Journée du 19 juillet 2008, Villers-Cotterêts

Journée du 26 juillet 2008, Oulchy-leChâteau et Fère-en-Tardenois

2e BATAILLE DE LA MARNE (15_18 Juillet 1918 ).

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

 

LA PRÉPARATION DE LA CONTRE-OFFENSIVE

 

Aussitôt après l'arrêt de l'ennemi dans la poche de Château-Thierry, le général Foch s'était préoccupé d'organiser des zones de contre-offensive éventuelle, en riposte aux attaques que l'ennemi pourrait entreprendre encore ; il prévoyait, en effet, une nouvelle attaque allemande, soit sur le front anglais, soit sur le front français en Champagne, soit sur les deux à la fois.

Le 7 juin, il écrivait : "..... Il y a lieu, au point de vue offensif, de pouvoir développer, dés que le moment opportun sera venu, des actions offensives sur les parties du front de bataille qui ne seront pas sérieusement attaquées par l'ennemi. Ces actions offensives seraient à préparer, en particulier pour la Ve armée ; j'ai demandé au maréchal Haig de préparer et de développer éventuellement, au nord de la Somme, des actions analogues. "

Les projets d'attaque de la Ve armée commençaient à peine à prendre corps lorsque se produisit l'attaque allemande du 9 juin sur le saillant de Compiègne.

Arrêtée victorieusement au bout de quelques jours, tant sur le front de la IIIe armée que sur celui de la Xe, cette tentative de l'ennemi ne pouvait que déterminer le haut commandement français à persévérer dans ses intentions.

En vue de faciliter une action de contre-offensive dans la poche de Château-Thierry, le général Foch songe tout d'abord à y affaiblir l'ennemi en agissant sur ses communications par voies ferrées ; elles passaient toutes par le nœud de Soissons.

Le 14 juin, il écrit au général Pétain :

" J'ai l'honneur d'appeler votre attention sur l'importance du nœud de communications de Soissons.

" Il me semble indispensable que des instructions soient données, si ce n'est déjà fait, pour soumettre les ponts et le nœud de chemins de fer de Soissons à un bombardement méthodique et intensif, tant par avions que par canons à longue portée.

" Dans le même ordre d'idées, il y aurait intérêt, dés que les circonstances le permettront, à monter une action offensive ayant pour but de nous rendre maîtres des plateaux devant Soissons, à l'ouest, en vue d'interdire définitivement à l'ennemi ce point d'une importance capitale pour lui..... "

De son côté, le 16 juin, le général Pétain, après avoir insisté sur l'organisation de ces bombardements qui se poursuivaient d'ailleurs depuis plusieurs jours, dans la région de Soissons, invite le G. A. R. " à faire établir par la Xe armée le plan d'une action offensive ayant pour objet la reprise des plateaux qui dominent Soissons au sud-ouest.

L'action offensive définie ci-dessus sera montée en vue de reporter notre front au minimum sur la ligne jalonnée par Pernant, Missy-aux-Bois, Longpont. Cette action sera appuyée par l'artillerie d'assaut ( 1 à 2 régiments de chars légers).

Elle aura pour caractéristique essentielle la recherche de la surprise... "

Et le général Pétain indique comme moyens à employer : le camouflage des installations de batteries, etc..., la mise en place de l'infanterie au dernier moment, dans la nuit de J-1 à J, le déclenchement de l'attaque au point du jour, après une préparation courte mais extrêmement violente. En fait, c'est cette action du côté de Soissons qui a été le point de départ de la contre-offensive du 18 juillet.

La conception s'est progressivement élargie à mesure que les événements se déroulaient, jusqu'à entraîner l'intervention de deux armées, la VIe et la Xe.

Dans les journées des 17 et 18 juin, au cours de combats d'avant-postes à Haute-Braye (3 kilomètres nord de Vic-sur-Aisne.) et Montgobert, la Xe armée fait 530 prisonniers.

OPÉRATIONS PRÉLIMINAIRES DE LA Xe ARMÉE

 

Nous . avons vu que le général Mangin avait pris le commandement de la Xe armée le 16 juin.

