Journée du 07 juin 2008, Plessiers-de-Roye

Journée du 14 juin 2008, Lataule

L'HÔPITAL MILITAIRE N° 36 ET LA BATAILLE DU MATZ ( Juin 1918 ).

 

Merci à Monsieur André Parnaix, qui nous a transmis ce document très intéressant sur l'aspect sanitaire des combats du Matz, en juin 1918.

-Bibliographie : LE SERVICE DE SANTÉ DE LA IIIe ARMÉE Pendant la bataille de France

Par le Médecin Inspecteur Général BASSÉRES Edition : Charles-Lavauzelle à Paris ( 1922 )

-Recherches, documentation , adaptation :

André Parnaix Vice-Président de SOISSONNAIS 14/18

Membre du Conseil Départemental de l'O.N.A.C. Oise Commissions : Mémoire et solidarité

1918 , La première guerre mondiale , la grande guerre , entre dans sa 4e année , l'arrivée massive des troupes américaines en France modifie radicalement le cours de la guerre ; même si elles sont vraiment à pied d'œuvre qu'à partir de juillet . Pour l'Allemagne il est donc vital d'emporter la victoire avant cette date.

Le 3 mars 1918 La Russie bolchevique signe la paix (de Brest-Litovsk ) avec les allemands , ce qui permet à l'Allemagne d'aligner sur le front français un million d'hommes supplémentaires et une puissance de feu considérable . Pendant plus de deux mois l'Allemagne vole de succès en succès sans toutefois réussir à anéantir les français et les anglais qui se rétablissent sur de nouvelles positions .

LUDENDORFF ( Chef d'état major du général Hindenburg ) choisit de détruire la résistance française dans l'Oise par son offensive du 9 juin 1918.

Il semble qu'il soit attiré par Paris, Compiègne est à 80 km de la capitale . -Dans ses mémoires , Ludendorff ne donne pas les raisons exactes de l'offensive dans l'Oise ; le but est essentiellement d'ordre stratégique en améliorant les lignes de communications allemandes ; dans son plan Compiègne doit tomber en deux jours. Ribécourt fut pris , Mélicocq , Villers sur Coudun reste français et marque les points extrêmes de l'avance allemande . Cette fois encore les poilus ont tenu . Rapidement l'Armée Française et ses alliés vont passer à l'offensive pour libérer le territoire et obtenir la VICTOIRE et la fin de ce terrible conflit . Le 11 novembre 1918.Catenoy, H.O.E. " centre hospitalier " Pendant la " bataille de France "

Avril à août 1918

Jusqu'en mars 1918 , l'Oise est un front calme , le secteur situé entre Compiègne et Noyon et presque un havre de Paix le front est vers La Fère , et la guerre semble s'être éloignée . . . Pas pour longtemps . . . Le 9 juin 1918 à 0 h 50 , un déluge de feu s'abat sur les lignes françaises , les allemands attaquent massivement en direction de Compiègne . . . L'histoire a retenu le nom de " Bataille de France " pour l'ensemble de ces opérations dans l'Oise en 1918 .

- Mars 1918 , le service de santé de la 3e armée a une activité incessante dans notre région ; depuis le 18 janvier 1918 l'état-major est à Clermont et la Direction du service de santé est à Nointel . L'organisation sanitaire est très complexe et très spécialisée il faut continuellement soigner , trier et évacuer des milliers de blessés et de malades vers les centres de soin les mieux adaptés pour le traitement et la guérison de ces soldats . (souvent dans la région parisienne) .

-Dans notre proche région , plusieurs H. O. E. (hôpital d'évacuation) fonctionnent Canly 400 places , Litz 1100 places , CATENOY 1500 places , Clermont 605 places

Breuil le sec 250 places , Angicourt 500 places, et l'hôpital des alliés (service de santé assuré par des volontaires américains) au Plessis-villette les Ageux 100 places Estrées-saint-Denis 500 lits , les premiers obus seront signalés le 4 avril destinés à la gare, l'hôpital est proche il faut l' évacuer le 10 avril .

-Le 8 avril 1918 Emplacement de CATENOY est choisi pour installer un H. O. E. entre (a R N 31 et la voie ferrée Beauvais ,Estrées , Compiègne .

-Le 1er mai les travaux étaient en pleine activité : 20 tentes déjà dressées , la plus grande partie du matériel à pied d'œuvre , un personnel considérable transformant en fourmilière la future formation . Pose de la voie d'évacuation et construction d'un quai d'embarquement , montage des hangars de triage et d'évacuation ; installation des pavillons opératoires , aménagement des services généraux ou spéciaux ; mise au point de l'adduction et de la répartition d'eau potable , de la canalisation électrique ; appropriation des tentes et baraques à leur fonction prévue (hospitalisation , logement du personnel ), etc. . . . , tous ces travaux sont menés de pair , à vive allure . Le 28 mai tout est prêt , comme si en vérité , l'on avait prévu les besoins des jours qui vont suivre . "

-Catenoy comporte : 24 baraques , 108 tentes , 4 hangars l'ensemble formant , en dehors des tentes ou baraques pour personnel et magasins , 3 blocs dont 2 chirurgicaux et un de gazés , avec un hangar d'évacuation .

