Journée du 24 mai 2008, Chemin des Dames

Journée du 31 mai 2008, Sud-Ouest du Chemin des Dames

L'ATTAQUE ALLEMANDE DU 27 MAI 1918 (2)

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

3ème BATAILLE DE L'AISNE

( 27Mai - 3 juin 1918 ).

Texte du Maréchal Fayolle

L'ATTAQUE ALLEMANDE DU 27 MAI 1918

Dans leur plan d'offensive d'ensemble du printemps de 1918, les Allemands avaient prévu, après les batailles de Picardie et des Flandres, l'attaque du Chemin des Dames, au nord de l'Aisne, par les VIIe et Ie Armées, avec, comme objectifs simultanés, Soissons, Fismes et Reims.

Dès le milieu de mai, avait commencé la concentration des troupes nécessaires à l'offensive dans ce secteur et pour leurs attaques du 27 mai, les deux armées allemandes allaient disposer d'un total de 25 divisions de première ligne, qui devaient être presque immédiatement renforcées de 17 autres divisions.

En face de cette énorme concentration des forces, la VIe armée française, à la fin de mai, n'a que 7 divisions en ligne et 5 autres en réserve capables d'intervenir immédiatement sur la seconde position.

Telles sont les conditions disproportionnées dans lesquelles va commencer cette 3e bataille de l'Aisne, qui mènera les Allemands jusqu'à Château-Thierry au commencement de Juin.

Et d'abord pourquoi n a-t-on pas renforcé notre VIe armée ? - Pour deux raisons très différentes, la première étant l'incertitude dans laquelle on s'est trouvé de l'offensive allemande.

Après la bataille des Flandres, on s attendait bien à une action nouvelle à l'est de l'Oise, puisque la seule chance de Ludendorff était d'attaquer sans répit, mais dans quel secteur l'événement se produirait-il ? La concentration avait été exécutée avec un tel secret que nous sommes restés dans une indécision presque complète jusqu'au 26 mai. Ce jour-là seulement, dans la soirée, des prisonniers faits à la VIe armée nous apprirent que nous serions attaqués en force, le lendemain, dans le secteur du Chemin des Dames.

Il était trop tard pour augmenter les ressources de l'armée intéressée; mais, d'ailleurs, il semble que telle n'était pas l'idée du généralissime et nous touchons ainsi à la deuxième des raisons mentionnées plus haut.

Le général Foch avait, en effet, préparé sa riposte dès le milieu de mai sous la forme d'un vaste plan de guerre, dont l'été de 1918 devait voir la réalisation. Il avait envoyé à cet effet, le 21 mai, au G. Q. G., la directive générale n° 3, dont l'action initiale était une attaque française partant de Montdidier-Lassigny, combinée avec une action anglaise débouchant entre la Luce et la Somme.

Or, pour ces attaques, i1 avait besoin de ses réserves déjà placées et il faisait confiance aux armées françaises qui sauraient se tirer d'elles-mêmes des situations les plus critiques.

Le 27 mai 1918, la VIe armée soutiendra donc, avec ses douze divisions, le choc des 42 divisions allemandes. Abandonnera-t-elle sa première position et ses avancées, en n'y laissant que des éléments légers pour briser ou ralentir l'élan de l'ennemi, et résistera-t-elle sur sa deuxième position, comme le lui commande la directive N° 4 du 22 décembre 1917 ? - Il s'agit, en l'espèce, du chemin des Dames ! Le général Duchêne, commandant de la Vle armée, estime que cette position fameuse et dominante ne saurait être évacuée de parti pris; il espère d'ailleurs y tenir en dépit de son infériorité numérique, et il est approuvé par le général Pétain.

Après un formidable bombardement de quelques heures, exécuté dans la nuit du 26 au 27 mai, l'attaque allemande se produit au petit jour entre Vauxaillon et Sapigneul et, dès l'abord, nos premières lignes sont submergées. Dans la plaine à l'Est de Craonne, les chars allemands aident puissamment l'attaque et débordent le chemin des Dames.

Certaines unités réservées, en se portant au nord de l'Aisne pour combler des vides ou exécuter des contre-attaques, ont laissé les ponts sans défense, de sorte que les divisions allemandes, arrivant sur la rivière, trouvent les passages libres et peuvent ainsi déboucher au sud, quelques heures après le déclenchement de l'assaut.

Dés lors malgré l'héroïsme déployé par les divisions françaises crevées ou débordées de toutes parts, les progrès de l'ennemi s'accentuent, et, le soir même, ses éléments avancés poussent jusqu'à la Vesle qu'il franchira le lendemain (notre vue panoramique donne une idée de la bataille au milieu du jour).

Il faut endiguer ce flot et c'est pourquoi des divisions de la réserve générale seront envoyées à la VIe armée dans la soirée du 27 et la journée du 28. L'avance se fera plus lente dès le lendemain, et la contre-attaque du 31 dans le flanc droit allemand nous assurera la conservation des plateaux au sud-ouest de Soissons.

L'échec de l'attaque ennemie dans la région de Soissons semble avoir été particulièrement sensible à Ludendorff : il pensait, en effet, qu'une avance de ce côté aurait mis les Français dans l'impossibilité de tenir entre Aisne et Oise et c'était bien là le but le plus clair de l'offensive sur l'Aisne. On en trouve l'aveu dans les Souvenirs de Guerre de l'ancien quartier-maître général. Tout d'abord sa déception : " Il est profondément regrettable qu'un des états-majors n'ait pas reconnu combien la situation était favorable du côté de Soissons..." Puis plus loin : " Le commandement suprême n'avait l'intention de ne continuer l'attaque qu'entre l'Aisne et la forêt de Villers-Cotterêts, au sud-ouest de Soissons. Nous voulions gagner plus de terrain vers l'ouest, à cause de la voie ferrée qui, à l'ouest de Soissons, mène de la vallée de l'Aisne à la vallée de la Vesle et appuyer tactiquement l'attaque de 1a XVIIIe armée sur le front Montdidier-Noyon..."

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