Son plan d'action est prêt dés le 20.

A cette date, le front de la Xe armée, au sud de l'Aisne, était jalonné par le ravin d'Ambleny, Laversine, Coeuvres, Valsery ; il entrait ensuite dans la forêt de Retz (ou forêt de Villers-Cotterêts) dont il suivait sensiblement les lisières orientales, en laissant toutefois à l'ennemi deux saillants de la forêt, celui du Jardin (au nord de la route de Villers-Cotterêts à Soissons) au nord, celui de Longpont au sud ; entre ces deux massifs boisés était un couloir de 3 kilomètres menant, par la ferme Beaurepaire et Vaux-Castille, aux plateaux au sud de Chaudun.

Il était évident qu'il fallait préparer le débouché de la Xe armée en dégageant l'entrée du champ de bataille ; aussi le plan du général Mangin prévoyait-il une première opération préliminaire ayant pour but de créer une tête de pont à l'est du ravin profond et encaissé dans lequel se trouvent Ambleny, Laversine, Coeuvres et Saint-Pierre-Aigle. " Il s'agit, en effet, d'assurer un débouché facile et rapide à l'attaque et de permettre au mieux l'emploi des chars d'assaut."

En outre, ce plan envisageait l'exploitation du succès au delà de l'objectif assigné, si la Xe armée disposait des forces nécessaires.

Ces dispositions sont approuvées par le G. Q. G. le 22, sous la réserve que l'opération au nord de Chaudun sera limitée à une ligne allant de l'Aisne (région au sud de Fontenoy) aux têtes de ravin de Pernaut et de Saconin-et-Breuil, pour à la fois éviter de descendre dans les fonds, échapper aux tirs d'enfilade et couvrir le flanc gauche de l'attaque.

L'opération préliminaire à l'est de Coeuvres est exécutée le 28 juin avec un plein succès ; l'ennemi, complètement surpris, laisse entre nos mains 1.300 prisonniers ; nous occupons, à l'est de Laversine et de Cutry, les bords du plateau et, au nord de Saint-Pierre-Aigle, la hauteur 162 (les Trois-Peupliers), d'où l'on domine tout le pays.

La tête de pont a une profondeur moyenne de 1.500 mètres, sur une étendue de 7 kilomètres, de Saint-Bandry à Saint-Pierre-Aigle ; l'artillerie ennemie n'a réagi que faiblement au cours de la journée.

Deux contre-attaques, tentées par les Allemands entre 22 et 23 heures, échouent complètement.

A noter les opérations de détail suivantes : Le 30 juin, à midi, la Xe armée s'empare de toute la lisière ouest de Saint-Pierre-Aigle, en faisant une centaine de prisonniers et; le 2 juillet, elle occupe la totalité du village.

 

DÉVELOPPEMENT DU PLAN D'OFFENSIVE

 

Le 3 juillet, au nord de l'Aisne, la Xe armée livre les combats de Moulin-sous-Touvent et d'Autrèches qui lui rapportent 800 prisonniers. Ces opérations au nord de l'Aisne ont le gros avantage de détourner l'attention de l'ennemi de ce qui se prépare au sud de la rivière.

Le 5 juillet, le général Mangin expose l'état d'avancement des préparatifs de l'attaque et demande que les moyens d'exécution soient mis à sa disposition :

" La première phase va être terminée et la Xe armée se trouvera dans les conditions les plus favorables, en raison des circonstances actuelles, pour passer à l'attaque d'ensemble prévue. "

Il ajoute : " On est en droit de penser qu'une attaque se produisant sur les plateaux au sud-ouest de Soissons, dans les conditions où elle est envisagée par l'instruction du 16 juin, non seulement présenterait les meilleures chances de succès, mais pourrait encore comporter un certain développement résultant de l'exploitation immédiate de l'effet de surprise et visant la réduction de la poche de Château-Thierry. "

De son côté, le général Fayolle émet l'avis qu'il n'y aurait que de gros avantages à faire de suite l'opération prévue entre Soissons et Villers-Helon et à lui donner la plus grande extension possible.

