Journée du 13 septembre 2008, Craonne

Journée du 20 septembre 2008, Sommepy

Journée du 27 septembre 2008, Bellicourt

Journée du 04 octobre 2008, Cambrai

Journée du 11 octobre 2008, Laon

PLAN D'ENSEMBLE ET EXECUTION DES OPÉRATIONS, EN SEPTEMBRE 1918

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

 

Les poches de Château-Thierry et de Montdidier avaient été réduites par des opérations en " tenaille ", c'est-à-dire par des attaques concentriques sur les flancs.

Le maréchal Foch va appliquer le même procédé sur l'ensemble du front français.

Ce front forme, en effet, lui aussi, une immense poche dont le flanc ouest s'étend du nord au sud, de la mer à l'Oise, tandis que le flanc sud s'étend de l'ouest à l'est par Reims jusqu'à Verdun.

Au 1er septembre, nous l'avons vu, l'articulation des deux lignes, autrement dit le fond de la poche, est sur l'Oise ,à Noyon.

Sur le flanc ouest, se trouvent l'armée belge et les armées britanniques, prolongées au sud par les Ire et IIIe armées françaises ; elles attaqueront en direction de l'est ; objectifs : Ath, Mons, Maubeuge, Avesnes, Hirson.

Sur le flanc sud sont les Xe, VIe, Ve et IVe armées françaises jusqu'à l'Aisne et, au delà, les armées américaines ; elles attaqueront en direction du nord ; objectifs : Sedan et Méziéres.

Ainsi, après la réduction des poches de Château-Thierry, de Montdidier, d'Armentiéres (ou du Kemmel) et de Saint-Mihiel, se fera la réduction de la grande poche de France qui délivrera notre pays et amènera la défaite de l'Allemagne.

On peut dire que la grande et décisive bataille de 1918, bataille qui commence le 21 mars, pour se terminer le 11 novembre, est la bataille des poches : formation des poches, de mars à mai ; réduction des poches, de juillet à novembre.

Du petit au grand le procédé est le même ; c'est la manœuvre par action concentrique, par enveloppement, si chère aux Allemands ; seulement, de septembre à novembre, elle prend une ampleur extraordinaire et toutes les forces alliées : belges, anglaises, françaises, américaines, y participent.

Dès le 27 août, le maréchal Haig avait soumis au maréchal Foch un projet d'opérations combinées d'après lequel les armées britanniques attaqueraient en direction de l'est sur Cambrai et Saint-Quentin, tandis que les forces françaises et américaines attaqueraient en partant du sud sur Mézières.

A quoi le maréchal Foch, qui avait déjà formé son plan, répondait : " Les objectifs finaux que vous m'indiquez sont bien ceux que j'envisage de mon côté et vers lesquels je fais tendre les actions des armées alliées.

" Ces action sont actuellement montées dans différentes régions suivant un certain style pour chacune; il n'y a donc qu'à les faire se développer avec le plus d'activité possible. C'est à quoi je m'applique.

Trois jours après, dans une note datée du 30 août, il ajoutait :

" La situation de l'ennemi est devenue telle qu'on doit viser non plus seulement à l'empêcher de se rétablir sur la ligne Hindenburg, de Saint-Quentin à Reims, mais de le presser de plus loin aux ailes de l'ensemble de son dispositif, en vue de l'acculer progressivement au massif des Ardennes. " Enfin, le 3 septembre, il donnait la directive n°3 qui règle l'ensemble des opérations :

" Actuellement 1'offensive alliée se développe avec succès de la Scarpe à 1 Aisne, forçant l'ennemi à reculer sur tout ce front.

.Pour développer et accroître cette offensive, il importe que, sans aucun retard, toutes les forces alliées s engagent dans la bataille suivant des directions convergentes et par les parties favorables du front.

