Journée du 06 septembre 2008, Base de Reims (51)

L'AVIATION FRANÇAISE DE BOMBARDEMENT, EN JUILLET 1918

Merci à Monsieur Jean Vedovati, qui nous a transmis ce texte extrait, de "L'Aviation Française de Bombardement", édité chez Paul Hartmann, en 1939.

 

Nous avons choisi, comme illustration de l'emploi du Bombardement, les combats de juillet 1918, sur la Poche de Château-Thierry.

1918. L'ACTION PAR MASSES DU BOMBARDEMENT

 

..... Le nouveau secteur du Tardenois a vu augmenter, dans des proportions inattendues, l'activité de la voie ferrée qui suit le cours de l'Aisne. Neufchâtel-sur-Aisne, Asfeld-la-Ville, pour les lignes qui vont vers Rethel et Montcornet, Guignicourt, Amifontaine, La Maison Bleue pour la direction Reims-Laon sont surchargées, encombrées de matériel de toute sorte, de trains de troupes, de convois de munitions. Le grand repère de la vallée de l'Aisne, et par la suite, les éléments de défense antiaérienne concentrés aux points sensibles, permettent des opérations souvent fructueuses et de difficulté moyenne.

Pendant ce mois de juin 1918, la reconnaissance nocturne prend un très grand développement. L'importance des renseignements recueillis chaque nuit est telle que le Commandement décide de mettre une escadrille par Groupe de nuit à la disposition de chaque armée. Ces formations se spécialiseront dans la reconnaissance nocturne et rapporteront souvent des indications d'un intérêt considérable. C'est le 21 juin que cette réforme est adoptée.

Quelques indications quantitatives sur les opérations. En liaison avec l'action déclenchée sur Soissons, nous trouvons 7 bombardements de nuit dans ce secteur, du 7 juin au 18 juillet. Même nombre d'interventions pour la région de Fismes, les vallées de la Vesle et de l'Ardre. 5 expéditions sur Fère-en-Tardenois ; 3 sur les gares de Guignicourt et de la Maison Bleue (ligne de Laon dont la station est atteinte une fois). Une mission sur Asfeld-la-Ville, Coucy-les-Eppes, Vervins et Marles.

Les gares de la Champagne les plus souvent attaquées sont Amagne-Lucquy (4 expéditions), Le Châtelet-sur-Retourne (5) Juniville (4), Attigny, Challerange, Vouziers.

Les missions lointaines se sont portées sur les gares de Saint-Quentin, Tergnier, Mézières, Mohon (2).

Nos avions ont attaqué les terrains de Bonnemaison (deux fois) de Cramaille, de Mont-Saint-Martin et de Fismes.

Enfin pendant cette période si active un seul de nos équipages est resté dans les lignes de l'adversaire.

Ce pourcentage de pertes est, lui aussi, extrêmement faible. Les équipages sont très entraînés. Ils opèrent dans des secteurs qui leur sont familiers. Le système de balisage nocturne des routes aériennes, simple mais complet, fonctionne à merveille. Les moteurs Renault des Voisin donnent satisfaction.

Les Bombardiers nocturnes connaissent un véritable passage de chance. Ils ont pris l'habitude d'effectuer leurs tirs à basse altitude et obtiennent des résultats satisfaisants. Il n'est plus d'expédition ou un et même plusieurs incendies ne soient allumés. La défense anti-aérienne allemande par le canon n'obtient guère de succès. Nombreux sont, au contraire, les avions qui reviennent atteints de balles de mitrailleuses tirées de terre. Par un heureux hasard elles se logent toujours dans les plans ou la carlingue sans entraîner d'accidents graves. Il n'en sera pas toujours ainsi.

 

d) Bataille de Champagne (15-17 juillet).

 

Le Commandement allemand joue sa dernière carte. Il tentera de rompre le centre français, en Champagne. par une action lancée en direction de Châlons pour couper en deux les armées françaises et isoler le secteur oriental du front. L'attaque principale sera déclenchée du fort de la Pompelle à la main de Massiges, sur une distance de 40 kilomètres environ.

Une poussée secondaire s'exercera, en même temps, le long de la Marne, de Château-Thierry à la Montagne de Reims. L'État-Major allemand n'attend pas des résultats décisifs de cette manœuvre. En cas de succès, il espère toutefois que la route de Paris s'ouvrira enfin devant ses troupes victorieuses

Cette fois, notre adversaire ne bénéficie pas de la surprise. Ses concentrations ont été aperçues par nos reconnaissances aériennes. Les Nocturnes ont relevé de multiples indices faisant prévoir l'offensive. Quant à notre État-Major, il voit enfin se vérifier l'hypothèse qu'il a échafaudée, nous l'avons vu, quatre mois auparavant.

Le 15 juillet la 4e Armée française règle, dès le premier jour, le sort de l'effort principal en Champagne. Après un repli volontaire des troupes de première ligne qui ont laissé des îlots de résistance judicieusement aménagés, les Allemands se heurtent à une seconde position qui brise leur assaut et leur cause d'effroyables pertes. Ils battent en retraite le soir même.

