Journée du 3 mars 2007, La ligne Hindenburg - 01,
Journée du 17 mars 2007, Le repli sur la ligne Hindenburg,
Journée du 27 septembre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (le Canal),
Journée du 4 octobre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (Cambrai)
LA LIGNE HINDENBURG (2)
Merci aux personnes, qui nous ont transmis ces divers documents
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Une gigantesque muraille de Chine a été créée, qui, dans l'esprit du Haut Commandement allemand, constituera le front inviolable destiné à paralyser les efforts des Alliés supérieurs en nombre, et à laisser libre le plus de forces possible pour combattre en Orient. Cette barrière est déjà vaguement connue sous le nom de ligne Hindenburg; elle sera célèbre plus tard. Par le développement et la perfection de ses ouvrages, par l'abondance des matériaux qui y ont été employés, elle laisse bien loin derrière elle tous les travaux de champ de bataille et même de fortification permanente que le monde ait connus avant 1914. Elle comprend quatre systèmes, dessinant ensemble un croissant dont la convexité est tournée vers Paris. Le premier de ces systèmes, utilisant généralement des lignes d'eau ou des accidents de terrain, est continu et se moule à peu près sur la forme du front. Il a une profondeur d'une dizaine de kilomètres, comprenant cinq tranchées parallèles, protégées par des réseaux de fils de fer et que relient de multiples tranchés de communication, permettant de cloisonner la défense à l'infini et de constituer de véritables pièges pour les régiments adverses trop hardis. Les secteurs de ce système s'appellent, du nord au sud, la Franken Stellung, la Preuss Stellung, la Bayern Stellung ; puis, en souvenir des héros de l'Allemagne des Niebelungen : Wotan, Siegfried, Alberick, etc. |
Le second système, moins convexe que le premier et discontinu, prend appui, à droite, sur le camp retranché de Lille, puissamment organisé, et, à gauche, sur la région fortifiée de Metz Thionville.
Il court parallèlement au premier depuis Lille jusqu'à hauteur de Saint-Quentin; puis, il s'en détache nettement pour emprunter les fossés de la Serre, de l'Aisne et les hauteurs de la Moselle, sous les noms de Hunding, Brunehilde, Kriemhilde et Michel Stellung.
Le troisième système, encore moins convexe que le second et prenant appui sur les deux camps retranchés, n'est pas entièrement terminé, mais son achèvement est poussé avec activité.
On emploie même sans scrupule à ce travail des prisonniers de guerre russes, anglais ou français, au mépris des lois internationales.
Jalonnée par Douai, Hirson, Sedan et Montmédy, cette ligne est déjà susceptible d'une résistance très sérieuse entre Douai et Mézières, dans les secteurs Hermann et Hagen, qui interdisent les vallées de la Sambre et de la Meuse.
Le quatrième système, qui relie Valenciennes à Givet, par Maubeuge et Philippeville, est destiné à renforcer la défense des vallées de la Sambre et de la Meuse, de manière que, même si le troisième système était, forcé, les Armées engagées dans les Flandres aient le temps de se dégager par Gand, par Bruxelles ou par Namur.
Cette ligne, incomplètement terminée, n'est pas encore en état de rendre les services que l'on attend d'elle, mais on y travaille activement.
Les quatre systèmes sont renforcés, aux points les plus particulièrement exposés, par des lignes intermédiaires, dont quelques-unes sont à peine ébauchées, mais dont d'autres sont susceptibles de permettre une résistance prolongée contre des troupes déjà épuisées par l'enlèvement des positions principales.
Ils sont, en outre, reliés par de nombreuses bretelles (riegelstellung) qui permettraient de localiser un succès ennemi important et d'enfermer dans un cercle infranchissable des divisions ou même des Corps d'Armées victorieux.
Seule, l'Alsace a été négligée. Elle n'est protégée que par le premier système qui se prolonge jusqu'à la frontière suisse.
En Haute-Alsace cependant, une série d'organisations tracées dans la région de Mulhouse semble avoir pour but d'enrayer un mouvement débordant par la Suisse, tandis qu'une sérieuse tête de pont couvre Neuf Brisach, sur le Rhin.
Enfin une ligne, reliant le camp retranché de Strasbourg au Donon, prépare une réduction éventuelle du front de ce côté, par l'évacuation de la Haute-Alsace.
Derrière ces puissantes organisations, les communications sont grandement facilitées par l'existence d'un réseau ferré très dense : nos chemins de fer du Nord et ceux de Belgique.
Deux lignes principales de rocade permettent le jeu latéral des réserves :
1e La ligne Strasbourg Thionville Montmédy Mézières Lille;
2e La ligne Sarreguemines Luxembourg Namur Mons Tournai.
Et d'innombrables lignes de pénétration permettent les évacuations ou l'arrivée des renforts d'Allemagne, par Cologne, par Coblentz, par Bingen ou par Mayence.