" Dans ce but, tandis que :

" 1° les armées britanniques, appuyées par la gauche des armées françaises, continuent d'attaquer en direction générale Cambrai-Saint-Quentin ;

" 2° le centre des armées françaises continue ses actions pour rejeter l'ennemi au delà de l'Aisne et de l'Ailette

" 3° l'armée américaine exécutera les opérations suivantes :

a) l'offensive prévue en Woëvre, réduite à l'obtention de la ligne Vigneulles, Thiaucourt, Régnéville, suffisante pour obtenir les résultats visés : dégagement de la voie ferrée Paris-Avricourt et base de départ satisfaisante pour les opérations ultérieures. Cette attaque est à déclencher le plus tôt possible, afin de ne laisser aucun répit à l'ennemi, au plus tard le 10 septembre.

b) une offensive en direction générale de Mézières, aussi forte et violente que possible, couverte à l'est par la Meuse et appuyée à gauche par une attaque de la IVe armée française.

" Cette dernière offensive est à monter avec la plus grande rapidité, pour être déclenchée au plus tard du 20 au 25 septembre.

" Elle visera tout d'abord, par des actions menées de part et d'autre de l'Argonne, à rejeter l'ennemi sur la ligne Stenay, 1e Chesne, Attigny, puis à gagner la région de Mézières. "

De son côté, le Général Pétain manœuvrait ses réserves en conformité de ce plan et les massait en Champagne.

Comme conséquence, il avait fait connaître au général Fayolle, commandant le G. A. R., qu'il ne pourrait pas lui envoyer de longtemps de divisions fraîches et que les armées sous ses ordres devraient, par suite, s'organiser pour durer avec leurs seules forces.

Le 10 septembre, il arrêtait la dotation du dit G. A. R. à 10 corps d'armée et 30 divisions.

Ce sont les opérations de cette attaque de la poche de France par actions convergentes, menées d'une part d'ouest en est, avec les Belges, les Anglais et partie des forces françaises, d'autre part du sud au nord, avec les Français et les Américains, que nous allons maintenant étudier.

Elles apparaissent à première vue comme très compliquées, mais on peut s'en faire une idée simple, si on veut bien considérer que dans l'ensemble :

1 ° au cours du mois de septembre, ont lieu la poussée vers la ligne Hindenburg et les actions de force qui en amènent le franchissement. Ces opérations se développent plus particulièrement sur le flanc ouest pendant la première quinzaine du mois et sur le flanc sud pendant la deuxième quinzaine

2° au cours du mois d'octobre, a lieu l'exploitation de ce premier succès, à la suite duquel les Allemands se retirent sur les positions arrière. Pendant la première quinzaine du mois l'exploitation se produit sur le flanc sud et pendant la deuxième sur le flanc ouest ;

3° enfin, au cours du mois de novembre, se développe l'assaut concentrique final qui rejette les Allemands hors de France et les acculent à l'armistice.

 

POUSSÉE VERS LA LIGNE HIDENBURG

 

Comme nous l'avons dit plus haut, les premiers jours de septembre virent se produire la poussée méthodique des armées alliées sur la ligne Hindenburg.

Du 1er au 5, les IIe et Ve armées britanniques réoccupent le Kemmel, Neuve-Eglise, Lavantie, Richebourg, Saint Vaast, Givenchy-la-Bassée et ainsi se trouve réduite la poche d'Armentières.

De ce côté, la situation ne se modifiera pas avant les premiers jours de novembre, en face d'Armentières, Fromelles et la Bassée qui jalonnent la ligne Hindenburg.

Le 2 septembre, la 1re armée, continuant son offensive le long de la route d'Arras à Cambrai, faisait brèche dans la position Wotan, depuis la Sensée jusqu'à Quéant et progressait rapidement en direction de Marquion. Ce succès déterminait le G. Q. G. allemand à ordonner le repli général au sud sur la position Siegfried.

Pendant ce temps, les IIIe et IVe armées attaquent de leur côté Péronne est pris le 1er ; Bertincourt, le 3 ; Roisel, le 7 ; Vermand, le 12. Le 20 septembre elles ont gagné plus de vingt kilomètres en face de Gouzaucourt, du Catelet et de Saint-Quentin, c'est à dire de la ligne Hindenburg.