La diversion entre Château-Thierry et la Montagne de Reims obtient plus de succès. Quelques colonnes réussissent à passer la Marne, menaçant Épernay. De sanglants combats s'engagent et que marqueront des interventions efficaces du Bombardement de jour. Les 6e et 10e Armées françaises contre-attaquent avec fureur. Le 17, les Allemands repassent la Marne. Ils ont perdu la guerre. L'initiative des opérations leur échappe et passe aux Alliés. L'ère des offensives allemandes est close. La grande bataille de la Délivrance s'engage. Elle ne cessera plus jusqu'au 11 novembre.

Mais, pendant deux jours, les deux adversaires ont fait des prodiges. Faut-i1 rappeler le sacrifice des mitrailleurs français de Champagne restés sur leurs positions et condamnés d'avance - ils périrent dans la proportion de 9 sur 10 - mais qui brisèrent l'élan de l'infanterie allemande, la décimèrent et la laissèrent épuisée, découragée quand elle se heurta aux positions principales ? Sur la rive gauche de la Marne l'infanterie résistait avec autant d'acharnement à des unités animées d'une volonté désespérée et décidées à vaincre ou à mourir. De formidables concentrations d'artillerie donnaient de chaque côté. Spectacle inoubliable des nuits du 14 au 15, du 15 au 16 juillet. Nos Nocturnes découvraient la plus fantastique vision qu'il ait été donné de contempler depuis le début de la guerre. De la Marne à l'Argonne, sur 10 kilomètres de profondeur, tout brûlait. D'immenses espaces apparaissaient comme des mers de flammes. Les villages flambaient comme des torches. Reims sombrait dans la fumée. Partout des dépôts de munitions s'embrasaient. Dans ces remous de feu, traversés d'explosions rapides, au-dessus de l'effroyable piquetage rouge des départs et des arrivées d'obus, les lueurs tremblotantes des fusées jetaient une clarté blanchâtre et qu'on eût dit irréelle.

Il convient de rendre hommage à l'héroïsme inhabituel et surhumain qu'Allemands et Français témoignèrent à l'envi dans la bataille aérienne dont l'acharnement ne le céda en rien aux actions terrestres. Des deux côtés, les hommes en lutte comprenaient que leur destin, celui de nombreuses générations, se jouait aux abords de cette Marne paisible dont le cours tranquille semblait s'étonner des fiévreuses agitations des mortels. Cette fois encore, le Bombardement de jour lancé par masses dans la mêlée oubliait toute préoccupation de tactique. Les Escadres partaient, attaquaient à basse altitude, revenaient à leurs centres, faisaient le plein d'essence et de bombes avant de s'engouffrer à nouveau dans la fournaise. L'artillerie anti-aérienne éclaircissait leurs rangs. Les chasseurs allemands attaquaient avec une sorte de fureur désespérée, des combats sans merci se livraient dans tous les coins du ciel. Les survivants, avant de quitter cet enfer de feu mitraillaient encore tout ce qu'ils apercevaient sur le sol. De leur côté les Allemands engagèrent, de jour, leurs lourds avions de bombardement de nuit.

Une inhabituelle clémence du sort, d'ordinaire si cruel, voulut que les pertes ne fussent pas excessives. Elles furent malheureusement lourdes de part et d'autre, mais elles auraient pu être effroyables. Il est à remarquer, dans les circonstances d'une gravité exceptionnelle, que le courage de l'homme se trouve parfois récompensé par le destin. Les actions désespérées le font hésiter et, de ce court répit, profite la volonté de vivre, pour dérober à la mort ses victimes.

* * *

Nous avons vu que les premiers jours de juillet sont marqués, dans le travail de réorganisation du Bombardement, par l'apparition de l'Escadre 13 (jour) confiée au commandant des Prez de la Morlais.

A la même époque l'aviation offensive allemande est reconstituée. L'adoption de nouveaux types d'avions mis au point selon les derniers progrès de la technique la rend infiniment redoutable, et surtout à nos Bréguet.

Ils ont rencontré (Rapport du 5 juillet du commandant de la Division aérienne sur l'Aviation allemande) le terrible biplan Fokker D. 7 de 160 CV. qui constitua bientôt, dans la proportion des deux tiers, l'aviation de chasse allemande. Très maniable jusqu'à 6.000 mètres, il était au moins équivalent, par sa vitesse horizontale et ascensionnelle, à notre Spad XIII. A la fin de la guerre, le Siemens-Schuckert de chasse lui était encore supérieur. L'un et l'autre surclassaient nettement le Bréguet. Cette considération préliminaire est essentielle. Elle explique, en grande partie, l'extraordinaire furie de nos adversaires, le mordant de leurs attaques et, au moins en partie, l'amplitude de nos pertes.

Le 15 juillet l'aviation allemande de Bombardement paraît en plein jour, sur la Marne avec sa 1re Escadre.

A ce moment, l'action de notre Bombardement se concentre sur les ponts de la Marne, abandonnant aux escadrilles de nuit l'action sur le secteur principal d'opérations. Qu'étaient ces fameux ponts de la Marne ? Des passerelles, des ponts de bateaux immergés pour échapper aux photographies des reconnaissances aériennes, qui les repérèrent cependant, des jonctions établies avec une rare habileté. Les troupes, les convois, paraissaient passer sur l'eau. Il était donc très difficile d'atteindre des objectifs peu visibles et que seule signalait l'activité de l'adversaire ou le franchissement même du fleuve. Douze ponts avaient été ainsi jetés par les Allemands.

