Journée du 9 août 2008, Montdidier

Journée du 23 août 2008, Péronne

3e BATAILLE DE PICARDIE ( Août 1918 ).

PRÉPARATION DE LA RÉDUCTION DE LA POCHE DE MONTDIDIER

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

LES PRÉPARATIFS DE RÉDUCTION DE LA POCHE DE MONTDIDIER

 

Le front n'était pas encore complètement stabilisé sur les contours de la poche de Montdidier que déjà le général Foch donnait des ordres pour la reprise de l'offensive.

Dans sa directive n° 2, du 3 avril, il écrivait :

 

" Du point de vue de nos intérêts, il nous faut éloigner le plus tôt possible l'ennemi :

" 1 ° De la voie ferrée Saint-Just, Breteuil, Amiens ;

" 2° Du nœud de chemins de fer d'Amiens; " Et pour cela :

" 1 ° L'attaquer au sud de la Somme dans la région de Montdidier ;

" 2° L'attaquer à cheval sur la Somme, de la Luce à l'Ancre.

" Nous poursuivrons ainsi, d'ailleurs, la réalisation des idées maîtresses qui ont dirigé jusqu'ici nos opérations : affermir la liaison des armées françaises et britanniques ; couvrir Amiens.

" D'autre part, sans prétendre à des buts décisifs, nous pouvons, grâce à la forme d'équerre de notre front, infliger à l'ennemi un sérieux échec.

" Enfin, notre offensive sur et au sud de la Somme est la meilleure parade à l'offensive de l'ennemi possible au nord de la rivière.

" Ces considérations amènent à fixer, ainsi qu'il suit, la tâche des armées alliées pour la prochaine période des opérations

: " 1 ° Aussitôt que possible, offensive des armées françaises dans la région de Montdidier, visant à dégager la voie ferrée Saint-Just, Amiens et mettant à profit la forme avantageuse de notre front pour rejeter l'ennemi vers l'est dans l'Avre et pousser vers le nord en direction de Roye ;

" 2° Offensive des armées anglaises à cheval sur la Somme, en direction de l'est, de la Luce à l'Ancre, visant à dégager Amiens.

" Il y aurait le plus grand intérêt à exécuter simultanément ces deux offensives dont les directions se conjuguent heureusement. "

 

Mais quelques jours après, le 11 avril, se produisait la deuxième attaque de l'ennemi dans la région d'Armentières, attaque qui entraînait la formation d'une deuxième poche, celle du Kemmel.

La majeure partie des réserves susceptibles de renforcer notre front sur le pourtour de la poche de Montdidier était dérivée vers le nord et l'attaque projetée entre Somme et Oise s'en trouvait naturellement retardée.

Cependant l'activité ne devait pas cesser de régner sur le front des Ire et IIIe armées et nous verrons ces deux armées constamment préoccupées d'améliorer leurs débouchés, à la Ire armée notamment, en cherchant à rejeter l'ennemi sur l'Avre.

C'est ainsi que la Ire armée reprend, le 18 avril, le bois Senécat en faisant 700 prisonniers.

 

 

GENÈSE DU PLAN D'OPÉRATIONS

 

Ce même jour, le général commandant le G. A. R. donne à la IIIe armée ses directives pour l'opération à préparer en vue de réduire par le sud la poche de Montdidier. Le premier but à atteindre sera de s'emparer du massif de Boulogne-la-Crasse, pour marcher ensuite en direction de Roye.

Le 24 avril, perte de Castel et de Villers-Bretonneux, mais le 26, cette deuxième localité est reprise par les Anglais, avec le concours de la division marocaine : 200 prisonniers.

Ce même jour, le général Foch revient sur la nécessité de hâter les préparatifs d'attaque :

" La protection du nœud de chemins de fer d'Amiens est assurée, à faible distance, par l'occupation du plateau de Villers-Bretonneux, qui est à maintenir à tout prix.

" L'attaque de la IIIe armée semble devoir améliorer cette protection en obligeant l'ennemi à reculer au sud de la Somme. Elle aura, en effet, pour résultat immédiat de dégager la région de Montdidier et, en se poursuivant au delà de l'Avre, elle aura pour second effet de couper les communications de l'ennemi au sud de la Somme.