Le général en chef répond le 8 juillet : " Il n'est pas douteux que cette opération non seulement présente les meilleures chances de succès, mais encore est susceptible d'une exploitation fructueuse ; de plus, elle constitue la parade la ~lus efficace à 1'offensive allemande imminente.

" En conséquence, elle doit être préparée dès maintenant en tous détails, de telle sorte que, le moment venu de passer à l'exécution, la concentration des moyens et le déclenchement de l'attaque puissent être réalisés dans un délai très court (quatre jours au maximum).

" L'exploitation éventuelle sera à développer en direction du sud-ouest, vers Oulchy-le-Château.

" Le plan d'action sera établi sur la base de 13 divisions (5 déjà à la Xe armée, 8 à recevoir); l'emploi du 2e corps de cavalerie sera prévu et préparé.

" La surprise constituant l'élément fondamental du succès, les précautions les plus minutieuses devront être prises pour garantir le secret.

" Les mouvements de concentration doivent pouvoir commencer le 15 juillet, si l'ordre en est donné. "

Entre temps, les 7 et 8 juillet, la Xe armée a livré les combats de Chavigny et de Verte-feuille (Chavigny, ferme au nord-ouest de Longpont; Verte-feuille, ferme au saillant nord de la, forêt, sur 1a route de Villers-Cotterêts à Soissons) dans le but de dégager le couloir de Longpont (400 prisonniers).

A noter ici que le 9 juillet, à la IIIe armée, un vaste coup de main exécuté sur la ferme des Loges et la ferme Parte rapporte 520 prisonniers.

Quelques jours après, à la Ire armée, nous reprenons Castel et la Fére-Anchin en faisant 600 prisonniers.

Ces opérations extérieures au front de la Xe armée sont très intéressantes, parce qu'elles contribuent à détourner l'attention de l'ennemi et à le laisser dans l'incertitude sur nos projets au sud de l'Aisne.

Dans la nuit du 10 au 11 juillet, prise de la ferme de la Grille (1 kilomètre ouest de I.ongpont) et de Corcy, en vue d'améliorer le débouché au nord et au sud de Longpont. Une centaine de prisonniers.

On pouvait craindre que ces opérations préparatoires, entreprises à la Xe armée depuis le 28 juin, dans le but d'ouvrir à l'attaque des débouchés faciles n'eussent pour conséquence de nous faire perdre le bénéfice de la surprise en ouvrant les yeux à l'ennemi et en l'entraînant à renforcer le front menacé.

En réalité, il n'en fut rien ; les Allemands, hypnotisés par la préparation de leur propre offensive (15 juillet), n'accordèrent que peut d'attention à toutes ces opérations locales et partielles, d'autant plus que celles-ci étaient exécutées par des troupes depuis longtemps identifiées par eux.

Pendant que ces évènements secondaires se déroulaient, l'idée du développement à donner à l'offensive dans la poche de Château-Thierry ne cessait de s'affirmer.

C'est ainsi que, dés le 8 juillet, le général Degoutte, commandant la VIe armée, établissait un plan audacieux d'attaque à exécuter entre Ourcq et Clignon avec les seuls moyens dont disposait son armée pour l'occupation du front.

Le lendemain, 9 juillet, le général Foch, dans une lettre adressée au général Pétain, combinait le projet d'offensive du G. A. R. avec l'intervention de la Ve armée :

" L'offensive préparée actuellement par la Xe armée en direction de Soissons peut avoir pour effet de rendre précaire la situation de l'ennemi dans la partie sud du saillant de Château-Thierry, du fait de l'interdiction des communications qui lui sont nécessaires.

" Mais cette opération de la Xe armée prendrait un intérêt beaucoup plus considérable si elle était conjuguée avec une autre action offensive exécutée entre Reims et Marne par la Ve armée. , " Ces deux attaques, exécutées simultanément contre les flancs de l'ennemi, pourraient, en effet, avoir pour résultat d'obliger celui-ci à évacuer tout le saillant de Château-Thierry dans des conditions très difficiles. "

 

PLAN D'ENSEMBLE DE LA BATAILLE

 

Nous avons vu qu'à partir du 10 juillet, le haut commandement français n'avait plus aucune incertitude sur l'imminence d'une attaque en Champagne et il savait que cette attaque n'étant pas conjuguée avec une attaque sur le front anglais, serait la seule à laquelle on aurait à faire face. C'est dans ces conditions que le général Pétain, après avoir organisé la bataille défensive en Champagne et sur le front de la Marne, prépare à son tour la contre-offensive du G. A. R.