La 1re armée française, qui manœuvre en union avec la Ive armée britannique, franchit de vive force, le canal, le 2, à l'est de Nesles; le 5, elle élargit la tête de pont dans la direction de Ham; le 6, elle entre dans cette dernière ville, après avoir gagné du terrain sur tout son front au nord et au sud de la Somme ; le 7, la progression continue et elle occupe Saint-Simon ; le 8 et le 9, elle franchit le canal Crozat et s'enfonce par sa droite jusque devant Moy.

Le 20, elle est arrivée, elle aussi, devant la ligne Hindenburg, de Saint-Quentin à La Fère.

La IIIe armée occupe Guiscard le 4, Chauny le 6 Tergnier le 7 et Fargnier le 8. En même temps, au sud de l'Oise, elle a porté son front sur la ligne La Fère, Barisis-au-Bois. Ce front n'étant plus que d'une quinzaine de kilomètres, l'état-major de la IIIe armée est ramené à l'arrière et sa zone d'action passe à la Ire armée. Du 1er au 7, la Xe armée progresse de part et d'autre de l'Ailette et de l'Aisne, en direction d'Anizy-le-Château et de Vailly.

Le 4, elle a occupé Braisne ; le 5, Coucy-le-Château. Du 14 au 16, elle s'empare, au prix de durs combats, de Vauxaillon, de Laffaux, de Nanteuil-la-Fosse et de Condé-sur-Aisne, puis la situation reste stationnaire pendant quelques jours.

Notons dès maintenant que le 28, le général Mangin, lorsqu'il apprend par l'interrogatoire d'un prisonnier que l'ennemi est sur le point de se retirer sur le canal de l'Oise à l'Aisne, lance aussitôt ses troupes en avant.

Les Allemands, surpris au cours de leurs préparatifs de retraite, cèdent sur toute la ligne entre Aisne et Ailette ; le soir, la Xe armée était devant Pinon et Chavignon ; elle avait repris le fort de la Malmaison et s'était avancée à droite à mi-chemin de Vailly et de Chavonne. Le lendemain 29, la poursuite continue ; Pinon et Chavignon sont dépassés ; plus au sud, le front passe par Ostel et Chavonne.

Le 30, la Xe armée borde l'Aisne en face d'Anizy-le-Château jusqu'au nord de Bruyères. A partir de ce moment, elle se trouve en face de lignes fortement organisées et garnies de mitrailleuses ; une préparation de l'attaque par l'artillerie est indispensable et la nécessité de faire avancer les batteries lourdes impose un normal arrêt de quelques jours; l'offensive reprendra le 12 septembre. Dans ces trois journées, du 28 au 30 septembre, la Xe armée avait progressé de 8 à 10 kilomètres et s'était enfoncée. en coin dans l'intérieur des positions ennemies. La VIe armée, de son côté, du 4 au 6, avait franchi la Vesle et était arrivée jusque sur l'Aisne. Le 8 septembre, cette armée passait du G.A.R. au G. A. C., puis sont Q. G. était, comme celui de la IIIe, retiré du front et mis en réserve.

Ainsi se manifestaient les gains résultant de la diminution des fronts, conséquence de nos succès ; trois commandements d'armées étaient successivement devenus disponibles : les IXe, IIIe et VIe.

 

OFFENSIVE FRANCO-AMÉRICAINE ENTRE LA MEUSE ET LA SUIPPE

(26 Septembre - 3 Octobre 1918)

 

Les instructions données par le général Pétain, en exécution de la directive du 3 septembre, pour la préparation de l'offensive à exécuter dans la direction générale de Mézières, organisaient trois opérations conjuguées :

1° Une opération à mener entre la Meuse et le cours supérieur de l'Aisne par la Ire armée américaine et ayant pour objectif le franchissement de la ligne Hindenburg.

Une fois cette ligne dépassée, c'est-à-dire au delà du front Brieulles-sur-Meuse, Romagne-sous-Montfaucon, Grandpré, cette offensive devait se développer en direction de Buzancy, de façon à déborder par l'est la ligne de l'Aisne, sur laquelle la IVe armée avait mission de refouler l'ennemi entre Rethel et Vouziers.