" Enfin, elle aura l'avantage essentiel de ne pas laisser plus longtemps à l'ennemi l'initiative des opérations.

" Pour ces raisons, il importe au plus haut point que l'attaque de la IIIe armée soit préparée avec la plus grande activité, et que toutes les dispositions qui s'y rapportent soient hâtées et poussées aussi loin que possible.

Les préparatifs se poursuivent en conséquence, mais la difficulté reste toujours de trouver les moyens nécessaires. Les attaques successives de l'ennemi (poche de Château-Thierry, succédant à celle du Kemmel ; attaque du saillant de Compiègne; attaque du saillant de Reims) ne le permettront pas.

D'ailleurs, au cours des événements, les idées se modifieront au sujet du plan de réduction de la poche de Montdidier.

Quand cette opération sera enfin réalisée, en août, le rôle principal appartiendra, non plus à la IIIe armée, mais à la Ire. Toutefois, à ce moment, les études poursuivies par cette IIIe armée porteront leurs fruits et elle prendra, avec ses seuls moyens, une part active et brillante aux succès de la Ire.

Il est intéressant de suivre le développement des projets du haut commandement jusqu'au jour de l'exécution, au fur et à mesure que se dérouleront les événements.

28 avril au 3 mai. - Combat à Hangard (Ire armée) et au Mont-Renaud (IIIe armée), ainsi que sur la rive gauche de l'Avre (Ire armée); 300 prisonniers.

Le 9 mai, la Ire armée s'empare du parc et du village de Grivesnes ; 250 prisonniers.

14 au 18 mai. - Combats locaux à l'ouest de l'Avre (Ire armée) et dans la petite Suisse (IIIe armée) ; 300

prisonniers.

Le 20 mai, le plan de réduction de la poche de Montdidier est précisé par une note du général Foch, jointe à la directive générale n° 3.

Ce plan comporte une attaque combinée franco-anglaise : " Les opérations offensives entre l'Oise et la Somme ont pour but de dégager le chemin de fer Paris-Amiens et la région d'Amiens.

" Elles consisteront en deux attaques conjuguées, montées et conduites de manière à chasser l'ennemi de ses positions entre la Somme et Lassigny (nord de la petite Suisse).

" L'une (attaque du sud), partant du front . général Montdidier, Lassigny, aura pour premier objectif le cours de l'Avre, de Hargicourt et en amont jusqu'aux environs de Roye, en vue de déboucher le plus rapidement possible de l'Avre, vers le nord.

" L'autre (attaque du nord), partant en surprise du front général Sailly-le-Sec, Hangard, en direction de l'est, pour gagner au plus vite le front Morcourt, Harbonnières et s'assurer ainsi, vers le nord et vers l'est, une couverture suffisante et l'espace de manœuvre nécessaire, aura pour but de gagner la Luce en amont de Hangard jusqu'aux environs de Caix, en vue de déboucher, sans désemparer, de la Luce vers le sud.

" Ces deux attaques, reliées par une pression à exercer par la Ire armée sur le front de Montdidier à Moreuil, se poursuivront ensuite entre Avre et Luce, contre la route Amiens, Roye.

" L'attaque du sud sera exécutée par la IIIe armée et par la droite de la Ire ...

" En vue de combiner ses effets avec ceux de l'attaque du nord, la gauche de l'attaque du sud devra, non être arrêtée en couverture sur l'Avre, mais pousser violemment vers le nord, après avoir atteint cette rivière.

" L'attaque du nord sera exécutée par la droite de la IVe armée britannique et par la gauche du G. A. R.

" Cette attaque, à déclencher par surprise et spécialement montée pour cela, visera :

" 1 ° A s'assurer l'espace nécessaire à la manœuvre envisagée en conquérant, par une marche rapide couverte par la Somme, au nord, le plateau entre Somme et Luce jusqu'aux ravins de Morcourt et d'Harbonnières sur lesquels sera assurée ultérieurement la couverture vers l'est de cette manœuvre.

