnés. Les énormes obus de plusieurs centaines de kilos se précipitant de 6 à 8 kilomètres de hauteur arrivent à défoncer les plus solides. Les gaz toxiques s'accumulent dans ces cavernes, et, souvent, les assaillants avançant rapidement derrière leur barrage, cueillent les défenseurs avant qu'ils aient pu sortir.
La défense intérieure de ces abris est bien prévue, portes blindées, sorties camouflées, pièges..., mais les grenades incendiaires et les gaz ont raison de la défense la plus obstinée. Devenus de véritables pièges à hommes, beaucoup de ces abris sont peu à peu remplacés par des abris plus petits, bien moins enterrés, mais protégés alors par une épaisse couche de béton.
Tous les organes de la défense sont couverts en avant par de larges réseaux de fil de fer, vrais maquis de ronces d'acier.
Aux réseaux parallèles régulièrement espacés, succèdent des réseaux à contour irrégulier en forme de larges dents de scie, établis souvent à contre-pente.
Ces réseaux offrent de larges poches, les assaillants s'y engouffrant devaient y être mitraillés à coup sûr.
Au cours de la lutte, les Allemands perfectionnèrent et complétèrent leur système défensif.
Plusieurs autres positions, aux lignes moins continues, se dressèrent derrière le rempart Hindenburg, constituant une ceinture de lignes redoutables couvrant de près les frontières mêmes de l'Empire.
Dans chaque position, l'ancien duel de l'obus et de la cuirasse devra être renouvelé.
A une puissance de choc plus grande des Alliés, les Allemands opposeront un renforcement de la cuirasse de leurs défenses.
" Ce travail restera sans doute un des plus curieux témoignages du génie particulier de la race allemande, fait d'une magnifique capacité de nuire, d'une singulière puissance de travail et de ce mélange étrange de colossal dans la conception et de puérile badauderie qui le fait se mirer dans son oeuvre toujours au-dessus de tout " (MADELIN.)
LE REPLI ALLEMAND DE MARS 1917
En mars 1917, les Allemands refusent la bataille en abandonnant le terrain menacé qu'ils ruinent systématiquement. Ils se replient sur la ligne Hindenburg. Les avant-gardes alliées se heurtent aux arrière-gardes allemandes qui ont la mission de résister le plus longtemps possible afin de permettre l'installation des divisions allemandes dans la nouvelle zone fortifiée.
Du 21 mars au 9 avril, les Alliés prennent contact de la zone fortifiée devant les faubourgs mêmes de la ville de Saint-Quentin où commencent les lignes françaises qui s'étendent plus au sud devant l'Oise.