Ce sera la bataille dite de Montfaucon.

2° Une opération à mener entre la haute vallée de l'Aisne et la Suippe par la IVe armée française, en vue d'atteindre l'Aisne, de Vouziers à Rethel, avec direction ultérieure sur Méziéres.

Ce sera la bataille dite de Sommepy.

3° Une opération à exécuter entre Reims et l'Aisne par la Ve armée, visant à faire tomber la ligne des Monts de Champagne (Massifs de Nogent-l'Abbesse et de Moronvilliers), en la débordant par l'ouest, tandis que la manœuvre de la IVe armée la débordera par l'est.

Ce sera la bataille dite de Saint-Thierry. Nous avons déjà signalé que la VIe armée avait été retirée du front le 8 septembre et ses éléments répartis entre la Xe armée à gauche et la Ve à droite.

Le corps italien du général Albricci, qui occupait les plateaux au sud de l'Aisne dans la région de Pont-Arcy, formait la gauche de cette dernière armée.

Les deux premières opérations devaient avoir lieu simultanément vers le 25 septembre ; la troisième devait être tenue prête à partir du 26.

Dés le 20, les unités devant attaquer entre la Meuse et la Suippe étaient en place. C'étaient :

à la Ire armée américaine :

Le 3e C. A. U. S., avec sa droite à la Meuse et sa gauche vers Malancourt ;

Le 5e C. A. U. S., droite à Malancourt, gauche sur l'Aire ;

Le 1er C. A. U. S., à cheval sur l'Argonne.

à la IVe armée française :

Le 38e C. A. dans la vallée de l'Aisne, sa droite sur les pentes occidentales de l'Argonne ;

Le 9e entre Massiges et Mesnil-les-Hurlus ;

Le 2e à Perthes-les-Hurlus

Le 21e entre Perthes et Souain ;

Le 14e dans la vallée de la Suippe.

Le 23 septembre, le maréchal Foch avait fixé au 26 la date des attaques entre Meuse et Suippe ; l'opération entre la Vesle et l'Aisne était provisoirement réservée.

26 septembre. - Le 26, vers 5 h. 30 du matin, après une préparation d'artillerie commencée la veille à 23 heures, les troupes françaises et américaines se portent en avant.

L'ennemi, surpris, n'opposa ce jour-là que des résistances isolées. Imitant la tactique dont il avait été victime le 15 juillet, il avait reporté le gros de ses forces plus au nord, sur ses positions de départ à cette dernière date.

Mais la IVe armée ne tomba pas dans le piége. Elle progressa avec méthode et circonspection et fit dans cette première journée 7.000 prisonniers.

A la nuit, elle s'était avancée jusqu'à 2 kilomètres de Sommepy, après s'être emparé de Navarin, de Tahure, du Mesnil et de la Main de Massiges ; son centre avait légèrement dépassé la Dormoise.

De son côté, l'armée américaine avait porté son front jusqu'aux abords de Montblainville, de Montfaucon et de Dannevoux.

L'avance était de 6 kilomètres à hauteur de Tahure, de 8 dans la région de Montfaucon ; elle n'était, par contre, que de 2 à 3 kilomètres dans l'Argonne où le 1er C. A. U. S. combattait dans les épais fourrés couvrant un terrain très coupé, semé d'innombrables défenses.

27 septembre. - Le 27, l'attaque fut reprise aux premières lueurs du jour, mais elle se heurta à la position principale de l'ennemi, qui opposa une très vive résistance. Il fallut réduire une multitude de nids de mitrailleuses et repousser de vigoureuses contre-attaques.

Des luttes acharnées s'engagèrent sur la Py ( 14e C. A.), sur la voie ferrée, au nord de Tahure (21e C. A.), sur le plateau de Grateuil (2e et 11e C. A.).

La ligne ne progressa en Champagne que de 2 kilomètres. Cependant, 3.000 prisonniers furent encore capturés.

Le 1er corps U. S. ne gagna qu'un kilomètre dans la forêt, mais le 3e enleva la butte de Montfaucon.