Il nous faut insister sur cette opération aérienne contre les ponts de la Marne. Non seulement elle a mis en action des effectifs considérables, mais elle s'est effectuée dans des conditions inhabituelles.

Depuis plusieurs jours, le Bombardement attendait l'attaque. Les chefs de nos unités avaient fait comprendre à tous les équipages l'exceptionnelle gravité de la situation. La Marne forcée, l'invasion grise déferlait à nouveau sur nos plaines. Notre armée risquait d'être coupée en deux, Paris était menacé. Loin de cacher le péril de la situation, les commandants de nos forces aériennes en avaient au contraire souligné tous les aspects. Ils avaient trouvé, auprès de tous les exécutants, la compréhension la plus entière, une volonté froide, une résolution implacable d'empêcher à tout prix la réussite du plan allemand.

Le 14 au soir, les escadrilles qui vivaient dans un état de tension extrême furent prévenues que le moment décisif approchait. Dans la nuit, la préparation d'artillerie, que nos tirs de contre batterie avaient prévenue de quelques heures, confirmait les renseignements reçus.

Et l'aube du 15 juillet se leva. une aube grise, morose. Un ciel couvert, des nuages bas, de rares éclaircies. Le temps ne se découvrira que le soir.

Les ordres donnés par le général Duval évoquent le tragique de la situation. Chasse et Bombardement opèrent à part. En clair, cela signifie que le Bombardement de jour devra se tirer d'affaire lui-même.

A la 1re Brigade de Goys, l'Escadre 1, de chasse, " prendra dès le début de l'action, l'ascendant sur l'ennemi par une action offensive en force contre ses avions d'observation, les drachens et les avions de chasse qui les protègent, conduite de façon à porter le combat dans les lignes ennemies. "

Quant à l'Escadre 12, " à 8 heures 10, elle prendra l'air pour bombarder les points de passage des troupes allemandes sur la Marne entre Château-Thierry et Verneuil. L'atterrissage, au retour, est prévu sur le terrain auxiliaire de Mairy-sur-Marne ".

Tels sont les ordres. Comment vont-ils être exécutés ? Nous nous reporterons au compte rendu de la 1re Brigade. Il n'est guère de plus belles pages.

" Entre 9 heures et 9 heures 35, toute l'Escadre composée de 88 Bréguet protégés par les R. 239 et 240 (escadrilles de Caudron triplaces R. XI pour la protection rapprochée) part sur les objectifs indiqués.

" Entre 10 heures 15 et 11 heures, à une altitude variant de 400 à 1.200 mètres, elle lance 17.224 kilogs de bombes et tire 6.500 cartouches sur les objectifs suivants : Route Dormans-Soilly. Rive nord de la Marne vers Dormans. Passerelle sur la Marne à Tréloup. Troupes passant sur les passerelles de Tréloup. Troupes passant sur une passerelle entre Reuilly et Passy-sur-Marne.

" Résultats : Pont de Courcelles à Courthiézy coupé. Un pont entre Jaulgonne et Varenne a une arche détruite. "

Deux avions allemands sont abattus. Deux de nos équipages ne rentrent pas.

Tous les autres ont atterri à midi, au terrain auxiliaire de Mairy-sur-Marne où se trouve le G. B. 7. Le commandant Vuillemin signale qu'il sera prêt à reprendre l'air à 14 heures : les avions auront refait leur plein d'essence et de bombes.

L'Escadre repartira à 16 heures bombarder les ponts entre Dormans et Tréloup.

" 74 avions, protégés par les R. 239 et 240, bombardent les points fixés à 18 heures 10. Ils lancent 18.620 kilogs de bombes et tirent 3.500 cartouches.

" Résultats. Un convoi allant de Dormans à Chavernay est bombardé : il est encadré par les éclatements. Une passerelle a été détruite au sud de Tréloup. A 18 heures 10, un convoi arrêté à l'entrée du village de Courcelles (30 voitures) est atteint.

Deux avions abattus ; un blessé.

Une seule remarque sur les combats : " La mitrailleuse sous le fuselage a donné d'excellents résultats. "

Pendant ce temps, les Bombardiers de la Brigade Féquant (62 avions) lançaient, dans les mêmes conditions, 9 tonnes de bombes sur les mêmes objectifs et détruisaient un appareil allemand.

Comment nos adversaires ont-ils apprécié cette action ? " Le passage de la Marne est infernal ", déclare, dans un message confié à un pigeon voyageur, un général qui commande un des corps d'assaut allemands. Ce jour même, 15 juillet 1918, le général du génie allemand chargé d'établir les passerelles sur la Marne était tué par une bombe d'avion ainsi que de nombreux sapeurs et fantassins (Journal de la Division aérienne).

L'attaque allemande a subi un rude coup d'arrêt. Mais la partie est trop grave pour que l'adversaire abandonne. Il a d'ailleurs réussi à remporter quelques succès locaux. Le Bombardement poursuivra donc, le 16 juillet, la mission de sacrifice qu'il a assumée le 15, avec le plus rare esprit d'abnégation.

