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SITUATION GÉNÉRALE AU 1er SEPTEMBRE 1918

Merci à la personne qui nous a transmis ce texte extrait de "La Guerre racontée par nos Généraux", édité par la Librairie Schwarz, en 1921

Texte du Maréchal Fayolle

 

SITUATION GÉNÉRALE AU 1er SEPTEMBRE 1918

 

Au 1er septembre, la situation générale était la suivante :

Au nord, se trouvait l'armée belge, avec un certain nombre d'éléments français. Elle s'étendait de la mer du Nord (Nieuport) à Ypres, face à Dixmude et à Langemark.

Entre Ypres et Chaulnes, étaient les armées anglaises dans l'ordre suivant : IIe, Ve, 1re, IIIe et IVe. Leur front se prolongeait du nord au sud par Neuve-Eglise, l'est de Merville, Givenchy-la Bassée, les abords de Lens, Gavrelle, Croisilles, Combles et les abords de Péronne.

La Ire armée française s'étendait de Licourt (est de Chaulnes) à Catigny (ouest de Guiscard), son centre à Nesle, face à Ham.

La IIIe armée prolongeait le front de la Ire jusqu'à l'Oise, son centre à Noyon, face à Chauny.

A partir de l'Oise, la direction générale du front s'infléchissait vers l'est.

A l'est de Noyon, la Xe armée bordait dans l'ensemble l'Oise et l'Ailette jusqu'à Mont-Saint-Mard, puis sa ligne de bataille se rabattait au sud jusqu'à Soissons, pour suivre ensuite l'Aisne et la Vesle jusqu'à Braisne.

Le front de la Xe armée formait ainsi une double tenaille : à gauche, avec celui de la IIIe armée; à droite, de part et d'autres de Soissons, entre Aisne et Ailette.

Cette heureuse disposition sera habilement exploitée pour les manœuvres ultérieures.

A u sud de la Xe armée, à la suite du rétrécissement résultant de la réduction de la poche de Château-Thierry, la VIe armée n'occupait qu'un front réduit sur la Vesle, de Braisne à Magneux (est de Fismes) ; aussi cette armée ne tardera-t-elle pas à être relevée.

A sa droite était la Ve armée, qui s'étendait de part et d'autre de Reims, de Magneux à Prunay.

Venait ensuite la IVe entre Prunay et l'Aisne. Au delà se formait la Ire armée américaine.

Dans leurs attaques successives de mars (poche de Montdidier), d'avril (poche du Kemmel), de mai (poche de Château-Thierry), de juin (attaque du saillant de Compiègne), de juillet; (attaque du saillant de Reims), les forces allemandes s'étaient épuisées et il n'était plus possible, pour combler les vides, de faire appel aux ressources des fronts extérieurs ; tout ce qui était disponible avait été déjà dérivé du côté du front français.

Il fallut recourir aux mesures extrêmes : diminution des effectifs dans les unités, suppression d'une compagnie dans les bataillons, d'un régiment par division et enfin dissolution d'un certain nombre de divisions.

Le tableau suivant fait nettement ressortir l'affaiblissement graduel des ressources allemandes dans cette dernière partie de la guerre .

Le 21 mars, les Allemands disposaient de 84 divisions en réserve, toutes fraîches et en état de combattre.

Les chiffres s'abaissèrent successivement à :

9 avril : 41 divisions réservées, dont 32 fraîches;

27 mai : 81 divisions réservées, dont 53 fraîches;

15 juillet : 81 divisions réservées, dont 65 fraîches ;

18 juillet : 65 divisions réservées, dont 34 fraîches ;

8 août : 68 divisions réservées, dont 28 fraîches ;

12 septembre : 68 divisions réservées, dont : 14 fraîches ;

1er octobre : 31 divisions réservées, dont 14 fraîches ;

1er novembre : 31 divisions réservées, dont 5 fraîches ;

11 novembre : 17 divisions réservées, dont 2 fraîches.

Du côté des Alliés, au contraire, le nombre des divisions en réserve, en état de combattre, ne devait pas cesser d'aller en augmentant.

Ni les armées anglaises (Ire, IIIe et IVe), ni les armées françaises (Ire, IIIe, Xe et VIe) ne s'arrêtèrent après la réduction des poches de Château-Thierry et de Montdidier ; elles poursuivirent méthodiquement leurs succès et arrivèrent ainsi, vers le milieu de septembre, jusqu'à la position Hindenburg.

Avant de marquer les étapes de leur progression, il y a lieu de s'arrêter un instant sur la constitution de cette fameuse position, et pour cela il est nécessaire de faire un retour en arrière pour retrouver la genèse de ces immenses travaux de repli.

 

LA LIGNE HINDENBURG

 

Le général de Moltke, neveu du Moltke de 1870, avait conduit les armées allemandes à la première bataille de la Marne.