-Catenoy dispose de 1500 lits ( 900 pour les blessés , 400 pour les gazés et malades , 200 pour les éclopés . 320 personnel infirmiers et 12 équipes chirurgicales.

- Du 1er au 5 juin, les seules journées pour lesquelles il soit possible de donner une répartition exacte , Catenoy et Canly-fayel ont reçu , comme malades et blessés :

le 1er juin 2 juin 3 juin 4 juin 5 juin

-CATENOY - 679 -550 -685 -305 -600

-CANLY-FAYEL - 833 -100 -500 -165 -280

-le 6 juin la courbe des entrées tombe , brusquement à 39 pour CATENOY ,

À 29 pour CANLY-FAYEL dans ce laps de temps , les deux H. O. E. ont formé 15 trains emportant vers la gare régulatrice un total de 3987 évacués , dont 974 " blessés à opérer N.

Le 9 juin 1918 , Après une attaque d'artillerie violente et brève ; l'infanterie allemande de Von-Hutier passe à l'attaque, de Montdidier à l'Oise , elle a creusé une poche de 9 km dont la pointe occupe Ressons-sur-Matz . Mais notre front ne s'est nulle part rompu .

Le 11 juin , sous le commandement du général Mangin (état-major au château de Pronleroy) Les français contre attaque les allemands à 16h , avec une prodigieuse rapidité ; le soir nos troupes appuyées par des chars sont à l'est de Méry et ont repris Belloy .

-Compiègne est dégagé de la menace allemande, la route vers Paris est coupée .

- Le succès du 11 devait se payer cher ; en moins de 24 h plus de 6000 blessés passèrent dans nos H.O.E. (hôpitaux d'évacuation )

" Le 11 et le 12 juin , surtout , la tâche des H.O.E. fut des plus lourdes. Mais c'est sur CATENOY , que le choc fut le plus violent. Pendant plus de 24 heures , les autos sanitaires dévalent du champ de bataille en un courant ininterrompu et d'une obsédante régularité .

-Voici la répartition des entrées dans les trois H. O. E. pour la période du 9 au 14 juin 1918 .

H.O.E. Blessés Malades, gazés et éclopés

-Catenoy -5062 -131

-Litz -3598 -1078

-Canly-fayel - 3069 -1154

Totaux -11729 -2363

-Le mouvement commence à se ralentir dès la fin de l'après-midi du 12 , à CATENOY , la formation est gorgée de blessés ; â peine , dans les 2 hangars de triage et de réception où les brancards se touchent, a-t-on pu laisser libres d'étroits intervalles qui permettent de circuler entre eux .

-Pourtant, la division du travail a été établie avec une méthode si sûre qu'on sent présente, dans toutes les parties de l'H.O.E. , l'action de son médecin-chef .

-Dès l'entrée du blessé à son hospitalisation ou à sa sortie par train sanitaire ou par auto , la succession des opérations diverses est réglée de telle façon qu'aucun incident sérieux ri en a troublé l'exécution ; partout du calme , de l'ordre , de l'activité . Déposés , à leur descente de voiture , sous un hangar , les blessés sont dirigés sur le hangar de triage , d'après les indications d'un médecin qui établit l'ordre d'urgence .

-Le triage , base du succès , est fait sur fiche et chirurgicalement par des équipes qui doivent se relever, en principe toutes les 8 heures .

-Le nombre des opérations sérieuses pratiquées à CATENOY du 9 au 14 juin a été de 712 pour un groupement de 15 équipes chirurgicales .

-Le nombre des décès , du 9 au 14 a été de 262.

-Quelques indications statistiques , du 9 au 14 l'H.O.E. de CATENOY a consommé -370 kg de coton hydrophile .

-1600 paquets de 50 compresses de gaze -160 paires gants de caoutchouc

-8520 bandes de gaze ; parmi les médicaments -75 kg d'alcool à 95°

-135 kg d'éther etc. ...

-Pour l'évacuation , à CATENOY un hangar avait été spécialement dressé à cet usage , près de la voie ferrée . La préparation du train, le classement des évacués et les mouvements qu'il entraîne exigent de grands espaces . Nous sommes certain jours dans l'obligation d'y annexer des tentes , soit comme réfectoires , soit pour les formalités préparatoires à (a constitution des trains (établissement du carnet de passage).

-Sur l'initiative du directeur de santé , un nouveau groupement s'est constitué à FAVIÉRES ( 5 km de CATENOY ) sur la limite sud du bois , a courte distance du village , sur le bord d'une route réservée aux seules voitures sanitaires .

-Une ambulance installée à la ferme du TRANSLOY (au sud de la route Clermont-Compiègne) 8 km de Nointel pu transformer cette grande exploitation agricole en une sorte de dépôt de convalescents de 160 lits où nulle question d'hygiène pratique na été négligée .

-Nous pouvons noter : Les services techniques de l'H. O. E. de Catenoy sont répartis dans les villages des environs : Les voitures à glace , les buanderies séchoirs sont installées à Sacy-le-Grand .

-La période d'organisation définitive va du 15 juin environ au 10 août .

-Enfin , l'offensive d'août , épisode de la 3e bataille de Picardie n'est qu'un des actes de la " Campagne offensive de 1918 " commencée le 18 juillet et close à l'armistice du 11 novembre .

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