L'orage affreux qui déferle sur la terre meurtrie semble avoir gagné le ciel. De lourds nuages cuivrés roulent des nuées chargées d'éclairs. La pluie tombe par bourrasques brutales. Mais le temps finira par s'éclaircir au cours de l'après-midi.

Reprenons les comptes rendus de la 1re Brigade de Goÿs.

La chasse est encore indépendante du Bombardement. L'Escadre 1 " reçoit l'ordre de se mettre en liaison étroite avec la Ve Armée et de lui donner deux Groupes de combat qui devront attaquer l'aviation ennemie et porter le combat à l'intérieur des lignes. Le troisième groupe de combat est à la disposition de la IVe Armée ".

La Chasse rencontrera " une aviation ennemie nombreuse et mordante ; de durs combats seront livrés ".

Quant à l'Escadre 12, elle " reçoit l'ordre, à 16 heures 30, d'aller attaquer à la bombe des passerelles et les ponts entre Tréloup et Dormans ". Elle était prête. A la minute même où l'ordre est donné, à 16 heures 30, " 70 avions Bréguet partent sur les objectifs indiqués. Ils sont protégés par 4 avions des escadrilles R. 239 et 240 et lancent 16.943 kilogs de bombes. 3.500 cartouches sont en outre tirées. Les objectifs visés sont : une passerelle au nord de Dormans, deux rassemblements au nord du bois de Condé ; trois rassemblements dans le bois sud de Chavenay et de Chairbaillet ".

Les résultats ? " Une passerelle à l'ouest de Dormans est coupée. Plusieurs bombes ont atteint les rassemblements. "

Les pertes du Bombardement sont un Caudron triplace de la R. 239, à peu près compensées par la chute d'un monoplace allemand.

Les rencontres ont été très vives et ces résultats peu importants ne donnent pas une idée suffisante de l'acharnement des rencontres. Ainsi un peloton du G. B. 5 est attaqué par une patrouille de 5 monoplaces qui en laisse un dans la bagarre. 12 triplans Fokker assaillent une formation de la Br. 109 (G. B. 6) qui est dégagée par 2 R. XI. Leur intervention oblige les Allemands à abandonner le combat. Le G. B. 9 livre un combat sans conclusion à deux patrouilles de 10 avions Pfalz.

En deux jours, la seule Escadre 12 avait lancé 50 tonnes de bombes et abattu 5 avions. La Brigade Féquant était intervenue avec autant de bonheur. Mais elle payait un lourd tribut au succès de ses initiatives. Groupés en 5 pelotons, 36 de ses appareils bombardaient les ponts de la Marne entre Tréloup et Dormans. Ils devaient livrer de violents combats et perdaient 4 équipages.

Le 18, la bataille de Champagne est terminée et l'offensive qui nous rendra le terrain perdu commence. C'est la bataille de I'Ile-de-France. Laissons maintenant la parole au général von Hoeppner.

" Le 15 juillet et les jours suivants l'ennemi concentra tous ses efforts contre les points de passage de la Marne... Des escadres opérant par vagues successives et fortes parfois de 60 appareils bombardaient les colonnes de troupes embouteillées auprès de la rivière. Plus haut dans, les airs, les escadrilles de chasse se livraient de furieux combats celles de l'ennemi cherchant à couvrir ses escadres de bombardement, les nôtres attaquant avec acharnement. Le 16 juillet, 25 appareils adverses furent abattus rien qu'au-dessus de la vallée de la Marne. Malgré cela les bombes ennemies faisaient de grands ravages.

" L'attaque de l'infanterie ne progressait pas. Nos escadres de bataille et de bombardement se sacrifiaient pour essayer de l'entraîner vers l'avant. "

Les 15 et 16 juillet, les bombes lancées par l'aviation parvinrent à éteindre, par moments, le feu de certaines batteries, à mettre des tanks hors de combat et à gêner considérablement le ravitaillement des Allemands.

Du 1er juillet au 2 août, la 9e Brigade anglaise est mise, par le maréchal Haig, à la disposition du Commandement français.

Elle intervient, le 15 juillet, selon les directives suivantes :

" L'ennemi, dit l'ordre général, a passé la Marne entre Mézy et Verneuil il a atteint la chapelle Montandon et le bois de Boucquigny.

" Retardez les colonnes ennemies au sud de la Marne, non seulement avec vos Bombardiers, mais aussi avec vos chasseurs, en attaquant à la mitrailleuse. "

Aussi la 9e Brigade entrait, dès le 15 juillet, dans la bataille. Ses appareils volaient à 50 mètres. Elle en avait aligné 36 qui effectuèrent le bombardement des passerelles dès 8 heures 50. Elle abattit un avion allemand et rentra sans pertes. Elle travaillait donc au profit de la 6e Armée française.

Mais le lendemain, 16 juillet, la réaction allemande se manifestait avec violence. Le 51e Wing, qui attaquait les passages de la Marne et lançait 5 tonnes de bombes, anéantissait 8 avions et 1 drachen, incendié par un chasseur, mais perdait aussi 8 appareils (4 bombardiers et 4 chasseurs).

