Journée du 3 mars 2007, La ligne Hindenburg - 01,

Journée du 17 mars 2007, Le repli sur la ligne Hindenburg,

Journée du 27 septembre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (le Canal),

Journée du 4 octobre 2008, La prise de la ligne Hindenburg (Cambrai)

LA LIGNE HINDENBURG, LE GÉNÉRAL (3)

 

Merci aux personnes, qui nous ont transmis ces divers documents

 

IL A, POUR LES ALLIÉS, DONNÉ SON NOM A LA LIGNE DE DÉFENSE : HINDENBURG. QUI EST-IL ?

HIDENBURG, 1917 ET 1918

Texte extrait d'un article du Colonel Frédéric Guelton, du Service Historique de la Défense, paru dans "1418", N° 14, de juin 2003.

COMMANDANT EN CHEF

 

Le 28 août 1916, Hindenburg reçoit l'ordre de se rendre séance tenante au quartier général impérial de Pless. Il y arrive le lendemain en compagnie de Ludendorff : " Ce n'était pas la première fois que mon impérial et royal souverain me convoquait auprès de lui pour discuter sur la situation militaire et sur des projets d'opérations [...]. Le 29 août dans la matinée, j'arrivai à Pless avec mon chef d'état-major [...], devant le château de Pless, je rencontrai mon auguste chef suprême : il attendait sa majesté l'impératrice qui, partie de Berlin, devait arriver à Pless peu après moi. L'empereur me salua aussitôt en me donnant le titre de chef d'état-major de l'armée en campagne ; il salua le général Ludendorff en lui donnant le titre de premier quartier-maître général. Le chancelier était venu lui aussi de Berlin ; il ne fut pas moins surpris que je ne l'avais été quand sa majesté lui annonça, devant moi, que j'étais nommé chef d'état-major... ". Aussitôt Hindenburg prend le destin de l'armée allemande, bientôt le destin de l'Empire allemand, entre ses mains. Le défi semble à la hauteur de l'homme. En quelques semaines, conseillé par Ludendorff, il marque " la guerre allemande " de son empreinte. La bataille de Verdun est suspendue, le front de la Somme renforcé, le " cas roumain " réglé, la guerre à l'Est relancée, l'unité de commandement de toutes les armées, allemande, austro-hongroise, turque et bulgare réalisée - entre ses mains bien entendu - enfin toute la machine militaire allemande, de la production d'armement à l'instruction en passant par le système de recrutement, est réorganisée. Tout cela avec un objectif unique : tout pour le soldat, tout pour l'armée allemande, tout pour la victoire ! Son mot d'ordre, mais aussi sa philosophie de la guerre se résument désormais à une seule préoccupation : " Les besoins des troupes au combat doivent être satisfaits d'abord et quoi qu'il en puisse coûter ".

Mais Hindenburg commandant en chef peut-il encore, à l'aube de 1917, apporter la victoire au Reich ? Il l'espère probablement en appliquant sa grande stratégie à l'Est en souffrance depuis deux ans puis en obtenant la victoire décisive à l'Ouest. Mais il est aussi probable qu'en son for intérieur, et en dépit de cette apparente bonhomie qui lui permet de dissimuler ses pensées les plus secrètes, le doute l'étreint. Il sait que le temps joue contre lui d'autant plus que sa nouvelle position hiérarchique lui impose de nouvelles responsabilités qui échappent à son champ de prédilection puisqu'elles sont... politiques. Lui qui estimait jusque-là que les militaires " n'avaient qu'à remporter des victoires et les diplomates à les exploiter " est devenu, qu'il l'accepte ou le refuse, un militaire en politique.

Parmi les questions politiques qu'il doit trancher se pose celle, fondamentale, du déclenchement de la guerre sous-marine à outrance. En la matière Hindenburg réfléchit en Allemand, héritier du Kulturkampf de Bismarck, en politique et en militaire. Il estime que la guerre sous-marine est une réponse légitime au blocus économique qui affame la population allemande. Blocus dont le résultat est une " demi-famine provoquée par la dictature et par la violence de certains hommes qui se vantent de leur civilisation... ". Il n'hésite pas à mettre sur le même plan les dirigeants de l'Entente qui ont ordonné le Blocus économique de la Triplice et les Ottomans qui " sur le haut plateau arménien, et pour la honte du monde civilisé, étaient déchaînés contre des gens sans défense, et qui, punis par le destin, trouvèrent par milliers une fin misérable ". Pesant le pour et le contre, il pense que la guerre sous-marine à outrance est le moyen ultime de rattraper le temps perdu par ses prédécesseurs comme la dernière possibilité qui lui est offerte de faire basculer le sort des armes dans le camp de l'Allemagne. Il pense qu'elle est, comme il l'écrit dans ses Mémoires, " la seule ressource que nous pouvions encore engager pour terminer la guerre victorieusement... "

Il commet ce faisant une erreur d'appréciation grave lorsqu'il croit pouvoir négliger le risque d'entrée en guerre des nations neutres dont les Etats-Unis. Négligence, teintée d'excès de confiance ou peut-être de fatalisme, qui se traduit, deux mois plus tard par l'entrée en guerre des États-Unis aux côtés de l'Entente.

