Journée 04 - 14 avril 2007, Vailly-sur-Aisne

Journée 05 - 21 avril 2007, Courcy

Journée 06 - 28 avril 2007, Berry-au-Bac

LE CHEMIN DES DAMES LE 16 AVRIL AU SOIR

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Nous avons eu l'occasion de rappeler que les armées britanniques et notre groupe du Nord devaient attaquer entre Vimy et Lassigny. Le but de cette offensive préliminaire était de fixer l'ennemi, d'attirer ses réserves et de faciliter ainsi la tâche d'un autre groupe d'armées françaises, qui romprait le front ennemi entre Soissons et Reims.

Cette dernière mission était dévolue aux VIe et Ve armées, dont l'action devait être prolongée, à l'est, par la IVe armée attaquant entre Prunay et Auberive. Une fois le front rompu, le forcement de la percée serait confié à la Xe armée, appartenant, comme les Ve et VIe armées, au groupe constitué sous la dénomination caractéristique de " Groupe de Rupture ", et qui était spécialement réservée pour l'exploitation du succès escompté.

Les armées d'opérations avaient été dotées d'un matériel d'artillerie considérable : on espérait écraser les positions allemandes sous les projectiles et niveler les tranchées, procéder, en un mot, comme sur le front Douaumont-Vaux et obtenir des résultats analogues, c'est à dire crever le front dés le premier jour des attaques.

Or, cette conception péchait par la base, la situation étant loin de se présenter de la même façon. Au nord-est de Verdun, le terrain avait été fouillé et bouleversé au cours des mois de luttes et de bombardements : il était pulvérisé et comme inconsistant, les talus de tranchée et les fils de fer y tenaient difficilement. Tandis que la large crête, sur laquelle serpentait le chemin des Dames, offrait la fortification la plus solide qu'on pût imaginer.

Cette région n'ayant jamais été le théâtre d'opérations importantes, l'ennemi avait eu le loisir de perfectionner d'autant mieux ses organisations, que le terrain, de nature calcaire, était creusé de carrières, de galeries et de grottes ou creutes, formant des abris solides et à peu près indestructibles par le canon.

Le 4 avril commencent les tirs de préparation et, ce même jour, les Allemands prennent l'offensive sur le canal entre Sapigneul et le Godat (front de 5 kilomètres). Ce n'est 'évidemment qu'un coup de main important ; mais l'ennemi fait quelques centaines de prisonniers et trouve, sur un sous-officier tué, le plan d'engagement de deux corps de la Ve armée.

Peut-être aurait-il été prudent de modifier sérieusement les dispositions arrêtées et la date des attaques. Le haut commandement français n'en fait rien cependant ; il maintient son plan malgré les conditions défectueuses des bombardements de préparation, qui s'exécutent dans la brume, sous la pluie ou sous les bourrasques de neige. C'est même ce qui fait retarder le déclenchement des attaques jusqu'au lundi 16 avril.

L'offensive commence de grand matin : la pluie a cessé, mais la brume persiste, enveloppant la plaine et les collines.

Sous la protection d'un barrage d'artillerie qui s'avance, les tanks précèdent l'infanterie. Nos braves fantassins foncent partout sur la première position ennemie ; mais bientôt l'ensemble se dissocie : les tanks vont trop vite ou tournoient sur eux-mêmes sous les rafales de l'artillerie ennemie : il est manifeste que la liaison avec l'infanterie n'a pu être maintenue ; l'artillerie elle-même est gênée par le temps : elle appuie difficilement l'infanterie. En tout cas, la préparation a été insuffisante, puisque des mitrailleuses ouvrent le feu de différents côtés, clouant momentanément à terre nos vagues d'assaut.

Cependant notre infanterie prend pied presque partout dans la première position, que les Allemands ont évacuée pour résister sur la deuxième, sauf au chemin des Dames, où ils n'ont abandonné que la première ligne de tranchées.

Dans ce dernier secteur, la ferme de Hurtebise est emportée d'assaut et certains détachements ont même poussé jusqu'aux fonds de l'Ailette, mais sans pouvoir s'y maintenir. Là encore, des nids de mitrailleuses se sont révélés soudainement et l'artillerie ennemie, retirée prudemment au delà de la seconde position, est entrée en action, arrêtant net notre progression et surtout celle des tanks.

Nous sommes loin, hélas, de cette rupture violente et immédiate sur laquelle nous avions compté.

La lutte continue les jours suivants, acharnée de part et d'autre : nos progrès sont lents parce qu'il faut attaquer les centres de résistance successifs non détruits.

Cependant, à l'aile gauche, la VIe armée réalise une avance sensible tandis qu'à l'aile droite, la IVe armée enlève les positions importantes du massif de Moronvilliers. Mais 1'offensive générale n'ayant pas donné les résultats attendus, les opérations sont arrêtées dès le 7 mai.

Il est consolant de constater qu'à cette date, le bilan des opérations des armées franco-britanniques se chiffre par 62.000 prisonniers, 446 canons et 1 .000 mitrailleuses et par d'importants gains de terrain, tels que la crête de Vimy, la région du moulin de Laffaux, le chemin des Dames et le massif de Moronvilliers.

Notre vue panoramique donne une idée de la situation dans la soirée du 16 avril.

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