Le 17 juillet, le 9e Wing est mis à la disposition de la 9e Armée, mais le 18 toute la Brigade revient à la 6e. Elle effectue 35 sorties de bombardements dans des conditions exceptionnellement dures. Car si 5 avions allemands disparaissent, 10 Anglais, 5 chasseurs et 5 bombardiers, sont abattus.

La malchance persiste le lendemain. Pour un avion allemand éliminé, et 2 drachens incendiés, 6 Anglais ne reviennent pas. Mais leur volonté d'action est si merveilleuse qu'ils ont encore augmenté leurs sorties de bombardement : 50 contre 35 la veille.

Le 20 juillet, les Anglais groupent leurs avions en 4 expéditions qu'ils dirigent sur des objectifs de champ de bataille. Le mitraillage continue, mais les pertes diminuent : un équipage contre deux aux Allemands.

Le 21 juillet, Fère-en-Tardenois est bombardée par des pelotons groupés en 4 expéditions. 5 avions allemands sont abattus. 3 sont perdus par les Britanniques.

La Brigade, qui continue à rester à la disposition de notre 6e Armée, assaille, en 4 expéditions, le 24 juillet, Fismes et Bazoches. 150 clichés sont pris pendant les missions de bombardement et 122 sorties de chasse effectuées.

Le 25, nouvelle et rude bataille pour la 9e Brigade anglaise. Sur les mêmes objectifs se portent 70 raids de bombardiers. Près de 4 tonnes de bombes sont lancées. Mais la chasse allemande, qui était occupée ailleurs la veille, intervient avec violence. Elle perdra 9 avions, les Anglais 8 et ils ramèneront 2 blessés.

Le 26 et le 28 juillet, les missions de bombardement sur Bazoches, Mont-Notre-Dame et Fismes ne donnent pas lieu à des engagements d'envergure.

En seize jours les aviateurs anglais de la 9e Brigade avaient détruit 28 avions allemands et incendié 3 drachens. Ils avaient chèrement payé ce résultat par la perte de 36 appareils.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet, tandis que le Groupement Chabert attaque les vallées de l'Ardre et de la Suippe, continuant le bombardement de champ de bataille, les Caproni survolent la percée de la Vesle. Fismes et certains poussent jusqu'à la gare de la Maison Bleue. Des brasiers énormes jalonnent ces itinéraires. Chez nous, Châlons brûle. Sa gare et toute la région voisine ont été soumis à une attaque violente.

Dans la nuit suivante, le Groupement Chabert poursuit son action sur les arrières immédiats de l'armée allemande de Champagne. Le Groupement Villomé, déjà orienté vers la nouvelle offensive qui se prépare, assaille les gares de la ligne de Guignicourt à Laon, la Maison-Bleue, Amifontaine, Coucy-les-Eppes.

La bataille est gagnée par les Français. Ils l'ont menée dans un sentiment nouveau : la certitude de la victoire définitivement fixée. Ils ont connu des épreuves et des pertes. Mais les pertes sont doublement lourdes à qui les subit dans les revers. Cette fois une immense espérance s'éveille.

Nous n'avons pas coutume, dans cette étude où le devoir historique commande presque l'impassibilité, de commenter les faits que nous relatons. Ils parlent d'ailleurs assez haut eux-mêmes.

Nous voudrions cependant, pour une fois, nous départir de cette règle et souligner le rôle primordial tenu, par le Bombardement, dans la bataille de Champagne. Il désorganisa l'attaque adverse, la gêna, et surtout la démoralisa.

Nos équipages furent admirables. Ils oublièrent leur sécurité. Livrés à eux-mêmes, soutenus par les seules escadrilles de triplaces, ils affirmèrent leur volonté malgré la redoutable défense allemande, malgré les éléments hostiles. Leurs efforts, leurs sacrifices, doivent s'inscrire au livre de l'histoire.

B. La contre-offensive française (Bataille de la Délivrance).

 

a) Bataille de l'Ile-de-France (18 juillet-4 août).

 

Il faut le redire parce que c'est vrai : à la mi-juillet 1918, les Allemands ont perdu la guerre.

Ils n'essayeront plus de reprendre leur marche sur Paris. Épuisés par des offensives coûteuses, ils se verront dès lors refoulés des positions qu'ils avaient conquises. Les poches créées sur le front occidental se videront successivement. Puis la ligne allemande tout entière reculera, fléchissant sur les anciennes frontières. Et l'armistice du 11 novembre sauvera l'armée allemande d'un désastre total.

La poussée allemande définitivement brisée, le Commandement allié s'occupe à libérer l'Ile-de-France envahie. L'Ile-de-France ? Ce sont les ciels paisibles du Laonnois, du Soissonnais, du Valois, du Tardenois, terres de vieille histoire française et berceau de notre pays.

La contre-offensive française est déclenchée de tous les points qui bornent cet horizon familier.

La 10e Armée, commandée par Mangin, s'ébranle le 18 juillet en partant des couverts de la forêt de Villers-Cotterêts. Elle est précédée par 320 chars d'assaut et progresse, malgré une résistance acharnée, s'emparant de villages fortifiés, de positions déjà solidement aménagées.