Cette contre-offensive prend son ampleur définitive; elle sera exécutée, non seulement par la Xe armée, mais avec la VIe, tout au moins avec la partie de cette armée qui se trouve entre Marne et Ourcq, et aussi avec la Ve.

Son instruction du 12 juillet, adressée au G. A. R. et au G. A. C., s'exprime ainsi :

" Les moyens actuellement réunis au G. A. R. et au G. A. C., en vue de la bataille défensive permettent de monter rapidement une action offensive contre le saillant de Château-Thierry avec les Xe et VIe armées, d'une part, avec la Ve armée, d'autre part.

" Les attaques seront préparées dès maintenant par le G. A. R. et par le G. A. C. sur les bases suivantes :

" L'opération a pour but de réduire la poche de Château-Thierry en exerçant deux poussées latérales vers les plateaux situés au nord de Fére-en-Tardenois.

" Elle doit, comme bénéfice maximum, enlever à l'ennemi la libre disposition du nœud de communications de Soissons et améliorer le tracé de notre front entre Reims et la Marne (dégagement de Reims).

" Ces résultats seront obtenus :

" 1° En rompant le front ennemi :

" D'une part, au sud de l'Aisne, en direction générale d'Oulchy-le-Château, par la Xe armée et en direction du plateau sud de Breny, Armentières, par la VIe armée ;

" D'autre part, au sud de la Vesle, en direction générale d'Arcis-le-Ponsard, par la Ve armée.

" 2° En exploitant avec le maximum de rapidité la rupture produite sur chaque flanc de la poche, de manière à réaliser la jonction du G. A. R. et du G. A. C. dans la région de Fére-en-Tardenois.

" Les attaques au sud de l'Aisne seront menées par les Xe et VIe armées, agissant en liaison sous la direction commune du général commandant le G. A. R.

" La Xe armée sera chargée de l'effort principal.

" L'attaque au sud de la Vesle incombera à la Ve armée, sous la direction du général commandant le G. A. C. "

Cette instruction fixe ensuite les missions et les moyens attribués aux armées :

Xe Armée. - Les attaques se développeront entre Aisne et Ourcq, avec effort principal au centre vers le plateau de Chaudun et la crête de Villers-Hélon. Exploitation en direction d'Oulchy-le-Château.

Cette armée disposera d'un régiment de chars légers et de cinq groupements de chars Schneider et Saint-Chamond.

VIe Armée. - La VIe armée attaquera de l'Ourcq au Clignon, avec effort principal à gauche vers la région de Breny, Armentiéres, où elle se liera à la droite de la Xe.

Elle recevra un régiment de chars légers.

Ve Armée. - La Ve armée attaquera par les deux rives de l'Ardre, en appuyant sa droite aux hauteurs au sud de la Vesle, avec effort principal par le sud de l'Ardre, en direction d'Arcis-le-Ponsard.

Cette armée recevra également un régiment de chars légers. Elle devra être en mesure de passer en une nuit de son dispositif défensif au dispositif d'attaque.

Le préavis de l'attaque ne sera donné que quatre jours avant la date prévue pour son exécution. Les divisions d'attaque ne devront être mises ; en place que dans la dernière nuit. Le débouché des attaques se fera au point du jour, à la suite d'une préparation courte et violente. Il est entendu que si l'ennemi développe à très brève échéance les attaques qu'i1 prépare en Champagne et sur le front à l'ouest de Reims, le G. A. C. devra d'abord livrer sur place la bataille défensive, puis passer à la contre-offensive, lorsque l'effort de l'ennemi aura été brisé.

