Journée 02 - 17 mars 2007, Le repli sur la ligne Hindenburg,

LE REPLI ALBERICH, VUE PAR LE GÉNIE FRANÇAIS

Merci à Yves Tsao, qui nous a transmis ce document très intéressant, qui analyse les destructions allemandes de mars 1917.

Bulletin de renseignements du génie n°1 du 30 septembre 1917

Emis par l’Inspection générale des travaux et organisation aux armées

Au mois de mars 1917, les allemands opérèrent un vaste mouvement de repli entre la Somme et l’Oise et s’arrêtèrent sur un nouveau front jalonné par Saint-Quentin / La Fère / le massif de Saint-Gobain. L’amplitude du recul atteint jusqu’à 40 km en certains points.

Avant l’occupation allemande, les routes étaient en bon état, particulièrement dans le département de l’Oise. Une grande partie des routes étaient pavées : c’était d’ailleurs la plus mauvaise, car les pavages n’étaient pas renouvelés, mais convertis en empierrements au fur et à mesure qu’ils arrivaient à la limite de leur durée. Le réseau routier de cette zone était très développé.

Pendant l’occupation

Les renseignements concordent pour établir que les allemands faisaient des routes un usage bien moins important que nous n’en faisons nous-mêmes.

Le grand développement de leurs voies ferrées (surtout voies de 1 m et voies de 0,60 m), le large emploi des voies navigables, leur permettaient de réduire à peu de chose l’emploi des routes. Un véritable réseau de voies ferrées de 1 m , prolongé par de la voie de 0,60 m, part des gares de ravitaillement alimentées par la voie normale ou par les canaux. De ces gares, des voies ferrées se dirigent vers le front jusqu’aux tranchées de la 1ère position et quelques fois même de 1ère ligne. Avec de tels moyens, l’emploi des routes était donc réduit.

Les observations du génie permirent de penser que la circulation devait être réglementée rigoureusement par des consignes strictement appliquées : itinéraires, sens unique de circulation. D’une façon générale, aucun travail n’a été fait sur les routes : seuls quelques élargissements ont été exécutés aux abords de points spéciaux, tels que gares, chantiers de stockages, ports de canaux. A fortiori, les allemands n’ont-ils fait aucune nouvelle route, notre réseau routier, d’ailleurs très développé dans cette région, suffisant amplement à leurs besoins. Ils se sont bornés à faire de l’entretien de chaussée par des méthodes simples.

Destruction des ponts

La région évacuée est traversée par 2 rivières assez importantes (la Somme et l’Oise), doublées de canaux latéraux de navigation. De plus, 2 canaux de jonction relient les vallées de la Somme et de l’Oise et celles de l’Oise et de l’Aisne. Rivières et canaux constituèrent donc d’importants obstacles à l’avance des troupes lorsque les allemands eurent fait sauter tous les ponts en se retirant. Ils détruisirent, en outre, tous les ponceaux sur les cours d’eau secondaires, tous les aqueducs sur fossés. Ils n’ont pas laissé debout un seul ouvrage d’art.

Création d’entonnoirs

Les allemands ont fait exploser un grand nombre de fourneaux de mines sous les routes, principalement dans les carrefours, dans la traverse de localités habitées.

Les entonnoirs étaient aussi très souvent placés aux points bas du profil en long des routes, de façon à être noyés par les eaux qui suivaient le thalweg traversé par la route. Les travaux de réfection, au milieu des terres inondées, étaient ainsi rendus plus difficiles.

Les entonnoirs avaient des dimensions atteignant jusqu’à 25 m de diamètre et 6 à 8 m de profondeur. On en a même relevé quelques uns de 35 m de diamètre.

Le nombre des entonnoirs est considérable : on en a compté plus de 200 dans la zone évacuée devant l’armée française (pas d’infos sur la zone évacuée devant l’armée anglaise). On peut estimer qu’il y avait en moyenne, sur les routes principales, un entonnoir tous les 3 km.

Les entonnoirs n’ont pas apporté à la circulation une gêne considérable, grâce à la nature peu accidentée du terrain, qui a presque toujours permis aux troupes et aux convois, y compris l’artillerie de campagne, de les contourner. L’artillerie lourde elle-même a pu passer assez facilement, au bout d’un temps variant de 3 heures à 1 journée au maximum, temps nécessaire pour faire une piste en madriers ou en rondins.

Abatis

Les plantations en gros arbres, les poteaux télégraphiques, les pylônes de transport de force bordant les routes, ont été abattus en travers de la chaussée. Souvent les arbres n’ont été qu’entaillés sur une certaine partie de leur épaisseur, de manière à ne tomber sur la route qu’en cas de grand vent.

Obstruction des rues dans les traverses des localités

Les immeubles bordant les rues ont été détruits par l’incendie, l’explosion ou au moyen de béliers. Les décombres étaient chargées d’obstruer le passage dans des conditions particulièrement gênantes, puisque l’obstacle ne peut être tourné et doit être balayé. Quand la destruction atteignait de grandes longueurs, comme dans les rues de Chauny, le débaliement était long et l’obstacle sérieux.

Inondations

Les allemands ont créé des inondations :

Les routes se sont trouvées noyées, à vrai dire sous de faible épaisseurs d’eau :la plus forte inondation de route a été occasionné par la Verse, qui, barrée à son entrée dans Noyon, a recouvert la route de Roye à Noyon sur une longueur de 400 m et une hauteur de 0,30 m environ.

La crue artificielle de l’Oise a apporté une certaine gêne dans les travaux de réfection des ponts et voies d’accès.

Mines à explosion différée

Quatre mines à explosion différée ont éclaté : 2 sous la voie ferrée de Noyon à Chauny (2 semaines après la retraite allemande) et 2 sous des routes (5 semaines après la retraite). Elles n’ont occasionné aucun accident de personne.

Mise hors service d’une route par dépavage sur un long parcours

Les allemands avaient dépavé la route nationale de Paris à Saint-Quentin sur une longueur de 1 800 m entre Ribécourt et Noyon. Il est probable que ce dépavage a été réalisé dans le but de fournir des matériaux pour les abris voisins. Cette destruction ne paraît pas avoir été appliqué systématiquement par les allemands, ainsi qu’ils ont fait des autres modes de destruction. Le dépavage systématique est long, car il ne peut être fait qu’à la main : c’est probablement la raison qui a empêché de l’employer.

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