Au sud de l'Ourcq, la 6e Armée dirigée par le général Degoutte et appuyée par des divisions américaines, enlèvent Torcy, Belleau, le Bois Belleau puis Château-Thierry. Dans cette poussée le 1er Corps de cavalerie gagne Oulchy-le-Château, soutenu par notre aviation qui a repris ses missions de champ de bataille, à faible altitude.

A l'est, la 5e Armée du général Berthelot accentue sa pression tandis que la 9e Armée (de Mitry) fait repasser la Marne aux Allemands. Des renforts importants leur parviennent. La ligne de la Vesle leur fournit une position de repli. Ils s'y retranchent, s'y fortifient. Le Commandement allié comprend qu'il risquerait trop à heurter de front une ligne de résistance aussi dense. La manœuvre s'arrête. Elle reprendra, le moment venu, par un mouvement de débordement aux ailes pour faire tomber les bastions inexpugnables. Nous sommes le 4 août 1918.

L'action victorieuse qui aboutit à la libération de l'Ile-de-France est donc constituée par une série de poussées latérales parachevées, au sud de la Marne, en une offensive frontale qui réduit l'abcès dangereux. Le Bombardement coopérera activement à ce succès. Ses expéditions diurnes suivront les directions prises par les masses assaillantes, prolongeront leur effort.

Tout le Bombardement de jour, les 12e et 13e Escadres des Brigades de Goÿs et Féquant, est réuni au terrain de Linthelles.

Du 18 au 22 juillet, les missions sont d'abord d'interdire à l'armée allemande en retraite d'évacuer ses dépôts et son matériel de la rive gauche à la rive droite de la Marne. Puis la bataille reprend aux environs de Fère-en-Tardenois et d'Oulchy-le-Château. Les Bréguet attaquent à la bombe et à la mitrailleuse, près du sol, les troupes et les convois. Ils agissent selon cette méthode au sud de Soissons, sur les formations qui encombrent le ravin de Noyant à Chacrise, dans la région de Septmonts. Ils se portent donc d'un bout à l'autre du champ de bataille, depuis les lisières nord de la forêt de Villers-Cotterêts et les limites méridionales du Soissonnais jusqu'au Tardenois. Les objectifs sont les mêmes pour les deux Brigades. Mais les pelotons se partagent la tâche. Ainsi, le 19 juillet, la Brigade de Goÿs travaille d'Oulchy-le-Château à Dormans, tandis que la Brigade Féquant se porte de Fère-en-Tardenois à Chacrise.

Voilà donc le Bombardement aérien prenant sa place dans une opération offensive. Comment agit-il ? Comment est-il protégé et défendu ? Pour répondre à ces questions de façon précise il n'est que de consulter les comptes rendus détaillés de la 1re Brigade de Goÿs.

Choisissons deux actions caractéristiques : celle du 21 et du 22 juillet. Nos troupes vont attaquer la rive droite de la Marne, après avoir nettoyé la rive gauche. Les Allemands commencent à lâcher pied et esquissent leur mouvement de repli. L'aviation en général et le Bombardement en particulier ont pour mission, le 21, au nord de la Marne, de " prendre l'offensive et augmenter la confusion dans les lignes arrières de l'ennemi de 4 à 8 heures du matin et de 12 à 16 heures ".

Les circonstances atmosphériques sont défavorables " temps extrêmement nuageux, grosse mer de nuages couvrant la région des objectifs et obligeant les avions à descendre à basse altitude ".

Aussi, le matin, la pluie et les bourrasques empêchent toute action de la Brigade. Elle ne prend part au combat que dans l'après-midi. Chasse et Bombardement ont des missions différentes. L'Escadre 1, qui agit sans être beaucoup gênée par l'adversaire dont les formations aéronautiques suivent le reflux des autres troupes, est destinée " à mitrailler, par patrouilles successives et jusqu'à la nuit les colonnes ennemies et les batteries en position ".

L'Escadre 12 mitraille et bombarde, dans une zone moyenne de 4 à 5 kilomètres au nord de la Marne, " les villages de Romigny, Savigny-sur-Ardre, Vendières-sous-Châtillon. " Elle lance sur ces différents objectifs 6.500 kilogs d'explosifs et tire 5.500 cartouches sur les colonnes. Résultats : " un incendie dans les baraquements à l'est de Romigny, plusieurs explosions dans les villages de Vendières-sous-Châtillon et aux abords immédiats. De grosses colonnes de fumée couvrent tout le village. "

Un peloton de la Br. 111 a livré combat à 6 avions allemands. Notons un intéressant détail tactique pour l'utilisation des R. XI : " Pendant toute la durée de la mission, un groupe de R. XI reçoit l'ordre d'attirer l'aviation allemande en passant aux points d'entrée et de sortie des Groupes de Bombardement un quart d'heure avant eux ".

Le lendemain 22 juillet, la journée est encore plus fertile en enseignements.