Dans une lettre du général Foch, adressée le lendemain au général Pétain, les mêmes idées sont énoncées ; cette lettre fait nettement ressortir, de son côté, les grandes lignes et les conséquences possibles de l'opération :

" En raison de l'ampleur des préparatifs de l'ennemi en Champagne, les armées alliées doivent être prêtes à soutenir la bataille avec l'ensemble de leurs disponibilités.

" Les opérations envisagées comporteront, de notre part, une bataille défensive et une contre-offensive.

" La bataille défensive doit viser l'arrêt de la poussée ennemie ; cet arrêt est à obtenir d'une façon certaine...

" La contre-offensive, c'est-à-dire l'offensive que vous vous proposez d'exécuter entre l'Aisne et la Marne, en direction de l'est constitue, en dehors de ses avantages propres, un moyen défensif qui peut être d'une efficacité supérieure. Elle est susceptible de neutraliser l'offensive allemande, à l'ouest de Reims ; de nous permettre, par conséquent, de consacrer toutes nos forces de la région de Chalons à la défensive à l'est de Reims.

" Cette opération, susceptible de grands résultats, est donc à monter dans tous les détails, de manière à pouvoir être déclenchée au moment voulu, à moins d'impossibilité absolue.

" Dans ce but, il y a lieu de réserver, tant qu'il sera possible, les forces destinées à l'offensive des Xe et VIe armées. "

De son côté, le général Fayolle précise le plan d'action :

" Si, comme on s'y attend, l'attaque principale de l'ennemi se produit entre Château-Thierry et Reims, le but de l'offensive de la Xe armée sera de la prendre à revers.

" Il en résulte que sa direction générale doit être Dommiers, Vierzy, Hartennes, Cramaille, Fère-en-Tardenois.

" Elle devra être couverte à gauche et à droite.

" Comme conséquence, le dispositif initial d'attaque doit présenter trois groupements : un groupement principal au centre, représentant la masse d'attaque, et deux groupements secondaires aux ailes, destinés à fournir par rabattements successifs les divisions de couverture de flanc.

" Les premiers objectifs sont :

" Pour la couverture de gauche, les plateaux au sud de l'Aisne, de part et d'autre de Saconin-et-Breuil ;

" Pour la masse centrale : au nord du massif boisé du Jardin, le plateau de Chaudun ; au sud du massif boisé, la coupure de la Saviére, de part et d'autre de Vaux-Castille.

" Pour la couverture de droite, la croupe de Villers-Hélon qui sera à envelopper et par Longpont et par Corcy.

" Ce premier résultat obtenu, les divisions de réserve seront aiguillées en direction d'Hartennes, la couverture se faisant, à gauche, le long de la Crise, par l'occupation des croupes au sud de Berzy, de Buzancy et de Chacrise ; à droite, en marchant de Villers-Hélon en direction d'Oulchy-le-Château.

" Aucune limite n'est assignée à l'attaque qui se développera en profondeur tant qu'elle aura les moyens de progresser.

" On ne peut prévoir dans quelle direction seront employés le corps de cavalerie ou ses divisions. Dès que la rupture du front sera obtenue dans une étendue suffisante, la cavalerie sera employée à élargir la trouée par débordement et rabattement sur les derrières de l'ennemi. Sa place de rassemblement initiale naturelle est au nord de la zone forestière, c'est-à-dire derrière la massé centrale d'attaque. "

Le plan d'ensemble se trouve ainsi définitivement arrêté et le général Pétain indique comme date de l'offensive le 18. Il n'y a plus qu'à mettre les moyens en place et à préciser aux différents corps d'armée leur mission particulière. C'est ce que fait le général Mangin dans son ordre du 14 juillet.

Cette concentration des moyens en quatre jours et leur mise en place à la Xe armée, devaient exiger un effort énorme, d'autant plus que, par prudence, il avait été prescrit que les mouvements se feraient de nuit pour ne pas éveiller l'attention de l'ennemi. Les éléments montés furent transportés par voie de terre, les éléments non montés en auto.

Ce même jour, 14 juillet, le général Fayolle prescrit que l'effort principal de la VIe armée se fera en direction de Passy-en-Valois, Neuilly-Saint-Front, Breny, entre l'Ourcq et le ru d'Alland ; il sera couvert à droite par l'occupation des hauteurs entre le ru d'Alland et le Clignon.