" 2° Grâce à cette avance, à aborder la Luce sur un vaste front et à la franchir le plus rapidement possible pour en déboucher vers le sud contre la route Roye-Amiens.

" Il est évident que les deux attaques du nord et du sud devront, pour pouvoir réagir efficacement l'une sur l'autre, non seulement être conjuguées dans leurs directions, mais aussi être étroitement combinées dans le temps.

" ... Comme, d'autre part, l'attaque du sud disposera de plus de forces et d'une base beaucoup plus large que celle du nord, et que celle-ci repose avant tout sur la surprise et sur la vitesse, il semble indiqué que la première précède la seconde de un ou deux jours. "

Le général commandant le G. A. R. établit un plan en conséquence et l'envoie au général Pétain qui l'approuve le 26 : " Le G. A. R. poursuivra les études et travaux précédemment entrepris en vue de rendre possible l'exécution de ces offensives à partir du 15 juin, après préavis de dix jours. "

27 mai. - Mais, sur ces entrefaites, se produit la troisième attaque allemande sur l'Ailette ; elle entraîne la formation de la poche de Château-Thierry et l'offensive entre Somme et Oise se trouve une fois de plus retardée, d'autant plus qu'à cette troisième attaque va succéder quelques jours après, le 9 juin, l'attaque sur le saillant de Compiègne. Toutes nos disponibilités sont à nouveau absorbées.

Toutefois, l'activité ne diminuera pas sur le front des Ire et IIIe armées.

Le 28 mai, la Ire armée s'empare de Cantigny avec la 1re division américaine; 250 prisonniers.

30 mai au 1er juin. - De son côté, la IIIe armée livre au Mont-de-Choisy une série de combats locaux qui lui rapportent une centaine de prisonniers.

9 juin. - Attaque allemande sur le saillant de Compiègne, arrêtée par la contre-attaque du 11.

9 juillet. - Un mois après, dans un vaste coup de main, la Ire armée s'empare de la ferme des Loges et de la ferme Porte (4 kilomètres sud-ouest de Marquéglise), en faisant 520 prisonniers.

Le 12 juillet, à la Ire armée, reprise de Castel et de la ferme Anchin (2 kilomètres ouest de Moreuil) ; 600 prisonniers.

Le 23 juillet, dans une opération parfaitement préparée et très bien conduite, exécutée par les seules troupes du front, la Ire armée enlève les villages d'Aubvillers, Sauvillers, Mailly-Raineval et pousse sa ligne avancée jusqu'au bord du plateau qui domine l'Avre ; 1.850 prisonniers avec 5 canons.

24 juillet. - Le général Foch n'a pas perdu de vue le projet de réduction de la poche de Montdidier, qu'il poursuit depuis avril, et quand il voit se développer les heureux résultats de la contre-offensive entamée le 18 juillet avec les Xe et VIe armées il prescrit, dès le 21, " de regrouper sans retard des divisions fatiguées, retirées du front de bataille, d'abord en arrière de la gauche du G. A. R., puis en arrière du centre de ce groupe d'armées.

Le 24, dans un mémoire adressé aux commandants en chef des armées alliées, il écrit :

" Les armées alliées arrivent au tournant de la route ; en pleine bataille, elles viennent de reprendre l'initiative des opérations ; leur force leur permet de la conserver ; les principes de la guerre leur commandent de le faire.

" Le moment est venu de quitter l'attitude générale défensive, imposée jusqu'ici par l'infériorité numérique, et de passer à l'offensive.

" Le programme des actions offensives prochaines s'établit ainsi qu'il suit :

" 1 ° Opérations visant le dégagement des voies ferrées indispensables aux manœuvres ultérieures des armées alliées;

" a) Dégagement de la voie ferrée Paris-Avricourt dans la région de la Marne. C'est le résultat minimum à obtenir de l'offensive actuelle ;

b) Dégagement de ' la voie ferrée Paris-Amiens par une action combinée des armées britanniques et françaises ;

" c) Dégage ment de la voie ferrée Paris-Avricourt dans la région de Commercy par la réduction du saillant de St-Mihiel. Opération à préparer sans retard et à entreprendre par les armées américaines, dés qu'elles disposeront des moyens nécessaires.