La 1re Brigade fait sentir son action sur un autre secteur du champ de bataille. Elle vient au secours de la Ve Armée qui. cherchant à dégager Reims, donne l'assaut aux pentes nord de la Montagne de Reims et se dirige vers la vallée de la Vesle. Ce sera la tâche de la première moitié du jour, En fin de journée, à partir de 17 heures, la mission change encore. L'effort du Bombardement porte sur la vallée de l'Ardre, affluent de la Vesle. Nous trouvons donc deux thèmes entièrement distincts entre eux et celui de la veille.

Première opération : l'Escadre 1 et l'Escadre 12, par bombardement et mitraillage, cherchent à embouteiller les routes pénétrant dans la vallée de la Vesle.

L'Escadre l, qui devra se défendre contre une aviation adverse plus rapprochée de ses bases que la veille, opère en deux étages. Le palier inférieur mitraille les objectifs terrestres ; le palier supérieur le protège. Comme les objectifs du Bombardement se confondent avec ceux de la Chasse, les Bréguet bénéficieront, indirectement, du palier supérieur de chasse.

Ils se délesteront de leurs bombes entre 9 heures et 9 heures 50, de Germiny à Jonchery-sur-Vesle. Ils se tiendront à 1.800 mètres en général, mais à 4.600 sur Jonchery, spécialement défendue par une redoutable batterie antiaérienne.

Citons parmi les résultats obtenus la fuite des troupes et voitures surprises par nos obus dans le bois de Gueux.

La rubrique combat est chargée : les pelotons de Bréguet ont abattu 3 avions ; ils étaient protégés, directement, par les R. XI qui croisaient au-dessus des objectifs. Nos triplaces ont abattu 2 appareils. Ils avaient dû combattre une patrouille de 12 Pfalz et 4 puis 7 Fokker D. 7. Tango. Un de nos mitrailleurs est tué et un autre blessé.

L'objectif change à 17 heures et les Bombardiers se portent sur la vallée de l'Ardre.

Encore une variante dans le dispositif de sécurité : " Les patrouilles hautes, envoyées par la 1re Escadre, protégeront les patrouilles basses de la chasse et les pelotons de bombardement sur les objectifs indiqués. Les avions de protection R. XI faciliteront l'entrée et la sortie des lignes aux pelotons de bombardement ".

Les mesures prises ont été efficaces " l'Escadre 1, dit le compte rendu, accomplit parfaitement sa mission de protection pour les Bréguet et les patrouilles de chasse ". Les Bombardiers n'ont livré qu'un combat tandis que les chasseurs abattaient deux appareils et que les R. XI signalaient trois rencontres sans décision.

Ces journées sont donc très intéressantes pour l'évolution des moyens employés par le Bombardement.

Du 19 au 22 juillet, la Brigade de Goys, qui arrive à mettre en ligne jusqu à 124 avions (le 22) abat 7 avions allemands et perd 2 équipages. La Brigade Féquant abat un appareil allemand. Ses bombardiers sont beaucoup moins nombreux.

La protection immédiate des Bombardiers est assurée par des escadrilles de Caudron R. XI : les 239 et 240, rattachées à l'Escadre 12, la célèbre C. 46 affectée à l'Escadre 13. L'armement des Bréguet a été enrichi. Une mitrailleuse logée sous le fuselage permet de diminuer l'angle mort et de gêner les attaques menées par dessous. Le siège des pilote est blindé.

Le 24 juillet, l'ordre de bataille de la Division aérienne est le suivant : Elle a son état-major à Jouarre.

La 1re Brigade (de Goÿs) a son poste de commandement au château de Sans-Souci, au nord de Sézanne. La 1re Escadre, son P. C. à Baye : le G. C. 19 à Pierre Morains, le G. C. 18 à Baye, le G. C. 15 à Villeseneux. L'Escadre 12 est dirigée de Linthelles, où se trouve le G. B. 5 et l'escadrille de R. XI, C. 240 qui sera rattachée officiellement à l'Escadre 12 le 26 juillet. Le G. B. 9 est à Gourgançon, le G. B. 6 à Pars-lès-Romilly.

La 2e Brigade est commandée d'Ermenonville ; tout près au Plessis-Belleville, se trouvent deux G. C. (les G. C. 17 et 20) avec l'état-major de l'Escadre 2. Le dernier G. C. le G. C. 13 est à Mont-Lévêque. L'Escadre 13 a son état-major à Roissy en France. Le G. B. 4 à Mauregard, le G. B. 3 à Roissy. L'Escadrille de R. XI, la C. 46 est au Plessier-Gassot.

Du 22 juillet au 6 août, les objectifs changent. Tout l'intérêt de la bataille se concentre sur les vallées de la Vesle et de l'Ardre. Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Jonchery, Muizon, Fismes, Savigny-sur-Ardre. Quelques expéditions sont encore dirigées sur les environs de Fère-en-Tardenois, Coulonges, Arcy-Sainte-Restitue en particulier. Un avion allemand est abattu. Un de nos appareils, piloté par le sous-lieutenant Delval (Escadre 12) a ses commandes coupées en combat. Le Bréguet revient au terrain, mais s'effondre à 40 mètres du sol et l'équipage succombe.