Ainsi, alors que la signature du traité de Brest-Litovsk le conforte dans sa vision géostratégique, l'entrée en guerre des États-Unis montre les limites de sa vision géopolitique dans une guerre devenue mondiale.

Et c'est ainsi assez paradoxalement que lui échoit en 1918, à lui vieil officier prussien qui dit haïr la politique, la mission de conduire l'armée allemande et le Reich non pas pour un défilé triomphal sous la Porte de Brandebourg, mais à... la table des négociations en vue de la paix. D'une paix qu'il faut savoir négocier en position de force, c'est-à-dire après avoir mené des offensives victorieuses, mais aussi en sachant que l'armée s'épuise et que " si le marteau nous tombait des mains, l'ennemi le ramasserait aussitôt pour nous frapper ".

HINDENBURG, LA DÉFAITE. LES NÉGOCIATIONS DE PAIX

 

Le 21 mars, Hindenburg déclenche, depuis son poste de commandement installé à Avesnes, les dernières grandes offensives allemandes de la guerre. Presque partout le succès tactique est au rendez-vous. Partout les offensives échouent. En quatre mois, après quatre années de guerre, le destin change de camp et Hindenburg en a conscience. Avec l'automne, il décide de donner définitivement la priorité aux négociations.

En septembre, quand, partout, en France, dans les Balkans, en Syrie, la résistance militaire s'effondre, quand sur le " front intérieur " Trotski recrute ses " disciples dans tous les milieux de notre peuple " et y trouve des " éléments dénués de patriotisme, imprégnés de l'égoïsme de certaines tendances politiques pernicieuses... " et que la propagande ennemie " continue son oeuvre au grand-jour, comme en secret ", Hindenburg décide de prendre la " plus pénible des décisions " : demander aux Alliés, et particulièrement au président des États-Unis Woodrow Wilson, leurs conditions de paix.

Hindenburg chef de guerre s'oppose alors au nouveau chancelier, le prince Max de Bade, qui refuse, lui, de s'engager sur la voie de la demande de cessation des hostilités. Lorsque, le 3 octobre, Max de Bade déclare à Hindenburg " le Grand Quartier Général se rend-il compte que le fait de commencer des démarches en faveur de la paix sous la pression d'une situation militaire critique peut conduire à la perte des colonies allemandes et de territoires allemands, en particulier de l'Alsace-Lorraine et des cercles purement polonais des provinces orientales ? ", ce dernier lui répond, tout de go qu'il " maintient sa demande concernant l'envoi immédiat de l'offre de paix ".

Le 4 octobre, Wilson reçoit la demande allemande. Il y répond le lendemain mettant en avant ses " Quatorze points " et expliquant qu'il n'accepte de discuter qu'avec un gouvernement légal et pas avec des militaires qui de facto assumeraient la réalité du pouvoir. Dans les jours qui suivent, l'Empereur " accepte la démission " de Ludendorff. Hindenburg reste en place.

En pleine défaite, il nous montre l'une des facettes les plus fortes de son caractère, celle de l'amitié pour un homme, Ludendorff, dont le destin a été étroitement lié au sien depuis le premier jour de la guerre et qui vient d'être sacrifié car " la politique exigeait ses victimes " : " Le lendemain [27 octobre 1918], j'entrais seul dans le bureau où nous avions toujours travaillé côte à côte. J'éprouvai alors les sentiments qu'on éprouve au retour des obsèques d'un parent bien-aimé, en pénétrant dans sa demeure déserte ".

Au début du mois de novembre, le gouvernement allemand et Hindenburg tentent en vain d'obtenir une atténuation, même légère des conditions d'armistice. Elles sont acceptées le 10 novembre. Lors de l'Armistice, Hindenburg est chargé d'en faire appliquer les clauses militaires et de commander le retour des forces allemandes en Allemagne. Cette fin tragique de la guerre, Hindenburg la décrit à sa façon trois ans plus tard : " Adieux ! écrit-il, tout est fini ! Comme Siegfried sous le coup perfide du farouche Hagen, notre front s'écroula ; c'est en vain qu'il avait essayé de puiser une vie nouvelle à la source tarie de nos forces nationales. Notre devoir était désormais de sauver les débris de notre armée pour assurer le relèvement futur de notre patrie. Le présent était perdu. Seul, l'espoir en l'avenir nous restait encore. À l'œuvre ! "

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