 

DERNIÉRES DISPOSITIONS

 

Le 15 juillet, dans une réunion à Versigny des commandants d'armées, les dernières dispositions relatives à l'attaque sont arrêtées.

Une note du G. A. R., qui les résume, recommande : " de ne pas viser Soissons, mais uniquement Fére-en-Tardenois, ce qui n'empêchera pas de profiter de toute occasion favorable pour refouler l'ennemi vers le nord. L'essentiel est de ne pas livrer deux batailles divergentes, l'une pour Soissons, l'autre pour Fére-en-Tardenois ".

Dans la soirée du 15, la Xe armée réalise encore une avance du côté de Saint-Pierre-Aigle et occupe le Jardin ; le lendemain 16, elle fait de nouveaux progrès au sud-est de Longpont en capturant 120 prisonniers.

Dans cette journée du 16, le général Degoutte établit, de son côté, son plan d'attaque. Cette armée comprenait trois corps : de la gauche à la droite, 2e corps, 7e corps, 1er corps américain. " L'attaque de la Xe armée sera appuyée à droite par une attaque de la VIe armée faisant son effort principal entre l'Ourcq et le ru d'Alland, pour atteindre d'abord la ligne Neuilly-Saint-Front, croupe au nord de Breuil, avec exploitation éventuelle en direction de Coincy, en liaison avec la Xe armée, vers Breny, Armentiéres.

" De même que le corps de gauche (2e) devra profiter de toute progression de la Xe armée pour pousser plus à fond dans les positions ennemies, de même les corps de droite (7e et 1er U. S.) devront exploiter toute progression du 2e pour accentuer leur mouvement en avant.

Quelque réduits que soient ses moyens, la poussée offensive de la VIe armée est aussi marquée qu'à la Xe, car Coincy est encore plus à l'est qu'Oulchy-le-Château.

Le 16, le Q. G. du G. A. R. vient s'installer à Lamorlaye (prés de Chantilly).

Le lendemain 17; la Xe armée établit le sien à Bonneuil-en-Valois et la VIe armée le sien à May-en-Multien.

Il ne reste plus qu'à fixer ne variatur le jour et l'heure du débouché.

Le 17 juillet, le général en chef confirme que l'attaque aura lieu le 18.

En ce qui concerne le débouché, le général Mangin a proposé de ne pas faire de préparation et de partir en surprise totale derrière le barrage roulant à 4 h. 35.

Ces propositions sont adoptées.

Quant à la VIe armée, comme son action est subordonnée à celle de la Xe armée, elle fera une heure et demie de préparation et le choix de l'heure de départ de l'infanterie lui est laissé. Bien entendu, le tir de préparation ne sera entamé qu'après le débouché de la Xe armée.

Tout se trouve ainsi réglé.

 

SITUATION GÉNÉRALE LE 17 JUILLET AU SOIR

 

Le 17 au soir, la situation des troupes est la suivante, du nord au sud :

Xe armée : Q. G. Bonneuil.

1er corps, de l'Aisne à Laversine.

Il a trois divisions en première ligne (dont deux doivent agir au sud de l'Aisne), une en deuxième.

Front d'action au sud de l'Aisne, 4 kilomètres.

20e corps, de Laversine à la route Villers-Cotterêts, Soissons (sud du Jardin).

Il a trois divisions en première ligne, une en deuxième.

Front d'action : 6 kilomètres, soit 2 kilomètres par division de première ligne.

C'est ce corps qui débouchera sur Chaudun.

30e corps. - Le 30e corps s'étend jusqu'à Corcy , en lisière de la forêt de Retz.

Il a deux divisions en première ligne, deux en deuxième ligne.

Front d'action : 6 kilomètres.

Ce corps débouchera de part et d'autre du ruisseau de la Savière (Longpont), en direction de Vaux-Castille, au nord, des hauteurs de Villers-Hélon, au sud.

11e corps. - Le 11e corps s'étend le long de la Savière, de Corcy au bois appelé le Buisson de Cresnes. Il a deux divisions en première ligne, une en deuxième.