L'opération la plus instructive de cette période est celle du 29 juillet. La 1re Brigade de Goÿs opère dans la région de la Vesle en liaison avec la Ve Armée qui progresse lentement et se heurte à des résistances tenaces. Mais il convient de citer, intégralement, l'énoncé de la mission qui constitue un modèle de clarté :

" La Ve Armée devant déclencher une attaque dans la matinée du 29, demande à la Division aérienne de faire appuyer par la 1re Brigade d'aviation, en bombardant antérieurement à cette attaque certains points délicats et en exploitant le champ de bataille au moment de la retraite possible de l'ennemi.

" En conséquence, la mission suivante est donnée à la 1re Brigade : " Deux groupes de bombardement à 9 h. 30 (l'attaque de la Ve Armée étant fixée à 10 heures), bombarderont les nœuds de communications de Fismes et de Jonchery-sur-Vesles.

" Un groupe de combat de l'Escadre 1 protégera cette opération en croisant au plafond pendant toute la mission, au-dessus de la région bombardée.

" Un groupe de bombardement et deux groupes de combat se tiendront prêts à être lancés, sur l'ordre du commandant de la Brigade , pour l'exploitation du champ de bataille. "

Cette fois encore, le temps est douteux : " Très nuageux, quelques rares éclaircies, s'améliorant dans l'après-midi. " Ces fâcheuses conditions atmosphériques empêcheront les Bombardiers d'arriver à leurs buts et les contraindront à se rabattre sur des objectifs secondaires.

L'élément intéressant de la journée est l'efficacité de l'action des Chasseurs qui, à plusieurs reprises, ont tiré d'affaires les Bombardiers. Rapport de l'Escadre 1 :

" Le G. C. (Groupe de combat) 19, chargé de protéger le bombardement tient l'air dans la région et aux heures indiquées.

" Il dégage un groupe de Bréguet, attaqué par une patrouille de 6 monoplaces allemands.

" Disperse, dans la région de Hourges, une patrouille de 4 Fokker qui se préparaient à attaquer un autre groupe de Bréguet.

" Au cours de ses combats un avion ennemi, tiré de très près, est probablement abattu. "

Voici maintenant la confirmation des Bombardiers (Rapport de l'Escadre 12 ) :

" Les patrouilles ennemies qui ont tenté d'attaquer le groupe ont été attaquées et dispersées elles-mêmes par les avions du G. C. 19, chargés de protéger la mission de bombardement. "

Pendant ce temps, les escadrilles de R. XI " assuraient la protection immédiate des pelotons de bombardement sur Jonchery après un combat très dur contre une patrouille de Fokker D. 7. Elles abattaient un avion ".

* * *

Le Bombardement de nuit est concentré en Champagne. Le Groupement Villomé se trouve à Villeneuve-les-Vertus, les Groupements Laurens et Chabert à Cernon et Mairy-sur-Marne, au sud-est de Châlons.

Les objectifs sont communs à tous les Groupements. Ils suivent, eux aussi, les fluctuations de la bataille, sans s'écarter beaucoup, sauf peut-être pour les Caproni, des voies d'accès immédiates qui ravitaillent le front. C'est d'abord la région de Fère-en-Tardenois, les lignes ferrées qui suivent la vallée de l'Aisne ou la relient à Laon. Viennent ensuite les voies ferrées du Laonnois. Quelques expéditions sur la vallée de l'Ardre, bientôt trop rapprochée pour des avions de nuit. Des raids plus fréquents sur la percée de la Vesle, très défendue par l'artillerie antiaérienne allemande que secondent de nombreux projecteurs. Cette vallée est même dépassée jusqu'à Bazoches où se retrouve le réseau de Fère-en-Tardenois. Deux missions lointaines, confiées aux Caproni, sur la gare d'Hirson.

Les effectifs mis en ligne varient. Le Groupement Chabert compte en général 60 Voisin, le Groupement Villomé 30 Caproni, dont 2 ou 3 appareils italiens, le Groupement Laurens une trentaine de Voisin. 120 avions, en moyenne, sortent chaque nuit.

Les résultats vérifiés sont importants. Fère-en-Tardenois, Fismes sont très éprouvées. Un incendie formidable suivi de l'explosion de nombreux dépôts de munitions se produit à Fère, bombardée par les Caproni du Groupement Villomé dans la nuit du 21 au 22 juillet. Cette même nuit, le Groupement Chabert fait sauter deux trains complets de munitions garés dans l'embranchement du Bois Claquedents sur la ligne Guignicourt-Laon. Non loin de là, une autre station, la gare de la Maison Bleue est incendiée à plusieurs reprises. Elle contient toujours des stocks de ravitaillement de toute nature. Les équipages continuent à effectuer leurs tirs à basse altitude. Ils brûlent de nombreuses cartouches sur les objectifs qui témoignent quelque animation. Leur action sur les bivouacs et les cantonnements rend impossible tout vrai repos et maintient les troupes attaquées dans un perpétuel état de tension nerveuse très lassante à la longue.

Nos pertes ne sont pas sensibles. Les Groupements Chabert et Laurens abandonnent chacun un équipage. Un autre équipage du Groupement Chabert est éprouvé par un atterrissage de fortune en pleine nuit qui cause un tué et un blessé. Enfin, dans la nuit du 21 au 22 juillet, un Caproni saute à l'atterrissage : un tué, deux blessés.

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