Au lendemain de cette défaite, il avait dû se retirer et remettre au Général Falkenhayn les fonctions de Chef d'Etat-Major Général de l'Armée qui, chez nos adversaires, étaient en fait celles de Commandant en Chef des armées; sous l'autorité suprême de l'Empereur.

Ministre de la guerre en 1914, tenu en haute estime dans les milieux militaires allemands, Falkenhayn professait que rien de décisif ne pourrait être obtenu contre les Russes, parce que ceux-ci " étaient en situation de ne se laisser arrêter par aucun sacrifice de terrain ni d'hommes ".

Investi de la direction des armées, il s'efforça d'orienter selon ses vues la stratégie des Empires Centraux, c'est-à-dire de les déterminer à temporiser sur le front oriental et à rechercher d'abord la décision de la guerre sur le front occidental.

Mais, dès la fin de 1914, et à peine le front était-il stabilisé, qu'il entra en conflit avec Hindenburg, commandant les forces allemandes au front est et Ludendorf, chef d'état-major de ce dernier.

Ces deux hommes, qui, par la victoire de Tannenberg, avaient chassé les Russes de la Prusse orientale, jouissaient alors en Allemagne d'un prestige considérable.

A l'encontre de Falkenhayn, ils étaient d'avis que si la décision ne pouvait être obtenue qu'à l'ouest, elle ne devait être recherchée qu'après avoir abattu l'Armée Russe.

Pendant toute l'année de 1915, il y eut conflit entre la direction suprême et le commandement du front oriental, et c'est seulement lorsque les brillants succès d'Hindenburg-Ludendorf et de Mackensen eurent mis l'armée russe hors de cause pour de long mois, que Falkenhayn put faire prévaloir son point de vue.

C'est dans ces conditions que l'armée allemande s'apprêta à frapper, au début de 1916, un grand coup sur notre front.

Mais, Verdun résista à tous les assauts, et l'armée allemande y subit une usure profonde que la bataille de la Somme vint encore aggraver quelques mois plus tard.

L'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l'Entente vint rendre encore plus précaire la situation des puissances centrales qui connurent alors l'une des périodes les plus critiques de la campagne.

En Allemagne, le gouvernement, les milieux politiques, l'opinion publique exigèrent le remplacement de Falkenhayn par Hindenburg, le glorieux vainqueur de l'est (Deux ans plus tard, les Allemands devaient dire : "Hindenburg est comme le soleil, il se lève à l'est et se couche à l'ouest".), flanqué de Ludendorf qui prit le titre de Premier Quartier-Maître Général (29 août 1916).

Dés qu'ils eurent pris en mains la direction suprême, "les Dioscures", les fils de Jupiter, comme les désignait alors flatteusement la presse allemande, étudièrent la situation sur tous les fronts.

La visite du front de France, les rapports des commandants des troupes engagées à l'époque dans la bataille de la Somme, le tableau des conditions de lutte sur le front ouest, conditions toutes différentes de ce qu'ils avaient vu et vécu pendant deux ans sur le front russe, les impressionnèrent profondément, et encore Ludendorf déclare-t-il dans ses mémoires qu'il n'a pas mesuré alors toute la gravité de la situation.

Bref, ils éprouvèrent une brusque et désagréable surprise. Sans tarder, ils se mirent au travail et élaborèrent un vaste programme portant en gros sur :

la réorganisation du commandement et des grandes unités ;

l'instruction des armées, notamment au point de vue de la défensive ;

le perfectionnement du matériel de combat ;

le développement de l'aviation (on se rappelle que dés le début de la bataille de la Somme, l'aviation allemande avait été complètement dominée par l'aviation alliée) ;

l'exploitation méthodique des ressources de toute nature de l'Empire et des territoires occupés en Belgique, en France et en Russie ;

et enfin, dans le domaine stratégique, la construction, d'après des principes nouveaux, de vastes positions de repli sur lesquels les armées pourraient se rétablir en cas de recul, que celui-ci fût imposé ou ordonné.

Ce programme considérable reçut le nom de " programme Hindenburg ".

Les premières positions de repli furent construites à la fin de 1916 et au cours de l'année 1917. Elles se développaient sur une immense étendue, de la mer du Nord à la Suisse, établies chacune sur une profondeur variant entre 8 et 10 kilomètres (Et elles étaient tracées suivant les cordes des saillants du front, se raccordant parfois entre elles en utilisant certaines parties de ce front.).

Les Allemands leur donnèrent différents noms : Preuss et Bayern Stellung, entre la mer et Lille ; Wotan et Siegfried Stellung entre Lille et Laon, etc.

En arrière du saillant de Saint-Mihiel se trouvait 1a Michel Stellung.

