Journée du 19 juillet 2008, Villers-Cotterêts

Journée du 26 juillet 2008, Oulchy-le-Château et Fère-en-Tardenois

L'ATTAQUE DU 18 JUILLET 1918, ENTRE SOISSONS ET L'OURCQ

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

 

Dès le commencement de juillet, alors qu'on s'attendait aux attaques des Allemands en Champagne, le haut commandement français avait prévu la bataille défensive qui s'imposait, mais aussi la contre-offensive presque immédiate.

Les renseignements recueillis donnaient à penser que l'attaque se produirait le 12 ou le 13 (elle eut lieu le 15), et le plan du général Pétain comportait les phases résumées ci-après :

1° Bataille défensive qui permettrait d'arrêter l'adversaire sur les positions principales des IVe et Ve armées, des deux côtés de Reims.

2° Contre-attaque immédiate pour réduire la poche où qu'elle se produise. Par conséquent cette contre-attaque devait venir de l'est, si le fléchissement s'accusait au sud-est de Reims (IVe armée). du sud, s'il se produisait au sud-ouest de Reims (Ve armée).

3° Contre-offensive de la Xe armée, de l'ouest vers l'est, dans le flanc et sur les derrières de l'ennemi, alors que celui-ci aurait engagé toutes ses réserves dans son effort principal vers la Marne. Cette contre-offensive devait, à cet effet, ne se déclencher que quatre jours après les contre-attaques locales indiquées ci-dessus.

Ces dispositions avaient reçu l'approbation du général Foch qui, le 9 juillet, avait prescrit, quels que soient les résultats de la bataille défensive une action de la Ve armée combinée avec la contre-offensive de la Xe et même de la VIe, pour obliger l'ennemi à évacuer le saillant de Château-Thierry.

Nous avons vu déjà, dans un tableau précédent, que l'attaque allemande se produisit le 15 juillet et nous avons décrit la bataille défensive de trois jours que soutinrent les IVe, Ve et VIe armées françaises, et au cours de laquelle l'ennemi réussit à s'enfoncer sur la Marne en créant une poche d'un contour allant à peu prés de Vrigny à Château-Thierry par l'est d'Oeuilly.

D'après le plan du général Pétain, c'était à la Ve armée qu'il appartenait d'attaquer immédiatement. Elle le fit dans les limites de ses disponibilités, c'est-à-dire partiellement ; mais l'effort d'ensemble se produisit le 18 juillet, c'est-à-dire en même temps que se déclenchait la contre-offensive de la Xe armée.

C'est cette action de la Xe armée que notre vue panoramique cherche à reproduire dans la journée du 18 juillet, date importante entre toutes, puisqu'elle marque le départ de l'effort gigantesque, qui devait conduire les Alliés à la victoire définitive

Le 12 juillet, une instruction nouvelle du général Pétain avait précisé l'action concentrée des deux groupes d'armées du Centre et de Réserve, en vue de réduire la poche de Château-Thierry.

Ces deux groupes devaient se rejoindre sur les plateaux du Tardenois. La Ve armée avait reçu comme objectifs successifs dans cette région, Ville-en-Tardenois et Ponsart plus au nord-ouest ; elle devait s'engager dans cette direction après avoir gagné la bataille défensive.

Quant à la Xe armée elle marcherait de façon générale vers Fère-en-Tardenois, en liaison à droite avec la VIe armée qui, pour la circonstance, passait au groupe de Réserve, et devait participer à l'offensive dans la mesure de ses moyens.

 

La concentration des éléments de la Xe armée commence dans la nuit du 13 au 14 : pendant le jour, on reste en station et masqué : les mouvements ne se font que par l'obscurité.

Les corps de première ligne, qui sont, du nord au sud, les 1er, 20e, 30e et 11e se préparent à attaquer le 18, sans modifier leurs dispositions apparentes ; mais pour chacun d'eux on a rapproché une ou deux divisions nouvelles pour les faire entrer en ligne dans la nuit du 17 au 18. C'est ainsi qu'ont été poussées : les 153e et 72e divisions derrière le 1er corps; - les 1re et 2e divisions américaines derrière le 20e ; - la 38e division derrière le 30e ; - les 5e et 41e divisions derrière le 11e. L'armée dispose, en outre, de nouveaux groupes d'artillerie, de trois bataillons de chars légers et de quatre groupement de chars moyens qu'elle répartira entre ses corps ou gardera avec sa réserve formée de quatre divisions (1re, 19e, 58e et 69e) et du 2e corps de cavalerie. Une division aérienne tiendra l'air

Le 17 dans la soirée, un télégramme du général Pétain se terminait ainsi : " le général commandant en chef compte que l'ardeur et l'énergie de tous feront du 18 juillet une belle journée. "

Ce fut, en effet, une journée mémorable.

A 4 h. 35 les troupes de première ligne sortent des tranchées précédées de leurs chars et l'assaut commence sans préparation d'artillerie préalable et simplement sous la protection de barrages qui se déplacent vers l'est en avant de l'infanterie au fur et à mesure de ses progrès.

Les VIe et Xe armées ont pris l'offensive de concert et tout marche à souhait, sauf peut-être à la jonction des deux armées, où le 2e corps (gauche de la VIe) et le 11e (droite de la Xe) ont de la peine à déboucher des bois au sud et au nord de l'Ourcq.

Le général Mangin a déjà fait avancer une partie de sa cavalerie, avec l'espoir de la lancer dans les brèches ; mais l'ennemi s'est ressaisi en beaucoup d'endroits et les escadrons se fondent sur la ligne avancée. La lutte augmente d'intensité sur tout le front , cependant, en dépit de cette âpreté, nos progrès continuent, plus lents peut-être, mais toujours méthodiques.

Aussi, dès le soir de ce premier jour de bataille, le gain réalisé représente une bande de terrain de près de 5 kilomètres de largeur entre l'Aisne et la Marne.

Les progrès vont s'accentuer les jours suivants, grâce aux renforts que le général Foch ne tardera pas à envoyer aux armées en opérations : quatre divisions dont deux américaines au groupe de Réserve et deux divisions britanniques à la Xe armée même.

Le 24 juillet, quatre de nos armées ont atteint les plateaux du Tardenois ; l'usure et la dépression morale de l'ennemi apparaissent déjà comme irrémédiable et la victoire est certaine à bref délai.

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