Journée 13 - 17 novembre 2007, Cambrai - Flesquières

L'ATTAQUE BRITANNIQUE VERS CAMBRAI, NOV. ET DÉC. 1917

Merci à Gérard Ancelet, de Saint-Quentin, qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

LA BATAILLE DE CAMBRAI

L'offensive britannique (20-30 novembre 1917).

Pour la première fois, la préparation d'artillerie est remplacée par une attaque en masse des tanks. L'effet de surprise est foudroyant. La rupture est réalisée. mais ne peut être exploitée.

Alors que les lignes adverses, en face de la zone Hindenburg, sont dans le calme absolu, brusquement, à l'entrée de l'hiver, l'armée Byng s'élance à l'assaut des lignes allemandes, grâce à une nouvelle méthode d'offensive.

La préparation habituelle d'artillerie est supprimée. Elle est remplacée par une attaque déclenchée par surprise, au moyen de nombreux tanks qui, amenés à la faveur du brouillard, doivent détruire les réseaux et protéger la marche de l'infanterie.

Le terrain de l'offensive est choisi entre Saint-Quentin et Croisilles. Les positions allemandes abordées en même temps sur de nombreux points sont enfoncées dès les premières heures de l'offensive et une avance de 5 à 8 kilomètres est réalisée sur tout le front d'attaque. Les deux premières positions de la zone Hindenburg sont dépassées.

Les premiers résultats de l'attaque sont magnifiques. Un grand nombre de fortins, de réduits, de fermes et de bois organisés sont enlevés.

Le beau temps a favorisé le début de l'opération, mais la tempête qui se déchaîne le 21 gêne considérablement la suite de l'attaque.

Les progrès continuent néanmoins, et, le 21 au soir, les assaillants franchissent le double réseau de défense du canal, dépassant Masnières et enlevant au centre Fontaine-Notre-Dame. Les troupes britanniques se trouvent à moins de 3 kilomètres des faubourgs de Cambrai. Plus de 100 canons, 8.000 prisonniers 180 officiers restent entre leurs mains. La ligne Hindenburg est fortement entamée.

Le 22 novembre, les combats continuent, acharnés, surtout dans le secteur de Fontaine-Notre-Dame et du bois Bourlon.

Les Allemands, surpris par cette nouvelle méthode d'attaque, se ressaisissent et passent à leur tour à la contre-attaque, voulant à tout prix enrayer cette avance dangereuse qui menace de tourner, par le sud, l'énorme système de défense de Quéant.

La bataille recommence acharnée, le 23. Le bois et le village de Bourlon sont enlevés d'assaut après de terribles corps à corps, mais les Allemands furieux de la perte de ces importants points d'appui lancent contre-attaques sur contre-attaques et réussissent finalement à enrayer la progression britannique.

La contre-offensive allemande (30 novembre - 6 décembre).

L'offensive britannique du 20 novembre avait eu pour résultat de créer face à Cambrai un saillant prononcé. Des hauteurs de Bourlon, les Britanniques voyaient à revers les positions de Quéant. Cette situation devenait intenable pour les Allemands si ce succès pouvait être maintenu et elle risquait de devenir désastreuse si le succès était élargi, obligeant l'ennemi à modifier profondément ses lignes.

Von Marwitz qui commande la IIIème Armée allemande, amène en toute hâte de puissantes réserves prélevées sur les fronts voisins. En attaquant sur les deux flancs du saillant, d'une part dans le secteur de Moeuvres, d'autre part au sud-est de Marcoing, il va s'efforcer de rejeter les Britanniques sur leurs positions de départ du 20 novembre et même au delà.

Dans la nuit du 29 au 30 novembre, vers trois heures du matin, l'offensive allemande se déclenche ; d'abord sur le flanc droit entre Crèvecoeur et Vendhuille le long du canal de Saint-Quentin et ensuite sur le flanc gauche entre Moeuvres et Bourlon. Dans la journée, l'offensive s'étend de proche en proche et gagne tout le front du saillant ; menée à gros effectifs, elle est extrêmement violente. Les Britanniques résistent au choc sur le bord du saillant entre Moeuvres et Masnières, mais sur le flanc droit ils doivent céder du terrain.

Entre Bonavis et Villers-Guislains, les Allemands s'emparent de Gonnelieu, poussent jusqu'aux abords de Gouzeaucourt.

Le 1er décembre, les Britanniques ayant reçu leurs renforts, contre-attaquent vigoureusement. Gonnelieu est repris, dix attaques sont repoussées au nord du saillant vers Masnières, mais finalement les Britanniques doivent évacuer la pointe formée par le village de Masnières et repasser l'Escaut.

La bataille continue, acharnée, les 2 et 3 décembre. Les positions sont maintenues à peu près intégralement, sauf sur la droite où les Britanniques doivent encore céder du terrain.

L'avance allemande, au sud-est de Marcoing, qui constitue un danger sur le flanc droit des forces placées en pointe le long de la route Bapaume-Cambrai, oblige les Britanniques à rectifier leur front dans la nuit du 4 au 5 décembre.

Les positions du bois Bourlon sont abandonnées. Le front est ramené sur la ligne sud de Moeuvres, Flesquières, Ribécourt, Gonnelieu. Les jours suivants, la guerre de positions recommence. Les lignes se stabilisent et le calme se rétablit.

Le nombre insuffisant de chars d'assaut, l'étroitesse du front d'attaque et le manque de troupes d'exploitation qui eussent dû sur-le-champ élargir rapidement la brèche à droite et à gauche, n'avaient pas permis d'obtenir des résultats tactiques plus importants. La démonstration d'une nouvelle méthode d'attaque n'en avait pas moins été très brillante.

Les chars d'assaut supprimaient tous les inconvénients de la préparation d'artillerie : indication du lieu et du moment de l'attaque et bouleversement du terrain. Rapidement amenés de l'arrière, à pied d'œuvre, ils pouvaient, en assez grand nombre, écraser les réseaux de fil de fer, frayer des chemins à l'infanterie et réduire, par le canon et la mitrailleuse, les résistances, en fonçant dessus ; l'apparition soudaine de leur masse semait la panique chez les défenseurs.

Pour la première fois, la surprise dans une grande attaque de positions fortifiées avait été pleinement réalisée. Les Alliés, dans leurs offensives victorieuses de juillet à novembre 1918, appliqueront cette méthode tactique.

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