" 2° Opération visant à dégager la région des mines du nord et à écarter définitivement l'ennemi de la région de Dunkerque et Calais."

C'est, avec la reprise de l'initiative des opérations, la préparation de la réduction de toutes les poches : Château-Thierry, Montdidier, Saint-Mihiel, le Kemmel.

Le 26 juillet, le général Pétain répond, en ce gui concerne la poche de Montdidier :

" J'estime, avec les généraux commandant le G. A. R. et la Ire armée, que le résultat peut et doit être obtenu à très bref délai pour profiter de la situation délicate où l'affaire du 23 juillet, sur la rive gauche de l'Avre, a placé l'ennemi et du fait que son attention est attirée vers le secteur Soissons, Reims par la bataille en cours. Le général Debeney aura, dès le 10 août, les moyens nécessaires. "

Pour dégager Amiens par une offensive anglo-française et obliger l'ennemi à évacuer la poche de Montdidier, il était indispensable d'organiser un commandement ; unique. Le général Foch décide que ce commandement sera exercé par le maréchal Haig.

Initialement, les deux corps de gauche de la Ire armée (31 e et 9e) devaient seuls prendre part à l'opération, mais le général commandant le G. A. R., estimant qu'il n'y avait que des avantages à y faire participer le corps de droite (10e), engage également ce dernier corps d armée dans l'attaque envisagée. Bien plus, pour faciliter l'enlèvement de Montdidier par débordement au nord et à l'est, il rattachera, le 1er août, le corps de gauche de la IIIe armée (35e) à la Ire armée.

Le 29 juillet, le maréchal Haig envoie à la Ire armée le plan d'ensemble arrêté pour l'offensive franco-britannique :

" Dégager Amiens et le chemin de fer Paris-Amiens ; atteindre d'abord la ligne Méricourt,

Harbonnières, Caix, Quesnel, Hangest-en-Santerre ;

" Pousser la IVe armée britannique, appuyant sa gauche à la Somme, en direction générale de Chaulnes ;

" Pousser la Ire armée française, appuyant sa droite sur l'Avre, en direction générale de Roye. "

Le 31 juillet, le général Debeney donne ses ordres.

La Ire armée comprend trois corps :

Le 31e (gauche), le 9e (centre) et le 10e (droite).

Le corps de gauche, débouchant entre Avre et Luce, attaquera, en union avec la droite anglaise, en direction de Hangest-en-Santerre, Erches, Roye ;

Le corps du centre forcera les passages de l'Avre, de part et d'autre de Braches et formera tête de pont au delà de la rivière de façon à favoriser le débouché du corps de droite ;

Le corps de droite, franchissant à son tour la rivière à Pierrepont et au sud, attaquera en direction de l'est, vers Roye. Comme l'attaque est concentrique, ce corps cherchera la liaison avec le corps de gauche entre Davenescourt et Hangest-en-Santerre et, quand cette liaison sera obtenue, le corps du centre passera en réserve.

Le 1er août, le corps de gauche de la IIIe armée est rattaché à la Ire armée, en vue de mettre sous le même commandement les deux corps qui feront tomber Montdidier par encerclement, le 10e par le nord, le 35e par l'est.

 

 

LE RETRAIT ALLEMAND DERRIÈRE L'AVRE

 

3 août. - Sur ces entrefaites, les Allemands sentant combien leur situation sur la rive gauche de l'Avre est aventurée depuis la perte des villages d'Aubvillers, Sauvillers, Mailly-Raineval, se retirent derrière l'Avre.

La Ire armée les suit de prés et réoccupe les villages de Fontaine-sous-Montdidier et de Mesnil-Saint-Georges en faisant une centaine de prisonniers.

Le plan d'opérations se développe de plus en plus du côté de la IIIe armée.