Front d'action : 4 kilomètres.

Ce corps débouchera en direction des hauteurs de Chouy, entre la vallée du Gros-Chêne et l'Ourcq.

Plus au sud-est la VIe armée. Le point de jonction des deux armées se fait un peu au nord de l'Ourcq, entre Faverolles et Ancienville, laissant le Buisson de Cresnes à la VIe armée.

La masse principale d'attaque est représentée par les deux corps du centre, 20e et 30e, avec cinq divisions en première ligne, quatre en deuxième.

Cette masse débouchera droit devant elle , entre Missy-aux-Bois et Villers-Hélon, sur un front d'une dizaine de kilomètres, à raison de 2 kilomètres par division.

Les deux corps qui encadrent cette masse d'attaque, à gauche et à droite, sont chargés de couvrir ses flancs :

Le 1er corps, à gauche, en s'établissant face à l'Aisne, sur les plateaux qui dominent Soissons ; Le 11e corps, à droite, en cherchant à gagner les hauteurs de Chouy, entre la vallée du Gros-Chêne et l'Ourcq.

Là, la Xe armée entrera en liaison avec la VIe.

La masse d'attaque, après avoir enlevé le plateau de Chaudun et de Vierzy, prendra la direction générale de marche par les terrains découverts au sud, de la Crise. Direction générale : Vierzy, Hartennes, Orme du Grand-Rozoy, Fère-en-Tardenois. Le commandant de la Xe armée reste maître de l'engagement des divisions de deuxième ligne qui suivront en principe le sillage des C. A. auxquels elles sont rattachées, mais qu'il se réserve de pouvoir faire passer d'un corps d'armée à l'autre.

Il se réserve également l'emploi du corps de cavalerie qu'il engagera quand il jugera le moment venu.

La Xe armée dispose, pour appuyer et accompagner ses attaques, de plus de 470 batteries de tous calibres et de toute nature, dont 240 batteries de campagne et 230 d'artillerie lourde.

Elle a, en outre, à sa disposition 40 escadrilles ainsi que 9 compagnies de chars légers et 60 batteries de chars moyens, au total 375 chars.

VIe armée. - Q. G. : May~en~Multien.

Le 2e corps s'étend de l'Ourcq (plus, au nord de la rivière, le Buisson de Cresnes) au ru d'Alland.

Il a trois divisions en première ligne, une en deuxième.

Entre l'Ourcq et le ru d'Alland, le front est d'environ 6 kilomètres ; encore 2 kilomètres par division.

Ce corps débouchera en direction de Neuilly-Saint-Front.

Le 7e corps s'étend du ru d'Alland au Clignon. Il a ses deux divisions en première ligne, sans division en arrière.

Front : 5 kilomètres.

Direction d'attaque : l'Orme signal, la Grenouillère (hauteur entre le ru d'Alland et le Clignon).

Le 1er C. U. S. forme la droite de l'armée. Ce corps a également deux divisions en première ligne, sans division de réserve en arrière.

Il s'étend sur une grande longueur (près de 10 kilomètres), du Clignon à Vaux (4 kilomètres à l'ouest de Château-Thierry), mais il n'attaquera le 18 qu'avec la division de gauche sur Torcy et Belleau.

Dans la VIe armée, la masse d'attaque est à gauche ; elle est formée par le 2e corps qui attaquera en direction de Neuilly-Saint-Front, de façon à manœuvrer les hauteurs de Chouy par le sud, tandis que le corps de droite de la Xe armée les abordera de front.

La VIe armée dispose, de son côté, de 233 batteries, 28 escadrilles, 170 chars.

La mise en place des troupes ne fut terminée que dans la nuit du 17 au 18, au milieu de grosses difficultés occasionnées par un orage violent ; elle s'achevait à peine au jour levant, à l'heure fixée pour l'attaque.

Au cours de la nuit, l'ennemi n'avait donné aucun signe d'inquiétude et cependant, dans la nuit précédente, du 16 au 17, la Xe armée lui avait encore fait 350 prisonniers en cherchant à améliorer ses débouchés à l'est de la forêt de Retz.

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