Depuis la stabilisation du front dans la région de Verdun, et notamment au cours des attaques de 1916, cette hauteur avait joué un rôle très important. De son sommet, on découvre, en effet, un panorama immense dans lequel se détachent très nettement la cote 304, le Mort~Homme et les pentes descendant de Douaumont vers la Meuse.

Les Allemands n'avaient rien négligé pour en faire un véritable nid d'observation à l'usage de leur artillerie, de leur commandement et des visiteurs de marque, en même temps qu'un réduit inexpugnable.

Les ruines du village qui couronnait le sommet de la butte, ainsi que les pentes descendant vers les bois voisins avaient été utilisées pour l'installation d'une foule d'abris pour canons et mitrailleuses, où le béton et les rails de chemin de fer se combinaient sous d'énormes épaisseurs.

L'enlèvement de cette citadelle constituait un très beau fait d'armes et les vues qu'elle procurait dans la direction de Romagne allaient singulièrement faciliter la suite des opérations à travers la ligne Hindenburg.

28 septembre - La journée du 28 fut encore plus dure que la précédente. Il était manifeste que l'ennemi s'acharnerait et consentirait tous les sacrifices pour la conservation des points d'appui de gauche des lignes de repli successives qu'il avait organisées entre le nord de Verdun et la mer du Nord. Aussi des réserves ne cessaient-elles de débarquer à Vouziers et à Grandpré, d'où elles s'acheminaient vers les fronts de Champagne et de la Meuse.

Dans cette journée où la lutte fut également acharnée des deux côtés, la IVe armée s'empara de Sommepy et commença d'attaquer la hauteur très solidement organisée de Notre-Dame des-Champs.

Elle marqua quelques progrès à Manre et au nord de Grateuil.

L'armée américaine, toujours empêtrée dans 1'Argonne, progressa néanmoins entre celle-ci et la Meuse jusqu'aux abords d'Apremont, de Cierges et de Brieulles. La pluie qui commença alors à tomber en abondance, et qui ne devait cesser que huit jours plus tard, apporta au développement des opérations une gêne considérable, surtout dans l'Argonne où l'on dut renoncer momentanément à réduire le saillant que le front ennemi dessinait devant le 1er corps américain, du fait de l'avance plus rapide des corps latéraux.

Les opérations subirent donc une diminution d'intensité. Cependant, le 29, la IVe armée dépassait Ardeuil. Le 30, à droite, elle occupait Binarville et arrivait devant Condé-les-Autry ; au centre, elle dépassait Aure et s'enfonçait chez l'ennemi jusqu'au delà de Murvaux.

Au contraire, à la Ire armée américaine, dans la région boueuse qui s'étend entre la Meuse et l'Argonne, les routes défoncées devinrent impraticables ; les convois s'embouteillèrent et le ravitaillement fut pendant quelques jours à peu prés suspendu.

Dans les premiers jours d'octobre, la IVe armée fit de nouveaux progrès.

Le 1er, elle atteignait Vaux-les-Mouron et les abords de Liry ; le 3, elle était à Orfeuil.

Ce jour-là son front passait par Sainte-Marie-à-Py, Orfeuil, les abords de Monthois et Vaux-les-Mouron.

C'est de là qu'elle partira le 4 au matin, à la poursuite de l'ennemi en retraite vers l'Aisne.

 

OFFENSIVE DE LA Ve ARMÉE ENTRE L'AISNE ET LA VESLE (30 Septembre, 3 Octobre 1918)

 

Nous avons vu que le général Pétain avait prescrit à la Ve armée de préparer une opération visant à dégager Reims et à faire tomber la ligne des Monts de Champagne (Massif de Moronvilliers), en les débordant par l'ouest, tandis que l'offensive de la IVe armée les déborderait par l'est.

Le moment était venu de passer à l'exécution, en raison des progrès réalisés par cette dernière armée.