Le 5 août, le général commandant le G. A. R., dans une note adressée aux Ire et IIIe armées prévoit les conséquences que l'opération pourra avoir du côté de la petite Suisse :

" Dans la bataille en préparation, le rôle de la Ire armée est tout d'abord de flanquer et de couvrir la droite des Britanniques en progressant entre l'Avre et la route Amiens-Roye ; mais la direction même de la gauche de la Ire armée conduit à donner à la bataille dans le champ français une extension beaucoup plus grande, visant à :

" 1 ° Faire tomber la ligne de l'Avre ;

" 2° Réoccuper Montdidier ;

" 3° Faire tomber la petite Suisse, en la manœuvrant par le nord; ou tout au moins préparer cette manœuvre par l'occupation de la ligne Rollot-Roye.

" Il résulte de là que la Ire armée doit constituer deux masses de manœuvre :

" 1 ° L'une, principale, - c'est celle qui est prévue -, débouchant entre l'Avre et la Luce .

et prenant l'Avre à revers ,

" 2° L'autre, secondaire, débouchant entre Montdidier et Rollot.

" Cette dernière sera formée par le 35e corps, renforcé d'une division, la 46e, mise dés maintenant à la disposition de la Ire armée, et, si les événements qui se déroulent entre Vesle et Aisne le permettent, par une deuxième division fraîche.

" C'est sur ces bases que le commandant de la Ire armée doit élargir son front d'attaque.

" Pour en faciliter l'exécution, la IIIe armée a été invitée à constituer, sur sa gauche, une masse d'artillerie lourde longue, destinée à agir contre le massif de Boulogne-la-Grasse et couvrir ainsi la droite du 35e corps. " En outre, cette armée doit exécuter, en union avec l'action du 35e corps, à l'est de Montdidier, un vaste coup de main susceptible d'exploitation et ayant pour premier but la conquête de la longue croupe : Méry, Lataule, cotes 124 et 116 et la ferme Porte.

" L'action entre Montdidier et le massif de Boulogne-la-Grasse s'en trouvera dans tous les cas facilitée.

Le 6 août, le général Debeney donne l'ordre d'attaque :

Le jour J. est fixé au 8 août. La préparation d'artillerie commencera à l'heure H, qui sera indiquée le 7 au soir.

Le 31 e corps , attaquera a H. plus 45' ;

Le 9e, à H. plus 4 heures ;

Le 10e, aussitôt que les progrès du 9e le permettront ;

Le 35e corps , lui, reste à la disposition du commandant de l'armée ; il n'attaquera que lorsque l'ordre lui en sera donné et ce ne sera probablement que le lendemain 9 août. " Les attaques seront conduites avec la préoccupation unique de réaliser la plus grande rapidité dans la succession des bonds en avant. " Une fois le front rompu, les unités devront marcher sur les objectifs et suivant des directions déterminées.

" Une fois un objectif enlevé, sans aucun délai, passer à l'attaque du suivant.

" Les points d'appui seront attaqués par débordement.

" Il n'y a pas à chercher d'alignement et il est interdit de s'arrêter pour attendre la division voisine ; la liaison est établie par de faibles détachements.

Les mouvements seront prévus et préparés. " Les généraux de division marcheront prés de leurs réserves de division, feront serrer les réserves de régiment et d'infanterie divisionnaire et exigeront qu'on les emploie à nourrir l'attaque et non à faire des dépassements.

Notons que la division aérienne a été mise à la disposition du G. A. R. Le 7, elle reçoit l'ordre suivant :

" Jusqu'au jour fixé pour l'opération de la Ire armée, la D. Aé. s'efforcera avant tout de dissimuler sa présence ; elle n'enverra aucun avion sur les lignes.

Le jour de l'opération et jours suivants, s'il y a lieu, le général commandant la D. Aé. fera agir, d'après les ordres du général commandant la Ire armée, le maximum de forces dans la bataille livrée par cette armée.

" II prendra de suite les ordres du général Debeney.

" Il se réservera la possibilité d'agir avec une partie de ses forces, à partir du 10 août, pour le compte de la IIIe armée, avec laquelle il entrera de suite en liaison. "

Ce même jour, le 2e corps de cavalerie est également remis à la disposition de la Ire armée.

" Ce corps de cavalerie ne peut déboucher entre Luce et Avre, ni franchir cette dernière rivière. " Son entrée dans le champ de bataille est par la région de Montdidier, notamment entre Montdidier et le massif de Boulogne-la-Grasse, à la suite du 35e corps.