La première ligne de défense passait par Nieuport et Armentières, face à Ypres ;

par la Bassée, Lens, Quéant, entre Arras et Douai ;

par le Catelet, Saint-Quentin, La Fère, face à Péronne et à Noyon ;

elle atteignait l'Ailette à Anizy-le-Château et de là s'infléchissait vers l'est par Craonne et Berry-au-Bac, où elle coupait l'Aisne ;

elle englobait ensuite le massif de Moronvilliers et courait jusqu'à la Meuse par Sommepy et Monfaucon ;

contournant Verdun, elle rejoignait la poche de Saint-Mihiel, pour de là se raccorder avec les défenses avancées de Metz, et descendre, enfin, vers Mulhouse et Bâle.

Pour édifier rapidement ces positions, les Allemands réquisitionnèrent une main-d'œuvre considérable parmi les malheureuses populations de la Belgique et du nord de la France.

Elles furent organisées en tenant compte des enseignements retirés des dernières batailles.

Au cours de nos attaques de la Somme, l'artillerie, qui avait , grandement perfectionné ses mécanismes de tir, avait toujours préparé et accompagné l'action de notre infanterie.

Terrés pendant le bombardement dans des abris creusés à grande profondeur, les fantassins allemands avaient été faits prisonniers avant d'avoir eu le temps de garnir les parapets. Dans les nouvelles positions en construction et sur les parties du front les reliant, parties qui furent progressivement remaniées, les Allemands augmentèrent l'échelonnement des organes de la défense dans le sens de la profondeur.

Chacune des lignes successives du front se présenta comme un réseau dense de tranchées où il devenait difficile de distinguer à la vue directe et même sur les photographies les véritables emplacements de combat.

En outre, pour faire disparaître, sans sacrifier la sécurité, les inconvénients qu'offraient les abris profondément enterrés dans le sol, les Allemands commencèrent à faire un large emploi du béton armé. Abris pour les hommes; emplacements de mitrailleuses et de canons de flanquement à tir rapide furent ainsi établis sous de grosses épaisseurs de béton, de façon qu'aussitôt notre bombardement terminé, ou le barrage roulant passé, chacun pût gagner rapidement son poste de combat.

La partie la plus forte de ces positions de repli s'étendait de Lille à l'Aisne, couvrant ainsi Douai, Cambrai, Guise et Laon ; elle comprenait les positions Wotan et Siegfried.

C'est cet ensemble que nous avons appelé en France la ligne Hindenburg.

On se rappelle qu'au printemps de 1917, les Allemands se replièrent sur la ligne Siegfried, après avoir détruit toutes les localités, empoisonné les puits, coupé les arbres fruitiers, etc.

C'est de là qu'ils partirent pour les offensives du printemps de 1918 qui déterminèrent les poches de Montdidier et de Château-Thierry.

A la fin de 1917 et en 1918, les Allemands étudièrent et préparèrent la construction d'autres positions de repli en arrière de la première, entre la mer du Nord et Verdun. Ces positions portèrent, les noms suivants :

position de la Lys, entre la frontière hollandaise et l'Escaut;

position Hermann, entre l'Escaut. et l'Oise ;

position Hunding-Brunehild, entre l'Oise et la région de Vouziers ;

position Kriemhild, entre Vouziers et les Hauts de Meuse, au sud de Damvillers.

Mais un certain nombre de sections de ces positions furent seules construites et équipées ; à l'époque où les armées allemandes durent y chercher un refuge, c'est-à-dire en octobre 1918, elles n'étaient pas complètement achevées. La position de la Lys fut doublée par une position Gand-Hermann qui suivait la rive droite de l'Escaut jusqu'à Gand, et, se dirigeant ensuite vers le nord, allait appuyer son extrême droite à la frontière hollandaise.

Lorsqu'à l'automne de 1918, l'évacuation du nord de la France et de la Belgique s'annonça comme inévitable, le G. Q. allemand fit étudier et ébaucher deux nouvelles grandes lignes de repli.

La première, dite position Anvers-Meuse, fut tracée à l'ouest d'Anvers, de Bruxelles et de Nivelles ; elle atteignait la Sambre à Charleroi et se dirigeait en ligne droite vers Givet ; elle bordait ensuite la rive droite de la Meuse jusqu'au nord de Verdun.

La seconde, dite position frontière (Grenz Stellung), appuyait sa droite à la Hollande, à l'ouest d'Aix-la-Chapelle, puis suivait la frontière entre la Belgique et la Prusse rhénane ; elle se divisait ensuite en deux branches englobant le Luxembourg et se rejoignant vers Audun-le-Roman ; à partir de ce point, elle se confondait avec la position de la Moselle, appuyée aux deux places fortes de Metz et de Thionville.

Toutes ces positions, les unes complètement terminées, les autres simplement ébauchées, étaient reliées par des "bretelles", c'est-à-dire par des positions obliques destinées à compartimenter le terrain et à localiser ainsi les avances de l'ennemi.

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