Une autre considération devait déterminer à agir au plus vite. Nous avons déjà signalé qu'à la gauche de la Ve armée, la Xe armée avait fait, pendant les journées des 28 et 29 septembre, un bond de 5 à 6 kilomètres en avant, entre Aisne et Ailette, c'est-à-dire sur un front d'une quinzaine de kilomètres, au moment où l'ennemi allait se replier. Il était à craindre qu'il ne se dérobât également sur le front de la Ve armée et il importait de l'attaquer sans tarder si on voulait le surprendre dans ses préparatifs de retraite.

Dans la journée du 29 septembre, le maréchal Foch et le général Pétain tombèrent d'accord pour que l'entrée en action de la Ve armée se produisît dès le lendemain 30.

L'opération, préparée avec le plus grand soin par le général Maistre, commandant le G. A. C. et le général Berthelot, commandant de l'armée, devait comprendre deux actes successifs :

1° Une attaque entre Aisne et Vesle, de Villiers-en-Prayères (Aisne) à Jonchery (Vesle), ayant pour but de chasser l'ennemi des plateaux compris entre les deux rivières, de façon à préparer le dégagement de Reims, tout en assurant la couverture à gauche de l'attaque que la droite de la Ve armée devait poursuivre ensuite; ·

2° Une fois ce premier résultat acquis et dans le délai strictement nécessaire au déplacement de l'artillerie; une attaque partant du front nord-est de Reims, en direction de Bazancourt.

Cette attaque devait d'abord déborder par le nord le massif de Nogent-l'Abbesse, également attaqué de front ; elle devait ensuite s'ouvrir en éventail sur sa droite et se développer en direction générale de Saint-Masmes, contournant ainsi par le nord le massif de Nogent-l'Abbesse et de Moronvilliers.

Dans le même temps, la IVe armée devait atteindre par sa gauche la région de Bétheniville, la Neuville. Les défenseurs du massif de Moronvilliers étaient ainsi mis dans l'alternative ou de se replier ou d'être pris.

L'attaque entre Vesle et Aisne, sur le front de Villers-en-Prayères, Jonchery, mesurant une dizaine de kilomètres, devait être exécutée par trois corps d'armée.

Au centre, le 20e corps, auquel incombait l'effort principal, devait opérer en direction de Romain, Ventelay, Guyancourt.

A gauche, le 3e corps, laissant une division sur le front de l'Aisne, devait appuyer la gauche du 20e et border l'Aisne au fur et â mesure de l'avance.

A droite, le 5e corps devait franchir la Vesle entre Breuil et Jonchery, s'emparer de Montigny et appuyer le 20e en direction de Bouvancourt.

Plus à droite, le 13e corps, qui bordait la Vesle de part et d'autre de Muizon et ne participait pas à l'attaque, devait néanmoins appuyer avec son artillerie l'action du 5e et se lier au mouvement de celui-ci, sa gauche visant le massif de Saint-Thierry qui a donné son nom à la bataille.

Plus à droite encore, le 1er corps d'armée colonial tenait les avancées de Reims.

30 septembre. L'attaque fut déclenchée le 30; à 5 h. 1/2, et en vue de réaliser une surprise plus complète, il n'y eut pas de préparation préalable d'artillerie.

Précédée d'un barrage roulant très dense, l'infanterie se porta eu avant sur toute la ligne. Au 5e corps, le franchissement de la Vesle sous le feu fut exécuté de la façon la plus remarquable.

Bien que surpris, l'ennemi opposa une très énergique résistance, surtout à Romain et à Montigny; ses défenses furent néanmoins conquises, pied à pied, sur une profondeur de 2.000 mètres.

1er octobre. - Le lendemain 1er octobre, les attaques furent reprises au point du jour. Ebranlé par les coups qui lui avaient été portés la veille, l'ennemi se résigna à céder le terrain et il se replia en combattant dans la direction de l'Aisne et du canal de l'Aisne à la Marne.

2 octobre. - Le lendemain, le mouvement en avant se précipita et, le 2 au soir, il n'y avait plus au sud de l'Aisne et à l'ouest du canal que des arrière-gardes tenant le bois de Gernicourt, Loivre et Courcy, points dont elles étaient chassées le 3.

