Journée du 14 juin 2008, Lataule

Journée du 9 août 2008, Montdidier

JOURNÉE DU 11 JUIN 1918, CONTRE-ATTAQUE DU GÉNÉRAL MANGIN

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

 

La bataille du Matz a pris le nom de la petite rivière, affluent de l'Oise, qui arrose la région où se sont produites l'offensive des Allemands du 9 juin et la contre-attaque du 11, cette dernière exécutée par le groupement aux ordres du général Mangin.

Le haut commandement allemand avait prévu, pour le 7 juin, entre Noyon et Montdidier, une attaque de la XVIIIe Armée, combinée avec une offensive de la VIIe Armée au Sud-Ouest de Soissons.

L'idée était, à n'en pas douter, de faire tomber, par enveloppement si possible, les positions françaises entre Aisne et Oise, c'est-à-dire le saillant de Compiègne.

Les préparatifs d'artillerie et l'arrivée des renforts à la VIIe Armée ayant été plus longs qu'on ne l'avait prévu, l'ouverture des opérations se trouva retardée de deux jours.

La préparation commença dans la nuit du 8 au 9 juin, sous la forme d'un violent bombardement, qui couvrit, en outre, d'obus toxiques nos emplacements de batteries et le terrain de l'arrière pour empêcher ou retarder l'entrée en ligne de nos réserves; et dès le point du jour, l'infanterie se lança à l'assaut.

Cette fois, l'attaque était attendue : les préparatifs avaient été mal dissimulés; on avait lu dans le jeu de l'ennemi et on savait qu'il chercherait à mordre entre l'Oise et Montdidier. Mais, à la IIIe Armée française, on ne s'était pas absolument conformé à la directive n° 4 du général en chef prescrivant d'établir les divisions réservées sur la deuxième position et de retirer, sur cette même position, les divisions de première ligne avant l'engagement de la bataille, en ne laissant sur les avancées que des détachements destinés à rompre l'élan de l'adversaire et à ralentir sa progression.

En fait, les divisions de première ligne avaient maintenu une grande partie de leurs forces sur la première ligne, de sorte qu'il y eut dispersion des moyens sur les deux positions : la résistance s'en trouva amoindrie ou paralysée.

Nous avons dit que la IIIe Armée ne fut pas surprise par l'attaque; elle ne s'attendait cependant pas à sa violence. Les vagues accumulées de l'ennemi submergèrent littéralement nos premières lignes, puis entraînèrent avec elles, vers la vallée du Matz, les épaves des deux divisions qui avaient reçu le choc.

Les divisions seconde ligne n'étaient plus assez fortes pour contenir le flot; le mélange des unités avait d'ailleurs produit quelque trouble sur la seconde position, de sorte que, dés le soir du 9 juin, le front de la IIIe Armée se trouva largement entamé.

Les progrès des Allemands continuèrent le 10 : ils dépassèrent le Matz dans son cours moyen et marchèrent sur l'Aronde.

Cependant le général Fayolle, commandant le groupe d'armées, a déjà pris ses dispositions pour arrêter l'ennemi par une audacieuse contre-attaque dans le flanc droit de ce dernier.

Il a mis cinq divisions (dont quatre en première ligne) et quatre groupements de chars d'assaut, aux ordres du général Mangin, avec mission d'attaquer, de l'ouest vers l'est, en partant d'un front compris, de façon générale, entra Le Ployron au nord et Wacquemoulin sur l'Aronde au sud.

Chacune des quatre divisions de première ligne doit être accompagnée d'un groupement de chars et entraîner, dans l'attaque, les éléments déjà déployés qu'elle trouvera sus le terrain. Le déclenchement de l'offensive est fixé à 10 heures, le 11, sans préparation préalable.

Ce même jour, l'ennemi a repris ses attaques dès la première heure et réalisé de nouveaux progrès en direction de Gonrnay sur l'Aronde. Mais cette avance même, qui l'amène plus au sud, rend son flanc droit plus vulnérable.

A l'heure dite, les quatre divisions du général Mangin se portent en avant dans un ordre parfait, avec les chars d'assaut, tandis que les tirs de barrage couvrent de leurs éclatements toute la zone d'attaque et notamment le vaste plateau qui s'étend à l'est de Méry.

Les progrès sont rapides à l'aile droite (48e et 165e divisions), plus lents à gauche, où l'artillerie allemande conserve quelque temps la supériorité et où l'infanterie adverse réagit plus violemment sur les 152e et 124e divisions.

L'avance réalisée dans la journée représente un gain assez important (trois kilomètres environ), mais le succès moral est considérable : l'élan de l'ennemi est brisé et la menace de la XVIIIe Armée d'autant mieux éteinte qu'au sud de l'Aisne, la VIIe Armée allemande vient de subir un échec au sud de l'Aisne, malgré la violence de ses attaques, sur la Xe Armée française.

Ce succès vaudra au général Mangin le commandement de la Xe Armée, dont le chef, général Maistre, sera lui-même placé à la tête du groupe d'Armées du Nord.

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