" Zone d'action : entre Roye et Lassigny. " Direction générale : Noyon, prenant ainsi à revers l ennemi , qui fait face à la IIIe armée.

" Il en résulte que son stationnement doit être pris dans la région de St Just ...

" Il appartiendra au général commandant la Ire armée de rapprocher le 2e corps de cavalerie du front de bataille, à mesure que notre progression se développera et d'apprécier le moment où il pourra dépasser l'infanterie avec des chances de succès suffisantes. "

Enfin, le 7 août, l'intervention de la IIIe armée dans la bataille est ordonnée :

" L'intervention de la IIIe armée dans la bataille, sous la forme prévue, doit se produire le lendemain de l'attaque du 35e corps, c'est-à-dire en principe le 10 au matin. "

 

SITUATION GÉNÉRALE LE 7 AOÛT

 

Le 7 au soir, la situation de la Ire" armée est la suivante :

Q. G. de l'armée à Conty.

Liaison avec la IVe armée britannique (Rawlinson) à Domart-sur-la Luce.

Axe de liaison avec cette armée au cours de l'attaque, la route en ligne droite d'Amiens à Roye.

31e corps. - Le 31e corps s'étend de Domart au sud de Moreuil.

Dans sa zone de départ, entre Luce et Avre, c'est-à-dire entre la route d'Amiens à Roye et Castel sont massées quatre divisions : deux en première ligne, deux en deuxième ligne. C'est la masse principale d'attaque. Front : 4 kilomètres. Une cinquième division est le long de l'Avre, entre Castel et Moreuil.

9e corps. - Du sud de Moreuil au nord d'Hargicourt ; deux divisions en première ligne, aucune en deuxième.

l0e corps. - Du nord d'Hargicourt au Monchel (sud de Montdidier) ; trois divisions en première ligne ; aucune en deuxième.

35e corps. - Du Monchel à Courcelles ; deux divisions en première ligne, une en deuxième. C'est la masse secondaire d'attaque.

En réserve générale d'armée, deux divisions d'infanterie, sur la Noye; en arrière du front Moreuil, Hargicourt, et le corps de cavalerie (une division au nord, derrière le 31e corps, les deux autres au sud, entre Breteuil et Saint-Just).

Le 31e corps a à sa disposition 154 batteries, dont 85 lourdes.

Le 9e corps a à sa disposition 116 batteries, dont 63 lourdes.

Le 10e corps a à sa disposition 56 batteries, dont 29 lourdes.

Le 35e corps a à sa disposition 86 batteries, dont 32 lourdes.

2 bataillons de chars légers sont avec le 31e corps.

Directions d'attaque : au nord, cotes 110, 104, Hangest-en-Santerre, Erches, Roye ; au sud, Rubescourt, Assainvillers, Faverolles:

La IIIe armée ne comprend que des divisions depuis longtemps en secteur ou sortant de la bataille et transportées en arrière de son front pour s'y reconstituer.

Cependant, elle prendra une part très active à la réduction de la poche de Montdidier, en agissant en tenaille avec la Ire armée.

Entre le 35e corps, qu'elle a passé à la Ire armée, et l'Aisne, elle comprend deux corps d'armée : le 34e et le 15e corps.

Le 34e corps s'étend de Courcelles à Antheuil. Il y a quatre divisions en première ligne, sur un front de plus de 12 kilomètres, et aucune en deuxième ligne.

Le 15e corps s'étend d'Antheuil à l'Oise, avec trois divisions en première ligne, aucune en deuxième.

La IIIe armée comprend encore un corps d'armée, le 18e, mais qui est sur l'autre rive de l'Oise.

Ce corps a deux divisions en première ligne, aucune en deuxième.

En réserve d'armée, une seule division, la 1re. L'idée générale qui présidera aux manœuvres de la IIIe armée sera de faire tomber la petite Suisse en la débordant par l'ouest. A cet effet, le 34e corps, tout en se liant à gauche avec la Ire armée, progressera vers le front Boulogne-la-Grasse, Conchy-les-Pots, Roye-sur-Matz.

Le 15e corps marchera en direction générale de Lassigny, par sa gauche.

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