3 octobre. - Dans la journée du 3, la Ve armée venait border l'Aisne en aval de Berry-au-Bac et le canal depuis cette localité jusqu'à la Neuvillette, au nord-ouest de Reims.

En quatre jours, elle avait capturé 2.500 prisonniers et 30 canons. La première partie de l'opération était terminée et l'armée s'apprêtait à exécuter la seconde lorsque l'ennemi commença à se dérober de Reims à l'Argonne.

Les attaques de la IVe et de la Ve armée avaient donné au front de Champagne la forme d'une vaste poche dont le fond s'étendait du fort de la Pompelle à Auberive, et dont le cours de la Suippe prolongé par celui de l'Arnes à partir de Bétheniville marquait l'entrée.

Se rendant compte du danger que les pressions latérales des IVe et Ve armées faisaient courir aux défenseurs de Nogent-l'Abbesse et du massif de Moronvilliers, l'ennemi, dont la situation générale s'aggravait de jour en jour, se décida à évacuer la poche et se replia d'abord sur la ligne Suippe-Arnes, puis derrière l'Aisne, sur la position Brunehild-Kriemhild.

Le mouvement de retraite commença le 4 octobre devant la IVe armée et, le 5, il s'étendait sur le front de la Ve jusqu'à l'Aisne, à Berry-au-Bac.

 

OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUE ENTRE LA SENSÉE ET L'OISE (27 Septembre. 3 Octobre 1918)

 

Dans sa note du 30 août et dans sa directive du 3 septembre, le maréchal Foch avait prescrit que les armées britanniques, appuyées par la gauche des armées françaises, continueraient à attaquer dans la direction de Cambrai et de Saint-Quentin.

On se rappelle que, le 2 septembre, la Ire armée britannique ayant enfoncé la position Wotan, entre la Sambre et Quéant, le G. Q. G. allemand avait ordonné le repli sur la position Siegfried, depuis la Scarpe jusqu'à la Vesle.

Dans sa partie nord, cette position se couvrait du canal du Nord (La construction de ce canal, commencée peu d'années avant la guerre, n'était pas terminée.), depuis la Sensée jusqu'à la hauteur d'Havrincourt ; elle était ensuite jalonnée par Frescault et Gouzeaucourt, passait entre Epéhy et Vendhuile, courait vers le sud parallèlement au canal de Saint-Quentin, en englobant la banlieue ouest de cette ville, et enfin, recoupant les plateaux entre la Somme et l'Oise, allait s'appuyer à la Fère.

C'est au contact de cette très forte position que nous trouvons, le 26 septembre, les Ire, IIIe et IVe armées britanniques ainsi que la Ire armée française.

La reprise de l'offensive se produisit dès le lendemain.

Tenant compte de la grande difficulté de franchir sous le feu le canal du Nord entre Marquion et la Sensée, en raison du caractère marécageux du terrain, le maréchal Haig a pris le parti de concentrer l'effort des Ire et IIIe armées plus au sud, dans la région de Moeuvres (Moeuvres, à 10 kilomètres ouest de Cambrai), en direction générale de Cambrai. Une fois le passage ouvert, l'attaque se développera en éventail, au fur et à mesure de la progression, de manière à dégager, au nord, les passages du canal et, au sud, la région de Gouzeaucourt.

Lorsque ce dernier résultat sera obtenu, la IVe armée britannique et la Ire armée française, qui jusque-là se seront bornées à menacer et à bombarder les positions ennemies, s'élanceront à leur tour à l'assaut : la première, au nord de St-Quentin ; la seconde, entre Saint-Quentin et l'Oise.

27 septembre. - Le 27 septembre, les Ire et IIIe armées britanniques s'ébranlent. La Ire fait son effort principal par sa droite, entre Marquion et Moeuvres, tandis que la IIIe attaque par sa gauche, entre Moeuvres et Havrincourt.

Ces deux armées, combinant leur action, écrasent la résistance acharnée que les Allemands opposent le long du canal ; Marquion et Sains-les-Marquion sont enlevés.

Plus au sud, elles franchissent le canal, le font passer à leurs tanks par des moyens de fortune, puis partent à l'attaque de Bourlon, le Graincourt et de Flesquières.

Au nord, le mouvement se prolonge jusqu'à Sauchy-Lestrée.

Le soir, les Britanniques ont progressé de 5 kilomètres en direction de Cambrai, après avoir capturé, au cours de la journée, 10.000 prisonniers et 200 canons.

28 septembre. - Le 28, ils reprennent l'attaque en direction de Cambrai et s'emparent d'Epinoy, Sancourt, Raillencourt ; ils entrent dans Marcoing et prennent pied, au sud-est de la ville, dans la boucle du canal de Saint-Quentin. Déjà se dessine l'enveloppement de Cambrai par le nord et par le sud.

Cette avance au delà de Marcoing permet à la droite de la IIIe armée d'enlever Villers-Plouich et Gouzeaucourt.

29 septembre. - Le 29, nouveaux progrès. Au nord, les Britanniques bordent le canal de Saint-Quentin jusqu'en face d'Aubigny-au-Bac et, au centre, ils arrivent jusqu'aux faubourgs de Cambrai.

Le même jour, la IVe armée, dont le flanc gauche est assuré par la possession de Gouzeaucourt, entre en action contre la ligne Hindenburg, depuis Vendhuile jusqu'aux abords nord de Saint-Quentin. Au nord, elle s'empare des hauteurs qui commandent Vendhuile ; au centre, le 2e corps américain (général Read), rattaché à l'armée Rawlinson, enlève dans un superbe élan Bony, Bellicourt et Nauroy.

La 46e division britannique s'empare, de son côté, de Bellenglise, puis de Magny-la-F'osse et, dans cette seule journée, capture 4.000 prisonniers avec 70 canons.

La division d'extrême droite, qui se relie à l'armée Debeney, enlève Thorigny et atteint le Tronquoy.

La bravoure déployée en cette journée du 29 par les Anglais a eu raison de " l'imprenable position Hindenburg ", qui se trouve très fortement entamée.

Devant Saint-Quentin, le 36e corps, qui forme la gauche de notre Ire armée, est resté sur l'expectative et s'est borné, conformément aux ordres reçus, à appuyer de ses feux la droite britannique. Tout conseillait, en effet, au général Debeney de faire tomber Saint-Quentin par enveloppement, en évitant les combats de rues et les destructions qui en auraient été la conséquence.

Au centre, le 31e corps est en face d'Urvillers et de Cerisy ; à droite, le 8e corps surveille le cours de l'Oise.

Dans cette journée du 29, le 31e corps débouche d'Essigny-le-Grand et de Benay, et arrive devant Urvillers, amorçant ainsi l'investissement de Saint-Quentin par le sud.

Dans la soirée de ce même jour, le 15e corps, qui forme réserve en arrière de la gauche de la Ire armée, à la jonction avec la IVe armée anglaise, relève, sur l'ordre du maréchal Foch, les troupes britanniques devant le Fayet et Gricourt.

30 septembre. - Le 30 septembre, la IVe armée britannique gagne encore du terrain sur tout son front, accentuant le débordement de Cambrai par le sud.

De son côté, la Ire armée française enlève Urvillers et menace de plus en plus Saint-Quentin.

1er octobre. - Le 1er octobre, les deux armées attaquent de concert. La IVe armée britannique déborde Cambrai par le nord et par le sud. La Ire armée française arrive en face de Saint-Quentin, qu'elle enveloppe également par le nord et par le sud.

2 octobre. - Devant la menace d'encerclement, qui d'heure en heure devient plus redoutable, les Allemands évacuent cette dernière ville où le 36e corps pénètre dans la journée du 2 octobre, pendant que le général Debeney intensifie la poussée du 15e corps en direction générale de Fontaine-Uterte.

L'offensive franco-britannique marque alors un temps d'arrêt pour permettre l'organisation des communications à travers la zone conquise. La première phase de la bataille est terminée ; la deuxième s'ouvrira dans quelques jours, au bout du délai nécessaire à la préparation d'une nouvelle offensive.

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